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De l’Irlande à chez nous

  • 193834 Baignade baie Portacloy 13 degres©EB
  • 183224 Escale Ballyconneely chez Melanie©EB
  • 093854 Vaches et brume irlandaises©EB
  • 162425 Session jeunes musique traditionnelle Dingle©EB
  • 223514 Pub Dingle©EB
  • 181401 Escale Castletownbere©EB
  • 115208 Idec et SNLE goulet de Brest©EB
  • 210809 Vagabond et son equipage au port du Faou@EB

Accompagnés de nombreux dauphins, nous jetons l’ancre dans la première petite baie accueillante (Portacloy) afin de faire descendre du mât ce qui reste de lambeaux de notre grand voile.

Puis un bain de mer revigorant dans une eau à 13°C nous délasse de cette traversée !

Le lendemain nous faisons escale chez notre amie Mélanie, toujours aussi accueillante. Son camion à crêpes fait fureur en été et sa petite maison devant la baie idyllique de Ballyconneely nous est ouverte. La mer y est plus chaude, les huîtres du départ excellentes et les vaches dépaysantes à se promener sur les plages !

Désireux d’assister au moins à une session de musique irlandaise - et boire une pinte de Guinness - dans un pub, nous descendons ensuite jusqu’à la pittoresque ville de Dingle et effectivement la musique est partout, jusque dans un square où une quinzaine de jeunes avec leur professeur offrent leur session !

Jouant au mieux avec la météo, nous ne parvenons tout de même pas à passer au sud de l’Irlande d’un coup et devons nous abriter à Castletownbere, port de pêche très actif et bien protégé. Pourtant, comme cela nous est arrivé au Groenland, notre ancre ne tient pas… Nous obtenons l’autorisation de nous mettre à quai ayant aussi un problème de barre. En attendant que ce coup de vent passe nous profitons de la terre, ses arbres, ses mûres délicieuses et une dernière session irlandaise dans un pub très «famille».

Lorsque nous repartons, c’est pour la rade de Brest ! Sur une mer belle, au près, soudain le point de drisse du génois casse et le voilà qui commence à descendre tout seul ! C’est donc au moteur aidé de notre seule trinquette que nous passons les dernières 24 heures.

Plaisir d’arriver au petit matin en vue de la pointe de Saint-Mathieu. Nous sommes piles à l’heure pour profiter des courants de marée lorsqu’un appel du CROSS Corsen annonce que le goulet de Brest est «consigné», c’est à dire fermé ! Sans indication de temps ni de cause… Un catamaran Ultime tire des bords autour de nous, un bâtiment de la marine nationale nous a demandé de nous dévié pour cause de palanquée de plongeurs… Quinze minutes plus tard nous découvrons le Sous-marin Nucléaire Lanceur d’Engin qui occupait le goulet. A notre tour ! La rade de Brest est bien vivante par ce temps à grains, toutes sortes d’embarcations voguent, de la planche à voile aux somptueux classiques, toutes voiles dehors.

Au fond de la rade nous embouquons le chenal du Faou et l’aide de Google Earth est précieuse pour compléter les quelques balises du chenal étroit ! Tant que l’on garde un mètre sous la coque ça va, un écart signifierait risque d’enlisement ! C’est en remuant la vase que nous opérons le demi tour final afin d’amarrer Vagabond au joli quai du Faou, et c’est Serge Hilbert, mon ancien directeur aux Fêtes maritimes de Douarnenez qui nous prend les amarres ! A dix minutes de notre maison, l'endroit est charmant, nous continuons même à vivre quelques jours à bord en allongeant la liste des points de maintenance nécessaires à Vagabond ; nous allons le bichonner !


Post mission, le retour en famille

  • 211857 Sources chaudes Uunartoq©EB
  • 175932 Famille au bord du lac Tasersuaq©EB
  • 220557 Bivouac Stordalen Havn©EB
  • 175514 Escale Aappilattoq©EB
  • 173203 France barre dans la tempete©EB
  • Situation meteo©Christian Dumard
  • 123805 Grand Voile dechiree©EB
  • 201123 Leonie et Aurore recuperent vivres a l avant de Vagabond©EB

Aurore, Léonie, Eric et moi nous octroyons une petite semaine pour flâner ou explorer, avant de nous élancer à travers l'océan de retour vers la Bretagne.

Dans la petite baie de Kilagtoq non loin de Qaqortoq, Eric emmène Aurore plonger près d'un iceberg !

Cap à l'est, nous repassons par Qaqortoq puis en route vers des sources d'eau chaudes d'Uunartoq ! On y resterait des heures. Plusieurs familles groenlandaises y débarquent avec leurs pique-niques, c'est l'escale récréative locale.

Nous découvrons ensuite Nanortaliq et ses environs sous un soleil de rêve avant d'aller nous abriter loin du gros du coup de vent annoncé. Les nuages dramatiques sur fond de pics alpins donnent l'ambiance et on est heureux d'entrer par la petite passe dans la large baie du minuscule village de Tasiusaq.

Cependant le vent y tricote ses sillons de bourrasques et notre ancre semble ne jamais plus accrocher ! Nous remouillons au moins quatre fois, la nuit tombe et le GPS trace nos hasardeux trajets de dérive, ancre pendante au bout de 60 mètres de chaîne... Au petit matin, alors que l'ancre tient finalement depuis quelques heures, le tableau arrière de Vagabond à quelques mètres de la roche, nous avons le loisir d’apprécier la proche visite de moutons curieux ! Lorsque le sondeur indique moins d'un mètre sous la coque, nous repartons, chaîne pendante... Nous aurons vécu au final 24h de dérapages dans cette baie avant que le calme ne revienne et que l'on se croit sur un lac-miroir. Nous pouvons enfin aller nous dégourdir les jambes, sereins, vers le grand lac Tasersuaq au fond de la vallée.

Avant d'atteindre Aappilattoq dans le dédale du long passage du prince Christian et ses falaises démesurées, nous mouillons au détour d'un croisement de fjords le temps d'un bivouac, moelleusement installés chacun sur son matelas de mousse, le nez aux étoiles et aux aurores boréales.

Aappilattoq et sa minuscule niche d'eau paisible bien abritée de hautes murailles accueille finalement trois voiliers ! On s'amarre au quai deux fois plus court que Vagabond, paisible... Après avoir arpenté le petit village bien enclavé, au son d'un accordéoniste tranquille sur le pas de sa porte, nous prenons le temps d'explorer les fenêtres météo pour traverser l'Atlantique et sans tarder plus, repartons vers la sortie du Prins Christian Sund. S'y trouve une ancienne station météo, automatisée et désertée, surplombant le large. Vue imprenable, nous indiquant qu'il est temps d'y aller !

Le 1er août au soir nous larguons les amarres pour l'Irlande. Vu le vent portant nous avons bien failli arriver en huit jours ! Mais de conditions musclées à très musclées, la traversée fut ponctuée par deux points à aller chercher plus au nord, recommandés par notre ami routeur Christian Dumard, afin d'échapper au pire... la tempête nous a quand même rattrapé : à 24h de l'Irlande, les nuages noirs d'une queue de dépression devenue trop active a eu raison de notre grand voile, déchiquetée ! Il faut dire qu'avec l'anémomètre bloqué entre 50 et jusqu'à 65 nœud, nous avons passé 8h en mode plutôt "survie" ! Mais notre fidèle Vagabond est costaud. Plus que mes bras tétanisés de crampes à la barre... Nous avons battu tous les records de vitesse de Vagabond : nombreux surfs à 11, puis un mémorable à 13 nœuds !!! Sportif mais productif.


Géologie et géophysique dans Gardar, opus III, 2ème partie

  • 175206 Recuperation station sismique©EB
  • 173818 Retour Narsaq avec 5 stations sismiques©EB
  • 095410 Rencontre avec L'Harmattan et son equipage en route vers le PNO©EB
  • 150718 Escale banquise fjord Qooroq©EB

8 juillet, Léonie et Aurore arrivent de France, à peine en avance sur Christophe Prunier, ingénieur en géophysique, Christian Schiffer, géophysicien déjà à bord l'été dernier, et Christophe Raylat, réalisateur et cameraman, qui prend le relai de Pierre Petit.

L’idée est de récupérer les 15 stations sismiques que nous avons mises en place l’été dernier afin d’enregistrer les « frissons de la terre » ! Joie de se retrouver en famille pour partager cette dernière partie de la mission qui nous a occupée pendant trois étés, et avec de bons compagnons !

Christian est ravi, mission accomplie : toutes les stations ont fonctionné. Christophe également : c’est lui qui avait prévu et colisé tout le matériel nécessaire dans le container bleu de l'IPEV, entreposé à Narsaq depuis un an, et dont il prépare l’acheminement retour par cargo. Et notre Christophe « suricate », surnommé ainsi par la complicité des filles, emmagasine tout cela avec enthousiasme dans l’œil de sa caméra.

Au détour d’un fjord nous apercevons un petit voilier jaune, l’Harmattan, qui nous cherchait. Nous les précédons jusqu'au petit fjord qui nous est cher au milieu de l'île Tuttutooq pour y passer une soirée conviviale. Tanguy, rencontré à bord du catamaran We Explore l’année précédente, part pour le passage du nord-ouest avec ses trois amis. Nous les quittons le lendemain, non sans avoir parcouru doucement sous voiles la fin du fjord qui nous avait si bien accueilli les années précédentes.

Fin de la mission. Nous passons par le fjord de glace juste avant Narsarsuaq pour nous émerveiller une dernière fois… On amarre Vagabond à une belle plaque de glace avant d’aller batifoler sur ce terrain cabossé beige blanc bleu lorsque le vent monte puis souffle en rafales ! Retour à bord un peu précipité avant de larguer l’amarre, tandis que dame nature nous joue une de ses symphonies toute en force et en beauté. Spéciale dédicace pour nos compagnons qui reprennent l’avion quelques heures plus tard...

A propos du projet Protéro-Litho2 (2023-2025).


Un entre deux plein de rencontres

  • 100049 Depart competition chasse au phoque©EB
  • 112152 Decoupe et partage des phoques©EB
  • 160457 Fete du Groenland solstice ete©EB
  • 160623 France aquarelle sur glace©EB
  • 214404 Ferme de Kangerlua©EB
  • 140725 Anniversaire Aka ferme Kangerlua©EB
  • 141848 Eric Pierre France Paul et Monica©EB
  • 142520 Funerailles Narsaq©EB
  • 140013 Kaffemik ferme Eqaluitilua avec Jacky et Birgitte©EB
  • 180436 Bonne peche avec Jacky et Birgitte©EB

Une fois Laurent reparti, nous ne sommes plus que trois à bord, Pierre, Eric et moi pour 18 jours, avant l'arrivée de l'équipe suivante. C'est assez étrange de vivre ce rythme moins trépidant qu'à notre habitude quand les missions s’enchaînent et que le temps semble manquer ! Mais nous n'avons jamais hiverné au Groenland et sommes heureux pour une fois d'avoir du temps afin de rencontrer, de vivre mieux au diapason de ceux qui nous entourent.

Pierre en profite, à la manière d'un impressionniste-reporter, pour capturer ambiances, témoignages ou scènes de vie, tous ces ingrédients du réel qui plantent le décor et apporteront des suppléments d'âme à son documentaire.

Pour commencer, une date, incontournable : le 21 juin, fête du Groenland et solstice d'été ! Au programme, entre autres, concours de chasse au phoque le matin, remporté en 9 minutes et 15 secondes après le départ des speed boats (le deuxième chasseur revient seulement au bout de 1 heure et 9 minutes !), puis pique-nique géant dans le vallon au pied de la montagne, où poissons et phoques sont partagés et cuits sur place, avec scène extérieure et groupe sonorisé. Un Woodstock groenlandais !

Nous connaissons Ivalo depuis deux ans. Elle est en charge de la culture à Narsaq et c'est elle qui a organisé les festivités du 21 juin. Cette fois elle nous propose de nous joindre à un kaffemik presque au fond du fjord Ikersuaq, en l'honneur des 45 ans de son frère Aka qui y tient la ferme de Kangerlua. Arrivés la veille au soir en louvoyant parmi les glaces (sans oublier un belle escale plongée sous glace et aquarelle sur glace), nous le découvrons avec son fils Saamik, affairés à faire redescendre le petit drone qui leur sert à rassembler les moutons ! Elisa, sa femme, nous invite tout de suite à partager le repas. Le lendemain, 3 speed boats chargés de cousins et amis ainsi qu'un quad de voisins fermiers (de l'autre coté de la montagne) débarquent dans une ambiance joviale. Assis par terre ou sur ce qui s'y prête dans la coquette maison, rires et conversations se mélangent aux jeux des enfants autour d'une ronde de plats qui n'en finissent pas de se recharger; agneau local, mattak en sushi ou gâteaux de toute sorte... Dehors ça blague, ou joue au frisbee sous le doux soleil d'été... Bien que Vagabond soit plus lent, Ivalo est ravie de rentrer à Narsaq avec nous, accompagnée de ses deux petites filles et sa future belle fille, Gigi, enceinte jusqu'aux dents; professeure de géologie à Narsaq, elle apprécie les falaises que nous longeons et n'est pas avare de commentaires tant sur les opportunités de travail ici que sur la question brûlante des mines dans les environs...

Deux semaines plus tard, nous sommes invités au mariage de Gigi et Nanoq, le fils d'Ivalo ! Célébration dans la petite église qui trône sur une butte du village avant d'aller fêter l'événement chez Ivalo où nous rencontrons aussi sa famille plus citadine, venue de Qaqortoq ou de Nuuk.

Peu avant, l'église nous avait montré le visage du drame. Nous avions participé dans la tristesse et le recueillement à l'enterrement d'un père et de son fils. Avec sa fille de 8 ans, désormais en fauteuil roulant, ce père les conduisait vers Qassimiut en speed boat parmi les icebergs et la brume, et ce qui arrive malheureusement trop régulièrement arriva : le bateau percuta un haut fond sans doute à grande vitesse. Seule la fillette fut retrouvée vivante le lendemain, grelottante sur la berge... Pour ces funérailles, tout le village se rassemble et se soude dans la douleur.

Plus tard, en compagnie de nos amis Birgitte et Jacky, nous décidons d'aller rendre visite à l'une des fermes les plus isolées de la région, Eqaluitilua, aussi éloignée qu'enclavée par sa barrière d'icebergs. Une fois à l'ancre, nous prenons le temps de déjeuner à bord avant de nous rendre à terre. Le fermier arrive alors très vite à notre rencontre, nous invitant à venir prendre un café... sa mère, qui a vécu une bonne partie de sa vie ici, qui a construit l'exploitation avec son mari, a déjà confectionné un magnifique gâteau pour notre arrivée ! Récits de cette installation, de la vie au fil des saisons, photos, dessins, tannage... pas d'oisiveté. La présence de Jacky change tout : au Groenland depuis plus de 30 ans, il parle groenlandais et surtout, communique par radio depuis longtemps avec les habitants de cette ferme sans ne les avoir jamais rencontrés ! Eux sont en train de basculer de l'élevage de moutons à la culture de pommes de terre ! Et de même que leurs "voisins" de fjord, pour rien au monde ils iraient vivre en ville, à Narsaq !

A Narsaq depuis des années il y a aussi Paul et Monica, américain et allemande, qui ont veillé avec beaucoup de soin sur Vagabond durant l'hiver. Ils embarquent avec leur chien à bord de Vagabond pour quelques jours et nous font découvrir les sites qui leurs sont chers.

A Narsarsuaq, près de l'aéroport, ce sont Birgitte et Jacky, danoise et français (naturalisé groenlandais), qui depuis trois ans nous offrent amitié et logistique en nous prêtant salle de bain et machine à laver à chaque escale, ainsi que d'innombrables moments de convivialité et de récits épiques, sacré Jacky !

A propos du projet Protéro-Litho2 (2023-2025).


Géologie dans Gardar, opus III

  • 200037 Briefing apero debut mission Laurent Geoffroy©EB
  • 181006 Blomsterdalen©EB
  • 121316 Laurent releve orientation dyke Blomsterdalen©EB
  • 112225 Dykes pres de l inlandsis©EB
  • 122116 Sud inlandsis Groenland©EB
  • 123217 Laurent et Pierre helico pres de l inlandsis©EB
  • 165102 Laurent explique station sismique©EB
  • 170342 France ramasse des moules©EB

C'est très tôt en saison que cette année, nous accueillons Laurent Geoffroy pour la troisième et dernière année de sa recherche sur Gardar. Les dykes géants de cette région vont ils livrer leurs secrets ?

Nous travaillons toujours dans une échelle de temps... incommensurable. D'ailleurs, cette question revient tous les jours de son court séjour. Petits déjeuners ponctués de schémas, où l'on voit la naissance de l'univers il y a 14000 millions d'années, du système solaire voilà 4500 millions d'années, l'apparition des roches que nous foulons ici, dans la région de Gardar il y a 1500 millions d'années... et l'apparition de l'homme tout récemment, il y a juste 0,3 millions d'années. Vertigineux. De quoi mettre en perspective notre présence sur terre, homo sapiens pensant, seul être vivant capable de questionner le passé et l'avenir.

Pour remonter le temps il faut prendre de la distance. Cette année Laurent affrète une journée d'hélicoptère afin d'observer de haut différents sites, mais aussi de se poser sur des massifs proches de glaciers inaccessibles en bateau, afin de découvrir de nouveaux dykes, magnifiques filons de magma, de noter leurs positions et orientations et d'ajouter ainsi des pièces à l'énigme de la tectonique des plaques dans cet endroit du monde.

A une échelle plus terre à terre nous avons moins de chance : une bonne tempête de deux jours cloue Vagabond à quai, occasion d'arpenter la vallée glacière au nord de Narsarsuaq et d'y faire de belles découvertes pour Laurent. Mais une pluie glaciale ne laissera que peu de répits durant sa semaine au Groenland. Nous enchaînons néanmoins les sites d'observation, carnet et boussole en main pour Laurent.

A bord, toujours prêt à questionner en profondeur et à immortaliser de son objectif, Pierre Petit, réalisateur, construit un documentaire sur cette recherche; c'est un autre challenge que de donner à voir ce qu'il est plus simple à expliquer en mots qu'en images ! Sa caméra ne remonte pas le temps... En montagnard tout terrain il s'adapte à la situation et patiemment il ébauche, traque et capture la lumière lorsqu'elle lui semble parlante.

A propos du projet Protéro-Litho2 (2023-2025).


Transarctique

  • Itineraire trois poles Transarctique Charcot
  • Team science pole nord magnetique©Antoine Le Guen
  • 140750 Mesures temperature carotte banquise©EB
  • 143033 Immersion pompe Takuvik©EB

Une vingtaine de scientifiques ont embarqué à bord du brise-glace Le Commandant Charcot du 6 au 26 septembre 2024 pour une traversée de l'océan Arctique, de Nome (Alaska) à Longyerbyen (Svalbard) en passant par le pôle Nord. Ils ont répondu à l'appel à projet de ARICE (navires et plates-formes d'opportunités) en coopération avec la compagnie PONANT. Nous étions quatre coordinateurs scientifiques pour accompagner ces chercheurs.

Les possibilités d'atteindre cette région centrale de l'Arctique sont très rares mais la contribution des bateaux de croisières à la recherche polaire suscitent hésitations et débats (lire l'avis du CNRS : Les campagnes d’opportunité : des partenariats éthiques pour la recherche scientifique ?).

Les travaux scientifiques effectués pendant la Transarctique se sont concentrés sur : - les propriétés thermohalines et biogéochimiques de l'océan Arctique - les glaces de mer - les écosystèmes marins (pélagiques, glace de mer et bioaérosols) - le cycle du carbone - la plastisphère - les performances et la réponse structurelle du navire - l'étude ethnographique des expéditions scientifiques polaires

L'équipe internationale de chercheurs aux expertises complémentaires : Maurizio Azzaro, Elena Adasheva-Klein, Leticia Barbero, Indiana Bruzac, Nicolas Cassar, Federico Citterich, Fuat Dursun, Francesco Filiciotto, Caroline Guilmette, Christian Haas, Ricarda Kluge, Jan Kubiczek, Alireza Merikhi, David Pearce, Alessandro Ciro Rappazzo, Elisabeth Rosselli, Franz von Bock und Polach, Shiye Zhao, Lixin Zhu.

Voir l'album photo.


Géologie dans Gardar, opus II

  • Derniere station sismique installee programme Protero-Litho2©EB
  • 1616 Installation premiere station sismique proche de la calotte glaciaire©EB
  • 1245 Vagabond mouillage fjord Qaleradlit©EB
  • 1116 Installation station sismique ile Qeqertaq fjord Kangerdluarssuk©EB
  • 1000 Changement equipage Vagabond a Narsarsuaq©EB
  • 1700 Sismometres pour projet Protero-Litho2©EB

Léonie, Aurore et moi retrouvons Eric, son équipage et Vagabond à Narsarsuaq après avoir déménagé de Saint Pierre et Miquelon. C'est en descendant du Pilatus PC-12 de notre ami Hubert que nous foulons le tarmak groenlandais et après une joyeuse soirée et nuit sur Vagabond, ses super pilotes Georges et Sophie repartent avec nos quatre saint-pierrais ravis pour un joli vol retour ! Notre équipage familial est fin prêt pour accueillir les géologues.

Cette année diffère beaucoup de l'été 2023, même si Laurent Geoffroy en est toujours le chef d'orchestre. C'est par cargo au printemps que sont arrivés les instruments à mettre en place sur le terrain bien étudié l'an passé. Les instruments ? Des stations munies de sismomètres, afin de déceler les mouvements internes de la terre, à installer pour une année sur des sites savamment étudiés, constituant un système de deux transects sur une centaine de kilomètres.

Nous sommes dans la phase 2 de l'enquête entamée l'été dernier sur la formation étonnante de cette région au sud du Groenland !

Le cargo ayant déposé le conteneur IPEV avec l'ensemble du matériel à Narsaq, c'est là que nous convergeons après chaque installation. Vagabond s'alourdit à chaque rotation de 3 stations : blocs de bétons et batteries nous font les bras à chaque embarquement et débarquement du matériel ! Il y en a 15 en tout. Laurent est accompagné de Christian Schiffer, géophysicien spécialiste des sismomètres. Il est allemand et danois, et vit en Suède. A nous 6 règne une ambiance sympathique et active à bord de Vagabond !

Au bout de trois semaines, les 15 stations sont installées et Christian nous quitte. C'est le moment pour nous d'accueillir à bord Marie et Charlie, fine équipe féminine et artistique venue s'imprégner des lieux et des ressentis de nos filles afin de nourrir le scénario de leur projet de film d'animation : l'histoire d'une petite fille embarquée sur un bateau scientifique avec son père capitaine, dans l'Arctique...!

Laurent, toujours en quête d'indices géologiques, nous emmène alors dans la baie paradisiaque de Tasiussaq, atteinte après une lente progression dans la brume lumineuse d'un fjord encombré d'icebergs. Après avoir visité une ferme isolée, les filles vont nager dans un lac de faible altitude tandis que Laurent et Eric font le tour géologique de la vaste baie.

Quelques jours avant notre départ en avion, laissant Vagabond sagement amarré au port de Narsaq sous la surveillance de nos amis Paul et Monika, un léger tremblement de terre, chose rare dans la région, vient nous secouer... moins de 8 jours après la pose de l'ensemble des instruments. Le bonheur !

A propos du projet Protéro-Litho2.


Plongées au Labrador

  • Eric et Vincent plongeurs@Rachel Robert
  • Marilyne et Natasha pretes a plonger aidees par Hoel@Eric Brossier
  • Minoli et Natasha tri coralline@Eric Brossier
  • Rencontre avec famille de Hopedale@Eric Brossier

26 juin : famille, amis et musique sur le quai Eric Tabarly... Beaucoup d'émotions en quittant l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon après 3 années riches en rencontres et découvertes. Pour adoucir ce grand départ, je suis accompagné de 4 amis de l'archipel : Maryline Lecourtois, Rachel Robert, Hoel Chaigne et Vincent Rinaldo. Reportage, par SPM la 1ère.

Malgré des conditions délicates (météo, éloignement...), Vagabond a été bichonné ces derniers mois. La mer est agitée dès la sortie du port mais nous partons sereins. Amarinage difficile pour certains !

Escale logistique à Saint-Jean de Terre Neuve, où nous embarquons les paléoclimatologues Minoli Dias, responsable du programme scientifique, et Natasha Leclerc, assistante et plongeuse. Elles sont déjà venues à bord de Vagabond pour de la collecte de coralline au Groenland ou au Nunavut, et c'est un plaisir de se retrouver pour cette nouvelle mission après de longs préparatifs (financement, logistique, permis et autorisations...).

3 juillet, 21h : Vagabond accoste pour la nuit au village de Hopedale au Labrador. Dernières mises au point et rencontre avec nos interlocuteurs de la communauté avant de rejoindre, le lendemain matin, le site de plongée à 20km à l'est du village.

Depuis 10 ans, Vagabond et son équipage contribuent à la collecte de coralline pour Jochen Halfar, de l'université de Toronto, et pour ses collègues. Il s'agit généralement de prospecter en étudiant les cartes et images satellites dans un premier temps, puis à l'aide d'une caméra opérée depuis l'annexe de Vagabond. Lorsque ces recherches sont fructueuses je plonge sur le site avec marteau, burin et filet, le plus souvent avec un coéquipier, pour tenter de prélever des échantillons de coralline les plus sains et les plus épais possible.

Cette année nous sommes 4 plongeurs et le site est déjà connu pour des échantillons records. Pendant une semaine, Vagabond reste au mouillage et les plongées s'enchaînent. L'eau est froide, la visibilité parfois assez faible, mais l'équipe est soudée et la collecte dépasse toutes nos ambitions : plus d'une demi tonne de coralline est remontée sur le pont ! Un tri important est alors nécessaire, Minoli conserve tout de même 304 kg d'échantillons, qui seront acheminés jusqu'à son laboratoire à Toronto.

Minoli et Natasha nous quittent à Hopedale le 9 juillet, lourdement chargées mais très satisfaites, tandis que mes équipiers saint-pierrais poursuivent avec moi pour 4 jours de traversée jusqu'au Groenland. Les glaces barrent l'entrée des fjords, il nous faut les contourner par le nord et batailler dans le pack pour parvenir à se faufiler jusqu'à l'entrée du fjord Ikersuaq. Nous atteignons Narsaq le 14 juillet !

Article à propos des travaux de Minoli Dias.