Rencontre avec des globicéphales

Le matin et le soir, je suis de quart (de veille) avec France de 5h à 9h. Les gars du bord nous appelle le quart de filles ! Nous avons de la chance car même si nous sommes debout très tôt, le jour lui est toujours levé avant nous. Veiller de jour est plus facile.

En ce moment, nous naviguons dans le Détroit de Davis. Ce matin, vers 7h, nous étions debout dans la timonerie pour surveiller l'horizon et la marche du bateau lorsque quelque chose de noir a surgi quelques mètres devant l'étrave. La mer s'est mise à bouillonner, nous avons aperçu plusieurs petits ailerons, des dos luisants et très sombres, de grosses têtes arrondies.

Un troupeau de cétacés nageait devant Vagabond ! Nous les avons admirés quelques secondes avant qu'ils ne sondent (plongent)autour du bateau. Tout s'est passé si vite que je n'ai pas eu le temps de sortir mon appareil photo. Manifestement, ils dormaient entre deux eaux et nous les avons reveillés !

A bord de Vagabond, nous avons un livre sur la faune et la flore du Grand Nord. En le regardant nous avons appris que nos cétacés étaient des globicéphales noirs. Ils mesurent entre 5 et 6 m et peuvent peser jusqu'à 3 tonnes et demi !


Une aurore boréale !

Depuis 3 jours, Vagabond navigue vers le sud-est en direction du Groenland. Au début, le vent nous poussait dans la bonne direction, nous avons même roulé la grand-voile tant le vent était fort. Mais aujourd'hui, il n'y a plus de vent du tout ! Nous avançons tranquillement au moteur et Vagabond se dandine sous l'effet des vagues qui, elles, sont encore bien là...

Soudain, France nous appelle au-dehors: "Vite, vite, venez voir !". Sur le pont, un magnifique spectacle nous attend : dans le ciel, de grandes draperies vertes se déroulent sur au-dessus de Vagabond, tout bouge très vite, des pans de ciel ondulent, nous ouvrons de grands yeux pour essayer de tout voir. L'apparition dure quelques minutes puis disparaît à l'horizon...

J'ai enfin vu ma première aurore boréale !


Vagabond fait route vers le Groenland

Il neige sur le pont de Vagabond !

Nous avons quitté Pond Inlet très tôt ce matin, cap sur Nuuk, au Groenland. Nous ne sommes plus que 5 à bord de Vagabond: Eric, France, Gérard, Christophe et moi. Jacques et Pierre sont rentrés en France pour commencer le montage du film sur Vagabond.

Nous voulions faire le plein de nos réservoirs d'eau à Pond Inlet mais le village était trop difficile d'accès. Les 550 litres d'eau que nous avions à bord en quittant Gjoa Haven ont été bien entamés. Eric pense que nous trouverons peut-être une source d'eau douce avant la sortie du Naviboard, nous regardons donc avec attention les montagnes que nous longeons. Dans le passage d'Albert Harbour, il nous serait possible de jeter l'ancre mais nous découvrons que toutes les cascades sont gelées ! Nous allons donc économiser l'eau jusqu'à notre prochaine escale...


Escale à Pond Inlet

Pond Inlet est un village inuit situé sur un plateau au pied des montagnes, face aux glaciers de l'Ile Bylot. Le paysage est grandiose mais le mouillage plutôt inconfortable pour Vagabond et nos amis de Norwegian Blue. Il n'y a pas de port, le bateau roule et on se croirait dans un culbuto ! Nous resterons donc juste le temps nécessaire pour débarquer nos cameramen qui doivent regagner la France, trouver une douche et lire nos emails.

A l'école du village, j'ai fait une rencontre intéressante et inespérée. Denis Dragon est le directeur de l'école francophone des Trois-Soleils d'Iqaluit. Il parle français car il est québécois. Il est en visite à Pond Inlet pour une rencontre entre écoles de la Terre de Baffin. Nous avons beaucoup discuté, du voyage de Vagabond et de son école. Il y a 5 classes à plusieurs niveaux, dont une maternelle (5ans), une 1ère 2ème et 3ème année (6-7-8 ans), une 4ème 5ème et 6ème année (9-10-11 ans). Denis serait ravi qu'une classe bretonne corresponde avec son école. L'adresse de l'école est sur le site trois-soleils.com.


Navigation dans le Naviboard vers Pond Inlet

En ce moment, nous faisons route dans le Naviboard, étroit passage qui sépare la péninsule Borden de l'Ile Bylot. C'est très impressionnant car nous longeons de hautes montagnes enneigées. On se croirait presque dans les Alpes, la mer en plus ! Nous avons vu plusieurs glaciers mais aucun ne descendait jusqu'à la mer. De temps en temps, nous slalomons pour éviter quelques icebergs. Heureusement, ils ne sont pas très nombreux ! Nous devrions arriver à Pond Inlet demain soir pour une escale bien méritée...


Vagabond au plus nord !

  • Norwegian Blue

Le 11 au matin, nous avons quitté Fort Ross très tôt. Rapidement, nous avons mis cap au nord dans Prince Regent Inlet et retrouvé sur l'eau nos amis de Norwegian Blue. Tout au long de notre remontée vers le Nord, nous avons rencontré d'énormes plaques de glace qu'il fallait contourner. Vagabond et Norwegian Blue se relayaient en avant pour repérer les meilleurs passages et ouvrir la route. Tandis que nous remontions le long de la côte Est de Prince Regent Inlet, l'aspect de la terre a changé: Nous avons longé de hautes falaises enneigées tombant à pic dans la mer.

Aujourd'hui, nous sommes entrés dans le Détroit de Lancaster et nous avons doublé Sergeant Point, point le plus nord de notre route: 73°52N, 86°05W !

Autre événement : ce matin, j'ai vu mon premier iceberg, un énorme tabulaire que nous avons évité à bonne distance!

Mon premier iceberg

Le GPS indique 73°52N


Le détroit de Bellot et Fort Ross

  • Le comptoir de L'Hudson's Bay Company

Ce matin, nous avons quitté notre mouillage à 5 heures pour nous engager dans le Détroit de Bellot. C'est un passage très étroit, avec un fort courant, entre la Péninsule de Boothia et l'Ile Somerset. Avant de partir nous avons réfléchi aux horaires de marées pour que le courant soit dans le bon sens et nous entraîne vers la sortie. La côte était très sombre, saupoudrée de neige toute fraîche. De petits morceaux de glaces flottaitent un peu partout.

A mi-chemin, une surprise nous attendait : sur un gros bloc échoué sur la rive, une maman ours et son petit se promenaient. Du haut du nid de pie, France s'est amusée à leur faire des signes. Etonné, le petit ourson s'est dressé sur ses pattes arrières pour saluer notre passage. Nous sommes le premier bateau à emprunter le détroit cette année, je crois que les ours n'en sont toujours pas revenus !

A la sortie du détroit, nous avons décidé de nous arrêter à Fort Ross pour la nuit. Fort Ross est un ancien comptoir de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Comme ailleurs dans l'Arctique Canadien, on y faisait le commerce des peaux. Trop difficile d'accès, il est depuis longtemps abandonné. Aujourd'hui, de magnifiques blocs de glaces sont échoués un peu partout sur la plage. Depuis quelques années, l'une des 2 petites maisons sert de refuge à des scientifiques venus observer les ours polaires. Ils en auraient recencé plus de 140 dans les alentours ! Nous ouvrons le refuge, protégé des ours par de grosses planches en bois et découvrons tout ce qu'il faut pour y séjourner quelques temps. Le temps de laisser un petit mot dans le livre d'or et nous regagnons le Vagabond pour un repos bien mérité.

A peine rentrés à bord, une nouvelle surprise nous attend : intrigué par notre belle coque rouge, un gros phoque barbu nage autour de Vagabond. Curieux, il se pavane plusieurs minutes sous l'oeil de la caméra de Jacques avant d'aller admirer de plus près notre voisin Norwegian Blue. En effet, figurez-vous que dans ces contrées désertes, nous ne sommes pas seuls : nos amis anglais naviguent à nos côtés depuis Weld Harbour. Demain matin, nous appareillons très tôt pour faire route vers le nord dans Prince Regent Inlet. Magiques et solitaires, Bellot et Fort Ross resteront à jamais gravés dans ma mémoire


En route pour le Détroit de Bellot

Tous les jours, Eric est monté sur les collines de Weld Harbour pour observer la situation des glaces aux Iles Tasmania. Hier, il est revenu avec une bonne nouvelle: la route était libre de glaces jusqu'aux Iles. Les cartes de glaces ont confirmé qu'il était temps de quitter Weld Harbour et de partir vers le Nord. Ce matin, nous avons doublé les Iles et mis le cap sur le Détroit de Bellot. Dans la matinée, un coup de vent s'est levé, Vagabond gîtait (penchait) beaucoup. Ce soir, nous avons jeté l'ancre dans une petite baie à 1 mile de l'entrée du détroit. le vent souffle en rafales et mieux vaut être à l'abri ! Cette nuit, nous allons faire des quarts de mouillage : chacun notre tour, nous surveillerons les mouvements du bateau sur son ancre.


L'inuksuk de Gérard

  • L'inuksuk de Gérard

En se promenant sur la plage de weld Harbour, Gérard a eu une idée : il a décidé de construire un cairn en forme de silhouette. Les inuit appellent cela un "inuksuk". Ils empilent ainsi les pierres pour signaler le passage d'êtres humains dans la toundra. L'inuksuk de Gérard est très grand, il a passé tout l'après-midi à le construire et on le voit de très loin. A l'intérieur nous avons caché un dessin représentant "Vagabond" et "Norwegian Blue" au mouillage dans Weld Harbour. Au verso, nous avons écrit nos adresses emails. Celui qui trouvera le dessin nous enverra peut-être un message !


à l'abri dans Weld Harbour

  • Un boeuf musqué

Nous avons visité les abords de la baie. Nous devons être vigilants lorsque nous partons nous promener. Ici, la brume peut tomber en quelques minutes, il vaut mieux emporter le GPS portable du bord qui donne à tout moment la direction où se trouve le bateau.

Nous avons rencontré un troupeau d'une dizaine de boeufs musqués. Ces cousins de la chèvre des montagnes ont l'allure de petits bisons. Ils se nourrissent de la végétation très basse qui pousse difficilement sur le sol recouvert de pierres éclatées par le gel. Nous les avons admirés à une cinquantaine de mètres tandis que le mâle dominant nous observait avec attention. Lorsque nous avons voulu nous approcher davantage, le troupeau s'est rassemblé autour des plus jeunes et le groupe est devenu menaçant. Nous avons préféré nous éloigner avant qu'un boeuf musqué ne nous charge ! Au retour, nous avons eu la surprise de voir aussi plusieurs lièvres arctiques. Ils se sont sauvés en quelques bonds. Pourtant, ils ont rarement l'occasion de voir des êtres humains.

Demain, nous retournons sur la crête pour voir l'état des glaces dans le Détroit de Franklin.