En Août 2015, l'équipe de plongeurs scientifiques du groupe de cartographie de l'habitat marin de l'Université Memorial a recueillies des clams (palourdes, sous-espèce Mya) autour de Qikiqtarjuaq, afin d'obtenir des informations sur leurs tailles, leurs âges et leurs capacités de reproduction. Les clams adultes peuvent être prélevées sur le fond marin à la main, mais les jeunes (appelées "naissains") peuvent être difficiles à voir et encore plus difficiles à ramasser! Pour échantillonner ces larves, nous avons installé des pièges à naissains, en cinq endroits dans la région, par groupe de trois, à récupérer à différents moments de l'année suivante. Il se trouve que les naissains aiment s'installer sur du gazon artificiel, donc nous avons planté sur le fond marin des tapis de gazon artificiel de 50x50cm dans l'espoir d'attirer des naissains, et afin qu'ils puissent être facilement recueillies.

Après 7-8 mois Eric et son assistant ont effectué des plongées sous la glace dans les eaux glaciales pour récupérer la première série de pièges, qui ont ensuite été congelés pour le stockage. Ce fut un travail extrêmement difficile, mais l'équipe d'Eric a réussi à plonger à chacun des cinq sites et à récupérer sur le fond marin les tapis de gazon. Nous prévoyons d'apporter ces pièges congelés au laboratoire pour voir si des naissains sont présents, et le cas échéant, les compter et les identifier. Nous prévoyons de faire une autre récupération de pièges plus tard dans l'année, afin de constater les différences d'une saison à l'autre, car les clams fraient généralement en été. Il y a peu de connaissances sur le cycle de vie et la population de clams dans cette région; grâce à ce travail, nous espérons acquérir une certaine compréhension des domaines sur lesquels les naissains aiment s'installer, et combien s'installent à un moment donné. Cela fait partie d'un projet plus vaste visant à évaluer la population de clams autour de Qikiqtarjuaq et à cartographier le meilleur habitat de clams dans la région. Ce travail participe à l'évaluation en cours sur la pêche aux clams autour de Qikiqtarjuaq, menée par le département de la pêche du gouvernement du Nunavut, en partenariat avec le groupe de cartographie de l'habitat marin de l'Université Memorial de Terre-Neuve.

Ben Misiuk, doctorant

Université Memorial de Terre-Neuve

Récupérer des pièges à bébés clams semés avec précision par 7 à 17 mètres de fond nous a permis, Eric et moi, de partager 5 fois 2 jours entre le dessus et le dessous de la banquise.

5 fois 2 jours variés. Et pour cause, les manips se sont étalées entre début mars où le froid attaque et fin avril où un printemps précoce s'installa.

Le premier trou de plongée nous pris la demi journée : 12 perforations à la tarière dans une banquise épaisse délimitant le trou, puis le bloc du milieu à casser en morceaux raisonnables; en tout près d'une tonne de glace déplacée à la pelle, au tuk ou à l’écumoire !

Un mois plus tard c'est dans la slush que nous installons le trou de plongée. Situé à proximité d'un fort courant, la glace rongée par dessous est fine et la neige qui pèse sur la banquise est inondée d'eau de mer. Nous installons donc la petite tente sur de la neige tassée au mieux, mais autour du trou, une vingtaine de cm d'eau inondent la glace vive. On croit marcher sur l'eau, la sensation de passer au travers n'est pas loin...

Le rituel est le même chaque deuxième jour. Qu'il neige qu'il vente la tente est montée, le réchaud allumé pour réchauffer matériel et plongeur. La ligne de vie, le filet, les outils sont préparés, ainsi que la Go-Pro sur son trépied que Eric installera au fond de la mer. Puis vient le harnachement du plongeur, sa sortie précautionneuse par la petite porte avant sa mise à l'eau. La ligne de vie nous relie, je sens chacun de ses mouvements au bout du fil tendu, prête à le ramener à la moindre alarme.

La plongée, c'est un travail d'équipe où chaque geste compte pour que la confiance soit totale et la sécurité optimale : un seul petit trou entre deux mondes dont un sans air !

Après deux années de mesures de l'épaisseur de la glace très réussie au nord de Qikiqtarjuaq, je suis content que nous ayons trouvé une occasion cette année pour visiter enfin les régions au sud de Qikiqtarjuaq, près de l'île Padloping, rassemblant ainsi des informations dans toutes les directions à partir de Qikiqtarjuaq. En collaboration avec Jay et Eric nous avons apprécié quatre jours remarquables: excellente compagnie, beaux paysages et bonne météo, et les plus étonnantes observations d'ours polaires. Déguster des fulmars et de la morue étaient quelques autres points forts de ce voyage inoubliable, tout comme l'excellente qualité des données et la documentation des régions de glace mince et de slush le long des 440 km parcourus. Merci à Jay pour ses conseils utiles, et à France et Eric pour leur hospitalité!

Chaque année depuis 2011, j'attends avec impatience l'arrivée de notre collègue et ami Christian Haas, pour arpenter ensemble la banquise de la région. C'est le moment fort de l'année, dans notre collaboration sur l'étude de la banquise. Ce dernier périple de quatre jours fût à la hauteur de nos espoirs : de belles données sur la variabilité de l'épaisseur de la glace, une escale étonnante à la station scientifique automatique installée sur l'île de glace voisine (un immense iceberg), des paysages somptueux, une dizaine d'ours rencontrés au fil des 450 kilomètres parcourus, une pêche miraculeuse à la morue, une dégustation de Fulmar, beaucoup de neige mais pas trop de slush... un fantastique voyage partagé une fois de plus avec notre ami inuit Jaypootie.

Marzena et Mojtaba sont des étudiants de doctorat à l'Université York à Toronto. Ils sont venus ici à Qikiqtarjuaq pour en apprendre davantage sur les mesures de glace de mer et de neige. J'ai été enthousiaste lorsque leur superviseur Christian Haas m'a demandé si je pouvais les accueillir pour une semaine de travail sur le terrain. Nous avons eu des conditions météorologiques très variées, je les ai guidé vers des zones de banquise épaisse et de neige faible, ainsi que vers des zones de glace mince et de neige épaisse, et même dans des endroits très "slushy" (mélange de neige et d'eau). Ils sont satisfaits de leurs mesures, et j'ai eu plaisir à leur montrer toutes sortes de trucs pour rendre le travail efficace et agréable sur la banquise.

Aujourd'hui est arrivé un avion charter rempli d'équipement pour GreenEdge. La deuxième campagne de mesures est sur le point de commencer, pour étudier le bloom phytoplanctonique printanier (efflorescence algale). Vous pouvez suivre le déroulement de ce gros projet scientifique sur le blog des expéditions GreenEdge.