On a marché sur l'île de glace !
Une fine couche de neige souligne dorénavant les reliefs. Tandis que Vagabond double l'île Littleton, nous apercevons la station météo, remise à neuf deux ans auparavant (voir les données météo en direct). Nous tâcherons de débarquer sur l'île au retour. Pour le moment, c'est une quête un peu spéciale qui commence dans le détroit de Smith.
Guidés par les instructions et l'enthousiasme des scientifiques qui observent minutieusement les glaces polaires qui dérivent vers le sud par le détroit de Nares (entre Canada et Groenland), nous mettons le cap sur la dernière position connue de PII-2012-A-1. Sans oublier de faire en chemin une série de CTD en traversant le détroit de Smith. Dérivant à plus de un kilomètre par heure, plus grosse que Pim, l’ile voisine, PII-2012-A-1 est un énorme morceau (95km2) du glacier Petermann (nord-ouest du Groenland), détaché en 2012 et dérivant depuis au gré des courants et des vents lorsque la mer est dégelée. Le pack devient plus dense lorsque enfin nous distinguons cette immense étendue vallonnée, haute de trois à dix mètres au dessus de l'eau, très différente des banquises et icebergs habituels. Sous le vent de l'île, une baie libre de glace s'est formée; un ours nageant nous accueille, nous prenons le temps de l'observer. Peu après, Vagabond est amarré à l'île de glace, et un autre ours curieux vient musarder et tâter notre amarre ! Nous pouvons l'admirer en contre plongée de longs moments. L'ours s'installe pour une sieste à quelques centaines de mètres, mais ne semble pas intéressé par l'équipe qui débarque (embarque ?) plusieurs fois sur le glacier dérivant, curieux de découvrir un terrain si insolite. Le glaciomètre (EM31) fait partie d'une de nos excursions, saura-t-il nous informer sur son épaisseur ? Avec l'étrave au contact de ce rempart de glace, nous passons une nuit parfaitement tranquille, tout en dérivant vers le sud. Nous parcourons ainsi plus de 20 kilomètres ! Un appareil photo est ensuite installé en haut du mât pour faire une photo toutes les dix secondes, tandis que nous faisons le tour le l'île à une distance constante de cent mètres. Chaque détail de son flanc, que nous découvrons sans lassitude, est ainsi immortalisé. Parvenus à son point le plus nord, nous sommes faces à un pack de glace qui nous oblige à obliquer vers la côte canadienne.