Cache cache
Il fait vraiment nuit ce midi, lorsque je pars pour les mesures scientifiques. La lune est couchée pour huit jours, le soleil est au plus bas sous l'horizon (le solstice d'hiver est dans deux jours), et surtout, le ciel est couvert. De plus, il neige et il vente, la visibilité est donc très réduite. Pour une fois, je dois conserver ma lampe frontale allumée pendant les cinq heures de manip. Mais par chance, je distingue encore mes traces des précédents relevés. En fait, je n'ai encore jamais eu besoin de GPS pour m'orienter à travers le fjord. Passée l'excitation du départ, la chienne Bella semble elle aussi plongée dans ses pensées, jusqu'à la découverte de traces d'ours, assez récentes. Difficile à dire avec la neige qui tombe. L'animal a rejoint la "piste", et nous précède. Bella renifle la neige activement. Le petit traîneau me paraît un peu loin derrière, je décide de garder le fusil sur moi, même si j'utiliserais d'abord le pistolet d'alarme si besoin. Les traces sont par moment très bien marquées, ce n'est pas un ours énorme, mais déjà de belle taille. Auparavant, j'avais plusieurs fois observé des traces de renards, eux aussi attirés par cette "piste" étrange qui traverse le fjord. Finalement, quatre kilomètres plus loin, nous atteignons l'iceberg à côté duquel je fais les relevés hydrographiques deux ou trois fois par semaine. L'ours en a fait le tour, il est peut-être en train de faire une sieste derrière, nous n'irons pas vérifier. Au retour, je devine à peine le feu en tête de mât de Vagabond, il scintille entre les flocons.