Changement d'équipage

Louis est arrivé hier midi, avec nos amis pilotes Georges et Sophie, à bord du petit Pilatus chargé de vivres et d'équipements divers. Leur vol depuis Montréal était superbe ! Après une joyeuse soirée à bord et quelques heures pour passer toutes les consignes à Louis, nous lui confions Vagabond et les protocoles scientifiques pour 4 mois. La banquise est sur le point d'immobiliser notre bateau. Il y a eu beaucoup d'hésitations quant au mouillage idéal : un bon abri, pas trop proche de la berge, dans une vingtaine de mètres de profondeur maximum, pas trop loin ni trop près du village... L'hivernage se prolongera jusqu'à la débâcle, en juillet 2020 !

L'album photo de l'hivernage 2019-2020 sera mis à jour régulièrement.


Ours et quotas

  • Arctic Bay 1030 habitants

Réunion publique hier soir, organisée par l'association des chasseurs dans la salle communautaire d'Arctic Bay. Le quota pour la saison 2019-2020 est de 24 ours, moitié mâles et moitié femelles. 9 ont déjà été tués pour se défendre lors des derniers mois, dont deux oursons qui comptent pour moitié. Il reste donc un quota de 16 pour la communauté. Il a été voté à deux voix près que les 5 pourvoyeurs du village ne pourront organiser qu'une seule chasse sportive chacun, au lieu de deux habituellement. Ces chasses sportives se font obligatoirement en traîneau à chiens et sont réservées à des clients étrangers qui déboursent trente mille dollars en moyenne pour un trophée. Des 11 tags restants, il a été décidé que 5 pourront être chassés à partir de minuit hier soir ! Peu après la réunion, les premiers bateaux quittaient la baie... Quant aux 6 tags restants, une réunion déterminera le 28 février 2020 s'ils seront tirés au sort ou bien laissés aux 6 premières chasses fructueuses, comme cet automne. Les peaux d'ours se vendent environ 400$ le mètre. La viande est consommée par la communauté.


Ecole

  • Classe Aurore grade 5 Arctic Bay 2019-2020
  • Classe Leonie grade 8 Arctic Bay 2019-2020

L'école ici, à Arctic Bay, c'est... bruyant! Ce n'est pas très discipliné et, surtout le matin, je n'ai à grand chose à faire car je suis presque la seule à travailler et ce n'est pas le même niveau, à peine la moyenne en France (du moins je pense...). Le matin, on travaille en anglais les maths, la science et l'anglais lui même; et l'après-midi c'est en inuktitut qu'on travaille l'histoire, la santé et l'inuktitut. Nous faisons aussi du sport trois fois par semaine et une demi-heure de classe culturelle où nous pouvons coudre ou faire différentes choses en perles. De mon côté, j'ai déjà fait deux bracelets et je me lance dans des gants en peau de phoque pour lesquels je n'ai que l'extérieur à coudre car j'ai trouvé un intérieur déjà cousu.

Il n'y a pas beaucoup d'élèves, surtout pour moi qui reviens d'une classe de 39 en Équateur. Le matin, ça tourne autour de 10 élèves, et l'après-midi, plus autour de 13 car certains dorment le matin mais viennent quand même l'après-midi. C'est assez équilibré entre filles et garçons. C'est vrai que j'ai déjà une petite idée de ce que je voudrais faire plus tard : biologiste spécialisée dans le réchauffement climatique. Eux, je ne suis pas sûre qu'ils aient beaucoup d'idées. Nous connaissons la famille de Horizon (une de mes camarades) et je sais que sa mère voudrait qu'elle ait son propre attelage (là, j'avoue que je suis presque jalouse...). Sinon, en sport, c'est souvent des jeux, mais je n'y participe pas souvent car j'ai du mal à les comprendre et eux à m'expliquer. Je fais ce que je peux pour travailler mon école française à bord de Vagabond, mais je n'ai pas reçu beaucoup de travail...


Chasse au phoque

  • Tom et Eric partent chasser le phoque
  • Barque brise-glace Adams Sound

Hier, Tom m’a proposé de l’accompagner, il a besoin de viande de phoque pour nourrir son attelage de chiens. Eux aussi attendent la banquise avec impatience pour se dégourdir les pattes ! Bien emmitouflés dans nos parkas, nous remontons le fjord Adams Sound à près de 40 nœuds. L’eau est lisse comme un miroir, il neige et nous plissons les yeux pour scruter la surface à la recherche d’un museau qui pointerait son nez pour respirer. Là, Tom en voit un, il arrête net son bateau, coupe les moteurs, et attend que l’animal refasse surface… Dix minutes, le voilà ! Il tire trop haut, le phoque plonge. Nous attendons à nouveau, Tom tire mais le rate encore. Au bout de 4 essais, il rigole en surnommant sa cible « le phoque magique », et il décide d’aller voir vers le fond du fjord. La banquise a commencé à se former, mais à ma grande surprise, sourire aux lèvres, Tom ne ralenti pas : sa barque, lancée à vive allure, vient se frayer un chemin en cassant les 3 ou 4 cm de glace. Spectaculaire ! Ca et là, on aperçoit des trous de respirations fait par quelques phoques, bien visibles sur cette jeune banquise sans neige. Tom m’explique qu’il est plus facile de chasser quand la mer devient épaisse, juste avant de geler, car il n’y a presque plus de houle et que le bateau est alors très stable pour viser.


Etudier la croissance de la coralline

  • Echantillons coralline et capteurs prets au deploiement
  • Pano Arctic Bay equinoxe

Déjà un mois que nous sommes arrivés à Arctic Bay. Aurore et Léonie ont pris leurs marques à l'école Inuujaq, et nous faisons connaissance peu à peu avec cette communauté de 1030 personnes, très accueillante. La préparation du programme scientifique nous a largement occupés depuis le 14 septembre, avec Jessica Gould qui vient de repartir ce matin pour son université à Boston.

Donc ça y est, 142 échantillons de coralline ont retrouvé leur habitat, à 15m de profondeur, à 2km du village. Les premières plongées ont été un réel soulagement, j'ai trouver suffisamment de beaux morceaux de coralline en 4 petites plongées. Ensuite, il a fallu les choisir, les nettoyer, retailler les plus gros, les tremper pendant 48h dans un bain coloré pour marquer le début de l'étude, les coller sur leurs petits supports, les peser avec précision, les photographier, et enfin les installer par groupe de 10 sur des plaques équipées de capteurs de lumière, température, pH et salinité. Finalement, le 28 septembre, en une longue plongée de 50 minutes, j'ai planté les 19 piquets dans le sol marin, et placé autant de plaques d'échantillons de coralline et capteurs. L'étude de la croissance de cette algue si spéciale commençait.