Post mission, le retour en famille
Aurore, Léonie, Eric et moi nous octroyons une petite semaine pour flâner ou explorer, avant de nous élancer à travers l'océan de retour vers la Bretagne.
Dans la petite baie de Kilagtoq non loin de Qaqortoq, Eric emmène Aurore plonger près d'un iceberg !
Cap à l'est, nous repassons par Qaqortoq puis en route vers des sources d'eau chaudes d'Uunartoq ! On y resterait des heures. Plusieurs familles groenlandaises y débarquent avec leurs pique-niques, c'est l'escale récréative locale.
Nous découvrons ensuite Nanortaliq et ses environs sous un soleil de rêve avant d'aller nous abriter loin du gros du coup de vent annoncé. Les nuages dramatiques sur fond de pics alpins donnent l'ambiance et on est heureux d'entrer par la petite passe dans la large baie du minuscule village de Tasiusaq.
Cependant le vent y tricote ses sillons de bourrasques et notre ancre semble ne jamais plus accrocher ! Nous remouillons au moins quatre fois, la nuit tombe et le GPS trace nos hasardeux trajets de dérive, ancre pendante au bout de 60 mètres de chaîne... Au petit matin, alors que l'ancre tient finalement depuis quelques heures, le tableau arrière de Vagabond à quelques mètres de la roche, nous avons le loisir d’apprécier la proche visite de moutons curieux ! Lorsque le sondeur indique moins d'un mètre sous la coque, nous repartons, chaîne pendante... Nous aurons vécu au final 24h de dérapages dans cette baie avant que le calme ne revienne et que l'on se croit sur un lac-miroir. Nous pouvons enfin aller nous dégourdir les jambes, sereins, vers le grand lac Tasersuaq au fond de la vallée.
Avant d'atteindre Aappilattoq dans le dédale du long passage du prince Christian et ses falaises démesurées, nous mouillons au détour d'un croisement de fjords le temps d'un bivouac, moelleusement installés chacun sur son matelas de mousse, le nez aux étoiles et aux aurores boréales.
Aappilattoq et sa minuscule niche d'eau paisible bien abritée de hautes murailles accueille finalement trois voiliers ! On s'amarre au quai deux fois plus court que Vagabond, paisible... Après avoir arpenté le petit village bien enclavé, au son d'un accordéoniste tranquille sur le pas de sa porte, nous prenons le temps d'explorer les fenêtres météo pour traverser l'Atlantique et sans tarder plus, repartons vers la sortie du Prins Christian Sund. S'y trouve une ancienne station météo, automatisée et désertée, surplombant le large. Vue imprenable, nous indiquant qu'il est temps d'y aller !
Le 1er août au soir nous larguons les amarres pour l'Irlande. Vu le vent portant nous avons bien failli arriver en huit jours ! Mais de conditions musclées à très musclées, la traversée fut ponctuée par deux points à aller chercher plus au nord, recommandés par notre ami routeur Christian Dumard, afin d'échapper au pire... la tempête nous a quand même rattrapé : à 24h de l'Irlande, les nuages noirs d'une queue de dépression devenue trop active a eu raison de notre grand voile, déchiquetée ! Il faut dire qu'avec l'anémomètre bloqué entre 50 et jusqu'à 65 nœud, nous avons passé 8h en mode plutôt "survie" ! Mais notre fidèle Vagabond est costaud. Plus que mes bras tétanisés de crampes à la barre... Nous avons battu tous les records de vitesse de Vagabond : nombreux surfs à 11, puis un mémorable à 13 nœuds !!! Sportif mais productif.
