Planète+ Thalassa

Les vagabonds des glaces, un film de Hugues de Rosière, sur Planète+ Thalassa à 21h35.

Rediffusions :

20/01/2012 à 18:15

21/01/2012 à 19:30

26/01/2012 à 18:10

27/01/2012 à 08:25

01/02/2012 à 18:10

02/02/2012 à 08:15

03/02/2012 à 23:30

07/02/2012 à 00:00

07/02/2012 à 18:30

08/02/2012 à 08:30

13/02/2012 à 18:40

14/02/2012 à 08:20

20/02/2012 à 08:20


Traîneau

  • Premiere sortie en traineau avec 3 chiens
  • Premiere sortie en traineau avec 4 chiens

Le crépuscule est légèrement plus lumineux chaque jour, à la mi journée. L'horizon recule, et l'envie de s'éloigner du bateau se manifeste lors des sorties quotidiennes. France a fabriqué suffisamment de harnais pour les chiens, et a même déjà réparé ceux "croqués" par Marly : nous étions impatients de les atteler tous au traîneau. Malgré le froid (-38°C), Aurore et Léonie étaient heureuses sur le petit qamutik lors de nos premières courtes sorties, avec 3 puis 4 chiens qui n'attendaient visiblement que ça ! C'est un réel plaisir de se déplacer ainsi sur la banquise, bien emmitouflés dans nos grosses parkas. Seuls les pas et les souffles des chiens viennent doucement troubler le silence. Un grand corbeau aussi, qui tournait autour du camp ce soir. La lumière qui revient et de plus longues sorties devraient permettre à nos rythmes de sommeil de redevenir "normaux". Peu à peu.


Bravo

  • Motoneige Bravo pour Vagabond
  • Pleine lune des 8-9 janvier 2012

Bravo. C'est le nom de la motoneige acquise hier à Grise Fiord. Rustique et rétro, elle a très peu de kilomètres et a une réputation de fiabilité, même par grand froid. Elle doit nous permettre de faire des séries de mesures scientifiques dans une zone étendue, et de nous rendre au village de temps en temps, ou en cas d'urgence.

Un petit réglage s'annonce toutefois, puisque j'ai du changer l'unique bougie deux fois pendant le trajet retour. Sensation désagréable que de se retrouver en panne, seul avec un nouvel engin, à 1h du matin, au clair d'une pleine lune fortement voilée par le vent et la neige... Heureusement, Robert m'avait remis une boite de bougies avec la machine, quelques heures auparavant, et la température remontait. En arrivant à Vagabond, j'avais même trop chaud ! Le vent était tombé et il faisait -23°C, contre -36°C le matin.

Liza et Aksakjuk m'ont proposé de conserver le grand traîneau, qui peut contenir famille et bagages. Quelle émotion ce fût de revenir avec, seuls, le 2 janvier, par grand froid et sans lune ! Il nous fallu ensuite plusieurs jours pour récupérer des festivités et des trajets assez éprouvants entre Vagabond et Grise Fiord, où beaucoup de personnes ont aussi été grippées la semaine dernière. Tout l'équipage est à nouveau sur pied pour les routines du bord, pour les travaux scientifiques, pour répondre aux voeux ou pour préparer les missions du printemps et de l'été !


Quelques jours à bord

  • Noel a bord de Vagabond

"Vous repartez déjà ?", nous demandent la plupart des personnes croisées dans Grise Fiord, mercredi après-midi. C'est qu'ici, les festivités ne s'arrêtent pas entre Noël et le Jour de l'An ! Mais il nous faut aussi veiller sur Vagabond et sur nos quatre chiens. Même si j'ai déjà pu faire un aller-retour, seul, lundi dernier (tout était gelé à bord), nous décidons de repartir tous les quatre pour quelques jours, afin de bien chauffer le bateau, recharger les batteries, nourrir les chiens... afin de se faire une petite fête en famille aussi, de ne pas interrompre les travaux scientifiques, et de se reposer un peu !

Finalement, Raymond arrive en motoneige le 24 décembre vers 9h, sans prévenir. Je réveille les filles et nous embarquons dans le grand traîneau. Il fait froid (-39°C), mais la banquise est peu accidentée et les cinquante kilomètres sont parcourus sans encombre, avec une faible lueur de mi-journée qui nous permet de distinguer les montagnes. Magnifique. A midi, nous sommes à Grise Fiord ! Nous avions quitté le village le 6 octobre et sommes un peu déboussolés par ce retour "en ville". Le temps d'une douche (quel luxe) et de donner un coup de main à l'infirmière pour découper une grosse dinde (les petits problèmes de santé peuvent attendre), nous retrouvons tous les habitants du village dans le gymnase. Des tables ont été dressées pour 110 personnes, le réveillon est organisé par la commune, beaucoup de bénévoles ont préparé les plats, décoré la salle, emballé des cadeaux... et chacun apporte ses couverts et un cadeau. Après le festin commencent les premiers jeux. Aurore et Léonie sont très heureuses de gambader avec d'autres enfants, sur un sol dur et en vêtements légers, France et moi sommes ravis de revoir et prendre des nouvelles de nos amis locaux. A 23h, presque tout le monde parvient à entrer dans la petite église, dont la porte était restée entrouverte. Alors chacun garde sa veste pour écouter Larry, accompagné pour les chants par Jimmie à l'orgue électronique. A minuit, retour au gymnase où l'arrivée du Père Noël engendre une liesse générale. C'est Ron Elliott, membre du gouvernement du Nunavut, qui porte la barbe blanche cette année, et distribue un à un tous les cadeaux. Ron est venu à Grise Fiord pour mieux se rendre compte des problèmes vécus actuellement par les habitants. Sans lien avec l'extérieur pendant des jours, le village manquait de vivres, le courrier n'arrivait pas, les voyageurs ne pouvaient plus repartir ou revenir... mais le 23 et le 24, trois avions ont pu se poser enfin et approvisionner le village pour Noël.

Le lendemain, nous sommes invités à partager un repas de Noël avec plusieurs familles, avant une nouvelle soirée de jeux au gymnase. Les soirées débutent vers 7h du soir, et peuvent durer jusqu'à l'aube (façon de parler). Le village dort le matin, et la boutique ouvre entre 3h et 5h de l'après-midi, lieu de rendez-vous incontournable. Nous en profitons pour acheter quelques fruits et légumes, et réceptionner beaucoup de colis ! Lorsque nous quittons l'agréable maison prêtée par Liza et Aksakjuk, avec leur motoneige, le traîneau est bien chargé (cadeaux offerts par nos amis de Grise Fiord, cadeaux gagnés aux jeux, viande de phoque, sacs de linge propre...). Je parviens à suivre ma trace de l'avant veille, étonné de pouvoir tracter un si grand traîneau avec une simple motoneige. Les virages ne sont tout de même pas faciles à négocier !

Demain, nous repartirons plus léger pour Grise Fiord, où nous sommes conviés pour fêter la nouvelle année.


Solstice

  • Aquarelle Vagabond Grise-Fiord

Au solstice d'hiver, nous célébrons le milieu de la nuit polaire. Désormais, le soleil va se rapprocher progressivement de l'horizon. Prochain lever prévu le 15 février. Mais la moitié de l'hivernage n'est pas pour tout de suite, heureusement ! Voilà deux mois et demi que Vagabond a jeté l'ancre au fjord du Cap Sud, il y sera retenu par la banquise pendant encore sept mois environ.

France vient de déplacer le filet à phoque, en espérant plus de résultat. Elle maintient les trous ouverts et le relève tous les jours. Pas d'urgence, les chiens ne sont pas encore affamés. A bord, la fabrication de cadeaux, de bougies, de décorations diverses, de biscuits... occupe toute la famille. Curieusement, en cette veille de fête, France aurait déjà mal au foie, et je suis dérangé par une dent douloureuse ! Cela ne nous empêchera pas de faire vendredi, si la météo le permet, le trajet jusqu'à Grise Fiord, où nous sommes invités pour Noël.


Cache cache

  • Bella

Il fait vraiment nuit ce midi, lorsque je pars pour les mesures scientifiques. La lune est couchée pour huit jours, le soleil est au plus bas sous l'horizon (le solstice d'hiver est dans deux jours), et surtout, le ciel est couvert. De plus, il neige et il vente, la visibilité est donc très réduite. Pour une fois, je dois conserver ma lampe frontale allumée pendant les cinq heures de manip. Mais par chance, je distingue encore mes traces des précédents relevés. En fait, je n'ai encore jamais eu besoin de GPS pour m'orienter à travers le fjord. Passée l'excitation du départ, la chienne Bella semble elle aussi plongée dans ses pensées, jusqu'à la découverte de traces d'ours, assez récentes. Difficile à dire avec la neige qui tombe. L'animal a rejoint la "piste", et nous précède. Bella renifle la neige activement. Le petit traîneau me paraît un peu loin derrière, je décide de garder le fusil sur moi, même si j'utiliserais d'abord le pistolet d'alarme si besoin. Les traces sont par moment très bien marquées, ce n'est pas un ours énorme, mais déjà de belle taille. Auparavant, j'avais plusieurs fois observé des traces de renards, eux aussi attirés par cette "piste" étrange qui traverse le fjord. Finalement, quatre kilomètres plus loin, nous atteignons l'iceberg à côté duquel je fais les relevés hydrographiques deux ou trois fois par semaine. L'ours en a fait le tour, il est peut-être en train de faire une sieste derrière, nous n'irons pas vérifier. Au retour, je devine à peine le feu en tête de mât de Vagabond, il scintille entre les flocons.