Géologie dans Gardar, opus III
C'est très tôt en saison que cette année, nous accueillons Laurent Geoffroy pour la troisième et dernière année de sa recherche sur Gardar. Les dykes géants de cette région vont ils livrer leurs secrets ?
Nous travaillons toujours dans une échelle de temps... incommensurable. D'ailleurs, cette question revient tous les jours de son court séjour. Petits déjeuners ponctués de schémas, où l'on voit la naissance de l'univers il y a 14000 millions d'années, du système solaire voilà 4500 millions d'années, l'apparition des roches que nous foulons ici, dans la région de Gardar il y a 1500 millions d'années... et l'apparition de l'homme tout récemment, il y a juste 0,3 millions d'années. Vertigineux. De quoi mettre en perspective notre présence sur terre, homo sapiens pensant, seul être vivant capable de questionner le passé et l'avenir.
Pour remonter le temps il faut prendre de la distance. Cette année Laurent affrète une journée d'hélicoptère afin d'observer de haut différents sites, mais aussi de se poser sur des massifs proches de glaciers inaccessibles en bateau, afin de découvrir de nouveaux dykes, magnifiques filons de magma, de noter leurs positions et orientations et d'ajouter ainsi des pièces à l'énigme de la tectonique des plaques dans cet endroit du monde.
A une échelle plus terre à terre nous avons moins de chance : une bonne tempête de deux jours cloue Vagabond à quai, occasion d'arpenter la vallée glacière au nord de Narsarsuaq et d'y faire de belles découvertes pour Laurent. Mais une pluie glaciale ne laissera que peu de répits durant sa semaine au Groenland. Nous enchaînons néanmoins les sites d'observation, carnet et boussole en main pour Laurent.
A bord, toujours prêt à questionner en profondeur et à immortaliser de son objectif, Pierre Petit, réalisateur, construit un documentaire sur cette recherche; c'est un autre challenge que de donner à voir ce qu'il est plus simple à expliquer en mots qu'en images ! Sa caméra ne remonte pas le temps... En montagnard tout terrain il s'adapte à la situation et patiemment il ébauche, traque et capture la lumière lorsqu'elle lui semble parlante.