Prisonnier volontaire
Ça y est! La banquise est là. Le silence a pris la place du clapot. Le calme celui de la houle. Le bleu est devenu blanc.
Cette fois, le bateau pointe dans la bonne direction: plein Nord. La glace s'épaissit peu à peu. Les jours sans vent, j'aime m'asseoir dehors pour écouter le silence. J'entends les phoques gratter sous la glace. Un chien aboyer dans le lointain village. Mon cœur qui bat dans mes oreilles.
Il y a quelques jours, je me suis laissé tenté par l'expérience émouvante de passer les deux jambes par dessus le bastingage. Descendre les marches. Poser un pied sur la jeune banquise. Puis l'autre. Lâcher les mains... Ça tient!
La glace a maintenant atteint une vingtaine de centimètres. J'y ai posé l'annexe et installé l'échelle. Mon petit domaine s'est agrandi et c'est timidement que je commence à explorer le plus grand jardin de la baie.
Bientôt, je devrai pouvoir traverser à pied les trois kilomètres du fjord et y rejoindre mes voisins, après plus de deux semaines à profiter seul du spectacle qui m'entoure.