Spitzberg – 2004-2005

Photos

VAGABOND est au Spitsberg, où France et Eric, au cours de l'hiver 2004-2005, assurent la logistique pour plusieurs programmes scientifiques internationaux, en collaboration avec l'Institut Polaire Français IPEV...

Voir les hivernages suivants : 2005-2006, 2006-2008

Voir le lieu de l'hivernage, et la carte du Storfjord

Carte du Svalbard

Lire le journal de bord de l'hivernage ou la Lettre de Vagabond (archives depuis 2001...).

De la Bretagne au Spitsberg...

L'aventure avant l'hivernage vue par les différents équipiers :

16 au 22 septembre 2004, navigation dans le Storfjord, côte Est du Spitsberg

(par Jean-Claude Gascard, océanographe, et Lucas Girard, étudiant)

Ce premier vrai contact avec Vagabond est pour moi le début d'une longue histoire qui s'annonce riche en découvertes de toutes sortes et aussi en émotions fortes. Les 6 jours passés dans le Storfjord ont été fertiles en événements : le passage du Sorkap à travers les cailloux à la tombée de la nuit, un court séjour dans la toupie (Rorenbukta) proche de Kvalvagen, avec les growlers défilants et crissants sur la moraine et au pied de la falaise, les cabanes de Boltodden à la fois proches et lointaines et ce sacré flux de Sud-Est nous poussant au refuge près de Edgeoya pour commencer notre transect de stations en direction de Boltodden. Et ce fût la nuit de la Mirabelle avec au petit jour une récupération assez risquée de l'annexe. Sacré annexe filant 8 noeuds dans les creux comme sur les crètes des vagues, elle méritait bien un pareil sauvetage. Un mouillage de rêve au centre d'une baie entourée de glaciers nous permet de nous remettre de nos émotions.

La nuit polaire sera bientôt au rendez-vous, la glace, les aurores boréales, les fleurs de glace et bien d'autres choses que nous allons découvrir.

Je promet à France et aussi sur les conseils appuyés d'Eric de bien m'arrimer à la ligne de vie de Vagabond pour prolonger notre aventure et partager nos émotions et découvrir des rivages inconnus aussi longtemps que possible. A très bientôt,

Jean-Claude Gascard
Directeur de recherhe CNRS
LODYC (Laboratoire d'Océanographie Dynamique et de Climatologie)
Responsable scientifique du programme Storfjord Brines (étude des saumures)

Voir ici le récit et les photos de Lucas Girard, 20 ans, étudiant à l'UNIS (Longyearbyen), vaillant équipier de Vagabond pour les premières mesures océanographiques dans le Storfjord, et un bref repérage du site d'hivernage.

Ny-Alesund, 1er septembre 2004

(par Eric Brossier)

Vagabond est amarré dans le petit port de Ny-Alesund (79° Nord - 12° Est), où se trouve la base scientifique française (Institut Polaire Français IPEV), au Spitsberg. C'est là que France Pinczon du Sel et moi-même achevons de préparer l'hivernage et les missions scientifiques qui se dérouleront dans le Storfjord, au sud-est de l'archipel norvégien, jusqu'à l'été 2005.

Au programme, 3 projets internationaux :

  • l'étude de la formation de la banquise, en particulier des saumures (eaux très concentrées en sel) et de leur influence sur les courants de l'océan Arctique;

  • l'étude des petites déformations locales de la banquise, qui seront comparées aux données satellite, afin d'en déduire des lois permettant de mieux comprendre le rôle de la banquise dans le climat du globe;

  • l'étude de l'origine du sel marin contenu dans la neige, dont l'influence est grande sur la composition de l'atmosphère dans les régions polaires.

En attendant d'en savoir plus, grâce aux équipes scientifiques qui viendront nous retrouver à bord de Vagabond au fil de l'hivernage, vous pouvez lire ci-après un récit de notre périple entre la Bretagne et Ny-Alesund. Le départ de Douarnenez en fanfare, l'équipage très insolite, l'accueil de Vagabond par le musée maritime d'Amsterdam, par le musée de la morue des Lofoten, et par le musée polaire de Tromso, la quète du Maelström avec Erik Orsenna, la découverte des glaciers du Spitsberg...

Des nouvelles et des photos sont régulièrement mises en ligne sur ce site.

A bientôt !

Eric Brossier

Du 18 au 31 août, de Tromso à Ny Alesund

(par France Pinczon du Sel)

Adieu Norvège, vive le Spitsberg !

Voici le grand saut, la traversée pour laquelle on peut s'attendre à une météo de mer de Barents, c'est-à-dire à au moins un coup de vent, et pourquoi pas de face. … Sauf pour ceux qui ont oublié cette possibilité ! Parmi notre équipage improbable, 4 personnes découvrent la navigation à la voile. Martine, toujours de bonne humeur : " La mer, finalement, ça ne me change pas beaucoup. C'est comme dans mon fauteuil roulant, avec plus d'amplitude et du tangage en prime ! " Jamais malade, clouée sur la table baissée en canapé-camping général, elle réconforte ceux que chaque coup de roulis incline un peu plus vers le seau. Marie continue à s'activer mais ponctue chaque opération d'un don aux poissons. Lycia, livide, tient son ventre de plus de 7 mois de grossesse, Arnaud (voir son site) ne bouge plus sauf pour extrême nécessité familiale, tandis que Leina du haut de ses 3 ans, trouvant que ses parents dorment beaucoup, vient s'émerveiller des vagues qui jouent fort avec le bateau, coincée à coté du barreur. Petite frimousse malicieuse et alerte, agile et prudente, elle est notre sourire permanent. Pendant ce temps, Marc, Eric et moi nous relayons vaillamment et tant bien que mal, le mal n'étant pas loin… Bien que cette situation semble durer une éternité, en 2 jours c'est bouclé ! Juste au moment d'aborder Bjornoya, l'île aux Ours, où nous rêvons de voir cette ourse et son ourson qui se sont laissés coincer là tout l'été. La mer se calme, chacun revis, mais la houle dissuade du mouillage. Nous continuons donc avec cette fois un vent portant, droit vers le but.

Plus tard.

Gracias a la vida. Vagabond longe la nouvelle côte, d'un bon bord plein de "Nord-Spitsberg ". Certains en ont vu de toutes les couleurs, d'autre ont appréciés les humeurs de la mer. Et la brume, et la bruine, froide et piquante, donnent le ton et la magie. Heureux sommes nous d'arriver tous ensembles. Vagabond glisse, suave et silencieux… Une transition approche. Les montagnes noires et blanches se voilent et se découvrent comme pour adoucir notre nouvel état de petits hommes atterrissant dans une contrée étrangère et plus sauvage qu'à l'habitude. Je nous sens changer : Eric et moi avec le sentiment d'arrivée, de commencement, aiguisant nos sens devant ce que nous allons connaître toute l'année à venir, et l'équipe du bord apaisée par cette proche fin d'aventure, heureuse d'avoir été jusqu'au bout. Dauphins, baleines et oiseaux nous ont aidés bien entendu, et elle est là la magie : doutes et faiblesses sont conjurés par la grandeur du 1er glacier, abasourdis des éléments qui soudain se concentrent pour devenir dociles et concasser tous nos petits tourments de terriens-marins, devenus un peu plus marins. C'était la page musicale Era. Maintenant arrive le jazz ! Leina fait des " check-lapin " à distance : comprendre on se tape le poing, on se croise les doigts, claque les mains, et on fini en agitant nos oreilles de lapins ! L'instigateur de ce rituel n'est autre que notre illustre académicien Erik Orsenna.

Vagabond toutes voiles dehors louvoie enfin entre quelques glaçons éparses, tandis que des piafs du genre sternes plongent dans un rythme saccadé leur donnant une allure de danseurs au raz de l'eau, dans la brise et le soleil. Leur ballet accompagne notre apéro. Mais nous ne sommes pas seuls ! Solaris, beau voilier rouge polonais et Imram battant pavillon suisse évoluent aussi dans le grand fjord Hornsund !

Pas moins de 50 voiliers ont navigué au Spitsberg cet été. 24h plus tard lorsque nous arrivons à Longyearbean nous sommes à peine surpris de voir défiler 7 voiliers en 2 jours. Longyearbean, 1500 habitants (1502 puisque nous sommes devenus résidents du Spits !!!), est une vraie petite ville avec sa magnifique université en pleine extension architecturale, ses commerces, sa poste pour quelques coups de tampons philatéliques et son Sysselman, c'est-à-dire gouverneur, qui nous donne enfin son officielle autorisation pour hiverner dans Storfjorden. Nous retrouvons Franck Delbart, chef de la base française de Ny Alesund (Institut Polaire Français Paul Emile Victor), qui est notre interlocuteur Ô combien privilégié et amical pour préparer notre hivernage.

Nous voici d'ailleurs ensemble, par 79° nord, dans sa base, bien installés pour peaufiner notre logistique, Vagabond sagement amarré au quai de Ny Alesund.

Une fine neige a saupoudré le magnifique cirque de montagnes et glaciers cette nuit…

France Pinczon du Sel

Norvège. Voyage au coeur du baston

(Erik Orsenna)

Le Télégramme, article du 29 août 2004

« J'ai vu se boursoufler sur la mer d'énormes cloques blanchâtres qui perçaient la surface : c'était de l'eau furieuse qui remontait des profondeurs.

Amis de l'estran et de la mer qui bouge, bonjour ! De même que, selon toute probabilité, Jules Verne n'a pas fait le voyage au centre de la terre pour recueillir les informations nécessaires à son roman éponyme, de même il n'a pas pu se mêler personnellement de l'enquête sur le maelström, où le capitaine Nemo se suicide. C'est donc dans les livres qu'il prit ses sources et, très probablement, dans l'une des histoires extraordinaires de l'écrivain américain Edgar Allan Poe, parue en 1841 et traduite en 1865 par... Charles Baudelaire. Dix ans plus tard, Verne s'inspire de Poe. Si vous aimez trembler, vous préférerez l'original. Foin d'érudition, il fallait aller sur le motif, comme disent les peintres. Une visite sur place s'imposait. Tant qu'à subir un été pourri, autant aller chatouiller le coeur du baston.

Vagabond dans la fureur

Encore fallait-il, étant donné ma couardise habituelle, trouver un bateau assez solide pour affronter les flots qui s'annonçaient furieux. Comment trouver mieux que Vagabond, vous vous souvenez, le voilier déjà mythique de France Pinczon du Sel et d'Éric Brossier ? Il a tourné autour de l'Arctique par les passages du Nord-Est et du Nord-Ouest, entrecoupés d'un hivernage au Kamtchatka. Vagabond partait vers le site Spitzberg. Fin septembre, il s'y laissera prendre par les glaces pour servir de base tout l'hiver à des missions scientifiques. Je le rejoignis à Bodo. Et nous voilà voguant vers le premier de ces courants terribles, le Saltraumen, qu'on présente comme le plus violent du monde.

Malström vient du très vieux verbe norvégien Mal (qui veut dire baratter). Aucune information ne pouvait mieux nous prévenir de ce qui nous attendait.

Le monstre s'agitait là

Le flux nous emportait. Vagabond réussit à s'en écarter. Déjà un grondement couvrait nos voix ; il fallait crier pour s'entendre. Le temps de mouiller et d'escalader un rocher, le monstre s'agitait là, sous nos pieds, au meilleur de sa forme : la mi-marée. Et le monstre m'a donné la meilleure des leçons du courant : tous les mouvements possibles de l'eau multipliés par dix. D'abord, on ne voit que des remous indistincts et, surtout, la vitesse : un courant passe, plutôt lent ce jour-là, d'après les habitués, seulement 17 noeuds. « Vous auriez dû venir la semaine dernière ; avec la pleine lune, il dépassait 20 noeuds ». Peu à peu, on apprend à distinguer ; je veux dire à frissonner. J'ai vu, de mes yeux vu, s'enchaîner des tourbillons géants. J'ai vu se creuser leur centre d'au moins trois mètres. J'ai vu se boursoufler sur la mer d'énormes cloques blanchâtres qui perçaient la surface : c'était de l'eau furieuse qui remontait des profondeurs.

Eaux fécondes

J'ai salué comme il convenait l'énergie rebelle et la ruse des
contre-courants : ils s'échappaient du flot principal, gagnaient la côte
on se demande comment et, à belle vitesse, avançaient à rebours contre toute
logique. Les pêcheurs lançaient et relançaient leurs cuillères dans le monstre.
Presque à chaque fois, ils en retiraient un poisson. Double nature du maelström
meurtrier et nourricier. Plus de 100 noms sont inscrits dans le grand cahier noir de l'église voisine en mémoire de ceux qui furent noyés là. Mais depuis plus de 10.000 ans des hommes vivent ici, malgré le si dur climat, pour profiter de l'exceptionnelle fécondité des eaux. (...) »

Lointaines violences

Au-dessus de ces agitations veillaient les montagnes, toujours couronnées de neige malgré la (très relative) chaleur d'août. Leur calme ne résistait pas à l'examen. Les rochers de Norvège sont râpés, élimés, éclatés. Souvenir des temps où plusieurs kilomètres de glace pesaient sur le pays. Quand elle s'en est allée, la Norvège se sentit plus légère. Mais sa peau était profondément tailladée pour jamais. Le calme est le frère jumeau de la cicatrice; ce n'est le plus souvent que le souvenir de lointaines violences.

Kenavo ar sizhun all.

Erik Orsenna

Du 9 au 15 août, de Bodo à Tromso

(par Erik Orsenna, venu étudier le Maelstrom)

Vagabond, roi des passages.
Vagabond, maison parfaite des nomades.
Vagabond, arche de Noë rassemblant tous les animaux humains pourvu qu'ils rêvent.
Vagabond, de la musique qui navigue.
Vagabond, qui donne envie - et le moyen - de partir, c'est-à-dire de connaître.
Vagabond, qui accueille si bien, où vivre mieux que dans une légende ?
Vagabond, fils de France et Eric, quoi de plus beau qu'un rêve si commun ?
Vagabond, fait pour la glace, pourquoi fait-il si chaud chez toi ?
Vagabond, que je quitte à regret, grand regret, tu m'avais ouvert la porte du Nord, mais, imbécile que je suis, je suis reparti vers le Sud.
Tant pis pour toi, je reviendrai.

Merci,

Erik Orsenna

Du 22 juillet au 9 août, de Douarnenez à Bodo

(récit de Catherine Ricoul, fidèle équipière)

Comment Vagabond a vaillamment surmonté la pétole et le beau temps et fait quelques extraordinaires rencontres avant d'atteindre Bodo.

Sur le ponton flottant auquel Vagabond était amarré depuis le début des fêtes maritimes de Douarnenez, l'équipage paré au départ depuis le petit matin, a vu défilé sous ses hublots, table et tréteaux, cafetière et théière, gobelets, far breton et croissants, précédés de parents, amis, photographes, admirateurs et douarnenistes curieux. Balise sur le bateau, euh je veux dire, cerise sur le gâteau, est ensuite descendue de la passerelle La fanfare (non pas celle aux pruneaux ni des balises) mais the fanfare officielle des fêtes maritimes avec trombone, tambour et trompette ! ! ! ! Les " fanfaronnades " musicales ont alors alterné avec les chants de marin, exhortant Vagabond à hisser les voiles et à mettre les bouts. Quelques embrassades, les derniers sourires échangés, des " bon vent " lancés dans la brise matinale et hop, les amarres étaient larguées. Le compas marquait déjà le nord, la fanfare, dans un petit bateau pilote, en a fait danser certaines sur le pont avant, tandis que les bras s'agitaient pour un ultime salut. Quelques petits tours dans l'eau et la musique s'évanouit. Enfin, la mer murmure à l'étrave, premières manœuvres des voiles, Vagabond a pris la mer, nous sommes le 22 juillet, il est dix heures trente et ce bateau rouge qui s'éloigne ne rentrera pas avant trois ans…

Première escale à Ostende, le temps de prendre une douche et boire une bière pour certains et de visiter une maternité pour d'autres, pas mécontents après trois jours d'estomac retourné de retrouver ce solide plancher des vaches où rien ne bouge… Sacré mal de mer ! Mais pour une fois il aura quand même épargné le capitaine, le second et moi le mousse (au chocolat !)

La première vraie escale, c'est Amsterdam. D'abord une écluse au petit matin, deux heures de navigation sur le canal et l'arrivée à quelques encablures du musée maritime qui nous invite dans son bassin aux côtés du célèbre Amsterdam, ancien fleuron de la flotte hollandaise. Cependant l'arrivée à bon port ne pourra se faire que vers deux heures du matin, lors de l'ultra mince créneau horaire où il est possible de demander la levée des ponts ferroviaires (rails et fils électriques compris). Nous sommes impressionnés par la vitesse de l'opération et nous nous sommes dépêchés de passer " entre deux trains ". Le matin, nous avons pris notre petit déjeuner devant les premiers visiteurs, car, pour une journée, Vagabond fait partie intégrante du musée, avec un petit panneau explicatif en hollandais sur le ponton, narrant ses exploits arctiques ! France et Eric reçoivent leurs partenaires des cartes électroniques à l'origine de l'invitation, tandis que les autres vivent leur vie d'escale. La fermeture du musée à 18 heures nous interdisant de sortir " à pied ", c'est l'occasion d'une balade nocturne sur les canaux de le ville " à la mode d'Amsterdam ". Pour réussir cette sortie, prenez tout d'abord une embarcation : annexe orange comme la nôtre, belle barque vernissée, embarcation façon mad max, ou petit bateau mouche. Ensuite, invitez quelques amis, embarquez quelques bouteilles de vin, n'oubliez pas les cacahuètes et fondez vous, perdez vous dans le dédale des petits canaux, saluez les bateaux que vous croisez, levez votre verre à leur santé, admirez les façades, les petits ponts, les jolies filles et les vélos qui passent, prenez les virages en douceur pour éviter d'embarquer de l'eau (il faut dire que à 6 dans l'annexe, on frôlait le boat people). Pour finir, quand la bouteille est vide et que les cacahouètes viennent à manquer, trouvez un joli amarrage au pied d'une terrasse, sautez sur le quai et sur une chaise libre, prenez le menu et commandez ! En guise de digestif, nouvelle balade sous les ponts éclairés cette fois, n'oubliez pas de faire une halte pour appeler le chef du pont de chemin de fer qui se lève à 2 heures du mat, et rentrer tranquillement au musée ! ! !

Le lendemain, nous laissons littéralement sur le quai d'une petite ville hollandaise la famille Tortel, pas très encline à retenter l'expérience de la pleine mer et les affres du mal de mer. Question météo, nous sommes pourtant gâtés depuis le début : grand bleu, soleil, mer calme, vent très modéré, voire nul parfois. C'est donc à trois que nous faisons la traversée vers la Norvège, sur une mer oscillant entre le miroir et l'huile… France et Eric assure les quarts et moi je fais ce que je peux à la barre, après avoir longtemps hésité (d'après Eric) entre l'Ecosse et le Danemark, j'ai quand même tenu le cap sur la Norvège puisque nous avons fini par y arriver. Avant de retrouver la famille Tortel au complet et même agrandie à Bergen, nous avons fait escale au petit village de Storebo sur l'île de Huftaroy, où nous rendons une visite surprise à Kim Hafez, kayakiste que Eric a rencontré au salon nautique et qui travaille ici dans une usine de conditionnement de saumons. Nous déjeunons avec lui à la cantine durant sa pause et nous repartons avec deux magnifiques spécimens prêts à être dégustés au four et en marinade.

Les degrés défilent sur le GPS, le cercle polaire se rapproche, les nuits blanchissent, le soleil brille toujours, short et tee shirt pour tout le monde, il flotte comme un petit air de vacances à bord. Nous faisons quelques haltes sauvages pour nous dégourdir les jambes, crapahuter sur un sommet, ou observer une falaise où nichent des milliers d'oiseaux. Nous avons même remorqué un petit voilier rouge en panne de moteur et indiquer la route à des pêcheurs perdus.

Devant Alesund, rencontre surprise avec Picrate, voilier qui redescend du Spitzberg, avec à son bord des amis de France et d'Eric, Gilles et Armelle, partis eux pour deux ans de navigation dans les mers froides et chaudes. Nous nous amarrons à couple dans le petit port, ils sortent une bonne bouteille de leur cave, nous sortons le grand jeu avec notre saumon en papillotes ; Belle soirée improvisée, petits mots échangés dans les livres de bord et tandis qu'eux restent là pour la nuit, Vagabond poursuit sa route au nord. Il nous reste encore plusieurs centaines de milles avant le Spitzberg !

Nous sommes maintenant à trois petites heures de Bodo, nous avons franchi aujourd'hui le cercle polaire, passage de ligne fêtée au champagne et pour la première fois depuis notre départ, c'est la pluie qui arrose l'événement. Ce soir gâteau à la banane et au chocolat pour clore les célébrations officielles.

Demain, 9 août, je fais mon petit paquetage et je passe le relais à la relève qui arrive. A mon tour de souhaiter bon vent et belle mer pour la suite du voyage de Vagabond plus haut vers le nord. La suite au chapitre 2 où vous apprendrez sûrement comment Vagabond a rejoint les Lofoten, vu le Maelstrom et vécu d'autres aventures extraordinaires.

Catherine Ricoul

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