APECS

Participation à la rencontre "Le chemin vers des activités scientifiques responsables" organisée par l'APECS, l'association des scientifiques polaires en début de carrière.


Retour vers Saint-Pierre et Miquelon

  • 1230 Vagabond a Nuuk©EB
  • 0942 Vagabond traverse la mer du Labrodor©France Pinczon du Sel
  • 1900 Vagabond St Johns
  • 1159 Rencontres pendant escale a Saint-Jean de Terre-Neuve©EB

Arrivés à Nuuk à 18h avec les photographes le 6 septembre, Eric et moi repartons vers Saint-Pierre dès 15h le lendemain : on ne laisse pas passer un créneau favorable pour gagner du sud.

Il porte, le vent, et avec vigueur : dès la sortie des îles, la houle formée balance notre coque sans ménagements. Pointes à 8 nœuds, mais les estomacs ne sont pas à la fête et le repos difficile. En deux jours nous prenons une belle avance. Le troisième, repas et repos, nous revivons. Eric et moi nous relayons tranquillement pendant 48h de calme égaillées par la visite de nombreux dauphins et par des voûtes célestes scintillantes, où filent autant d’étoiles que de satellites.

Les côtes de Terre-Neuve se dessinent enfin au loin, puis le vent revient, mais de face. Le cyclone Lee est annoncé, notre créneau météo s'en trouve serré. Nous forçons les moteurs en espérant passer, mais le résultat n’est pas brillant : les impuretés du gasoil bien brassé encrassent les filtres et font caler à répétition les moteurs. Vers minuit par vent et houle de face, dans une brume poisseuse, l’entrée du port de Saint-Jean nous fait de l’œil. Elle est déjà presque derrière nous lorsque nous décidons d’opter pour repos et sécurité, alors notre sillage marque un tournant à plus de 90° qui nous offre l’abri.

L’escale tombe en fin de semaine, nous avons donc la chance de pouvoir effectuer un véritable pèlerinage dans les bars à cessions irlandaises où nous avons joué avec les Celtic Cods l’automne dernier !

Après un dernière étape de 36 heures nous retrouvons enfin Léonie et Aurore sur le quai de Saint Pierre !


Séjour photo

  • 0940 Baleine Ilulissat©EB
  • 1518 Retour a bord de Vagabond en annexe©Marc Querol
  • 1657 Stage photo avec Christian Morel©EB
  • 0941 Amarres a terre Uiffaap Qeqertanngui©EB

Dans le port encombré d’Ilulissat Vagabond trouve asile à couple de la Louise et c’est toujours un plaisir de retrouver son capitaine, Thierry Dubois.

En quelques heures, nous passons de la science à la photo : trois grenoblois, Ludivine, Marc et Christian rejoignent notre Christian Morel, animateur de ce séjour photo, et de Saint-Pierre nous arrivent Jessica accompagnée d’Amaury, son fiston de 8 ans aussi vif que perspicace et attentif !

Bien sûr le site de départ met la barre haute : les baleines ne manquent pas d’ajouter à la magie de l’imposant front de glaces. Cependant l’idée étant de redescendre vers Nuuk, il faut bien quitter ce décor pour retrouver les îlots et villages éparpillés le long de la côte.

La météo n’est pas idyllique. Il faudra ajuster vitesse et escales en fonction des coups de vents, savoir apprécier les nuances de gris et capter les instants lumineux. La nuit nous offre tout de même une magnifique pleine lune dite bleue (en fait rouge) et quelques aurores boréales. Les navigations de nuit, indispensables pour parcourir la distance dans le temps imparti, se font par quarts de deux, ce qui permet de bons moments de partage et offrent aux photographes l’occasion de découvrir cette ambiance particulière.

Une escale nature à l’abri de la houle, dans une mini passe, puis une escale entre trois îlots dont celui du village d’Itilleq, toujours pour s’abriter du vent de face… L’ancre de Vagabond y a la courtoisie de ne déraper qu’une fois tout le monde rentré à bord, après visite du village et pêche aux moules. Sur l’épaisseur d’algues qui semblent tapisser les fonds, re mouiller correctement n’est pas simple. Un jeune pêcheur groenlandais tente de nous aider, puis nous offre un char de sa pêche (omble arctique). Le lendemain il nous en offre sept de plus et nous raconte ses chasses au caribou ! Eric s’est d’ailleurs vu offrir café puis caribou frais la veille. Les souvenirs refont surface chez certains habitants qui se souviennent de Vagabond en escale chez eux, 9 ans auparavant, avec Léonie et Aurore toutes jeunes !

Toujours courant entre deux coups de vent, cherchant de nouveaux abris sur notre route, nous finissons par entrer dans un mini fjord très haut et étroit : ici, avec un amarre à terre de chaque coté en plus de l’ancre, nous étalons tranquillement les 40 nœuds de vent (50 au dehors) et la pluie battante.

Afin de parvenir à Nuuk avant les avions de nos amis, il nous faut repartir pour une nuit de quart… plus hasardeuse que jamais : ne pas s’écarter de la ligne de sonde qui passe entre une multitude de cailloux, dans la houle, le vent et la nuit. Mais surtout, il y a ce passage vraiment serré plus au sud. Nous y parvenons de nuit, la grand voile toujours plaquée au mat par vent arrière. La houle est canalisée par les îlots mais le courant est fort et la marée haute. Malgré notre vigilance, deux personnes dehors avec des torches afin de mieux voir, Vagabond heurte l’entrée du passage. Rien de grave, il y a toujours ce tapis d’algues. Mais l’étrave est déviée et nous manquons de grimper sur la cote rocheuse. - Marche arrière toute ! Puis - marche avant ! - mais un autre rocher surgit dans le phare ! Finalement, c’est en travers et la poupe en premier, portés par vent et courant, que nous traversons la passe. Adrénaline garantie.

Comme pour nous réconforter, le plus beau matin du monde s’ensuit dans ce que l’on nomme les Alpes de Maniitsoq. Photos à gogo, lumières plein les yeux et repos au fil des canaux intérieurs précèdent notre arrivée à la capitale.

Resteront les photos et les souvenirs imprimés dans nos mémoires.