Respirer sous la banquise
Seul au milieu du fjord, sur une banquise de trente centimètres d'épaisseur, alors que je remonte la bathysonde vers la surface, j'entends soudain un souffle, puissant, tout proche. Je cherche en vain, la glace est parfaitement lisse autour de moi, sur des kilomètres carrés, pas une aspérité qui pourrait dissimuler un animal. J'aperçois alors un petit dôme lisse, percé en son sommet : un phoque est venu reprendre son souffle par ce trou qu'il entretient, et qu'il parvient à retrouver sous la glace je ne sais trop comment. Ces trous sont nombreux dans les environs de Vagabond. Malgré un décor qui semble figé par le froid, il y a beaucoup de vie sous la glace ! Un phoque est même venu respirer à l'arrière du bateau, dans le trou entretenu par l'eau que rejette le moteur. En l'absence de vent, n'importe où sur la banquise, il suffit d'attendre quelques minutes pour entendre un souffle. On se sent alors moins seul, presque observé.