29 Juin
Ce triste samedi pluvieux à Mourmansk, nous attendons la visite de Victor Boyarsky. Grand ami de Jean-Louis Etienne, il part demain sur le brise-glace Yamal pour assister à la récupération de notre expéditeur français et de sa capsule dérivante sur la côte Est du Groenland. Il y a 10 ans, ils traversaient ensemble le continent Antarctique dans l'expédition Transantarctica. Aujourd'hui, Victor dirige le musée polaire de Saint-Pétersbourg, et son agence VICAAR se spécialise dans la logistique d'expéditions. C'est lui qui nous a obtenu des visas et nous sommes heureux de le voir enfin en chair et en os, à bord de Vagabond… Mais un peu en coup de vent puisqu'il débarque tout droit du Kilimandjaro pour embarquer sur le brise glace nucléaire ! Nous le découvrons plus homme d'action que business man, volontaire, chaleureux et enthousiaste. Il semble apprécier notre bateau, et nous aussi, apprécions la rencontre. Il sera plus facile de continuer à travailler avec lui après ce vrai contact.
Un peu plus tard, nous nous faisons interpeller de la rambarde du ponton. Jelena et Sacha parlent un très bon français et à leur mine sympathique, nous les suivons boire un verre. Ils sont tous les deux d'ici mais Sacha, pour un stage de médecine, a passé du temps à l'Institut Pasteur auprès du professeur Montagné. Jelena, journaliste pour la Barents Press ainsi qu'en free lance, trouve déjà une idée pour se rendre utile dès le lendemain : un haut responsable de l'administration des gardes côtes sera présent lors d'une conférence de presse. Elle propose à Eric de se présenter et de demander publiquement à cet éminent personnage son avis sur l'obtention des autorisations que nous attendons. L'opinion populaire étant déjà acquise, voilà un moyen inattendu de faire un peu pression !
La nuit se prolonge, agréable, chez eux, à échanger nos expériences tout en regardant des photos… Et en buvant du champagne russe !
Quelques très courtes heures plus tard, Karen, Eric et moi retrouvons Jelena pour cette conférence de presse. Nous fermons la bouche pour ne pas trahir notre nationalité et passer l'air de rien, mais quel désappointement : après une heure d'attente sous un abris à pluie, la douzaine de journalistes réunis apprend que la conférence n'aura pas lieu ! Un chargé de logistique, parapluie à poste, dicte son court communiqué à l'assemblée agacée. Jeléna, déçue, nous apprend que c'est monnaie courante, surtout lorsqu'il s'agit d'autorités militaires. Ordres, contre ordres… Ceci pour illustrer la rude vie du journaliste russe !