Chronique d'une débâcle
2 juillet : envoi du ballon solaire en fin de journée, mais des nuages inattendus entraînent une descente rapide du ballon et de l'appareil photo !
3 juillet : le vent est trop fort pour aller au milieu du fjord. Mais la cuisine se fait toujours en plein air, à l'arrière du bateau, ce qui est très agréable. Le poêle, sur lequel nous cuisinons la plupart du temps, est en effet éteint pendant les "chaudes" journées de l'été.
4 juillet : avec l'aide d'un chien, d'une combinaison étanche et d'un kayak, je parviens à la position de la bathysonde, installée fin avril au milieu du fjord. Mais le vent fort de la veille a changé le décor, la débâcle vient tout juste de commencer. Je cherche l'instrument à la dérive dans les glaces, il contient toutes les mesures depuis fin avril... J'abandonne au bout de quelques heures, dépité.
5 juillet : un grand morceau de banquise, qui abrite Vagabond depuis début octobre 2011, se décroche de la côte et dérive sur 500 mètres. L'ancre du bateau dérape, alors nous tentons de récupérer un peu de chaîne à chaque fois que la tension diminue. 25 mètres sur 60 sont ainsi repris progressivement. Le pont se retrouve soudainement très encombré par tout nos équipements qui étaient encore sur la banquise.
6 juillet : premier débarquement à terre en annexe. L'embarcation est tractée sur la glace jusqu'à l'eau libre qui nous sépare maintenant de la berge. La majorité de l'immense fjord du Cap Sud est désormais navigable. Un gros phoque barbu s'est installé non loin de Vagabond. En fin de journée, pendant quatre heures, j'arpente la région en annexe à la recherche de la bathysonde égarée. En vain.
7 juillet : à 20h, l'ancre est finalement relevée, intacte.
8 juillet : la dérive au gré des vents et des courants de marées se poursuit, nous sommes toujours prisonniers de notre banquise, qui reprend provisoirement sa position initiale !
9 juillet : à son tour, la banquise autour du bateau cède à la fonte et se désagrège, Vagabond est en eau libre à 11h ! Mais très peu de temps après, les glaces dérivantes le poussent sur des hauts fonds, la coque racle, le bateau gîte de plus de vingt degrés. France et moi sommes inquiets mais les filles rigolent et font du toboggan sur le plancher très incliné ! Le bateau se redresse enfin, il est temps de faire un grand rangement à bord et de finir de transformer notre refuge en navire. Les deux chiens embarquent à leur tour, peu rassurés mais contents d'être au sec. Les recherches de la bathysonde se poursuivent désormais avec Vagabond.
10 juillet, 1h du matin : depuis le nid de pie, entre de nombreux petits icebergs, j'aperçois avec les jumelles les bouées rouge et blanche qui soutiennent le précieux instrument. Il est repêché intact à cinq kilomètres de sa position initiale. Quelle chance !