Dans le port encombré d’Ilulissat Vagabond trouve asile à couple de la
Louise et c’est toujours un plaisir de retrouver son capitaine, Thierry
Dubois.
En quelques heures, nous passons de la science à la photo : trois
grenoblois, Ludivine, Marc et Christian rejoignent notre Christian
Morel, animateur de ce séjour photo, et de Saint-Pierre nous arrivent
Jessica accompagnée d’Amaury, son fiston de 8 ans aussi vif que
perspicace et attentif !
Bien sûr le site de départ met la barre haute : les baleines ne manquent
pas d’ajouter à la magie de l’imposant front de glaces. Cependant l’idée
étant de redescendre vers Nuuk, il faut bien quitter ce décor pour
retrouver les îlots et villages éparpillés le long de la côte.
La météo n’est pas idyllique. Il faudra ajuster vitesse et escales en
fonction des coups de vents, savoir apprécier les nuances de gris et
capter les instants lumineux. La nuit nous offre tout de même une
magnifique pleine lune dite bleue (en fait rouge) et quelques aurores
boréales. Les navigations de nuit, indispensables pour parcourir la
distance dans le temps imparti, se font par quarts de deux, ce qui
permet de bons moments de partage et offrent aux photographes l’occasion
de découvrir cette ambiance particulière.
Une escale nature à l’abri de la houle, dans une mini passe, puis une
escale entre trois îlots dont celui du village d’Itilleq, toujours pour
s’abriter du vent de face… L’ancre de Vagabond y a la courtoisie de ne
déraper qu’une fois tout le monde rentré à bord, après visite du village
et pêche aux moules. Sur l’épaisseur d’algues qui semblent tapisser les
fonds, re mouiller correctement n’est pas simple. Un jeune pêcheur
groenlandais tente de nous aider, puis nous offre un char de sa pêche
(omble arctique). Le lendemain il nous en offre sept de plus et nous
raconte ses chasses au caribou ! Eric s’est d’ailleurs vu offrir café
puis caribou frais la veille. Les souvenirs refont surface chez certains
habitants qui se souviennent de Vagabond en escale chez eux, 9 ans
auparavant, avec Léonie et Aurore toutes jeunes !
Toujours courant entre deux coups de vent, cherchant de nouveaux abris
sur notre route, nous finissons par entrer dans un mini fjord très haut
et étroit : ici, avec un amarre à terre de chaque coté en plus de
l’ancre, nous étalons tranquillement les 40 nœuds de vent (50 au dehors)
et la pluie battante.
Afin de parvenir à Nuuk avant les avions de nos amis, il nous faut
repartir pour une nuit de quart… plus hasardeuse que jamais : ne pas
s’écarter de la ligne de sonde qui passe entre une multitude de
cailloux, dans la houle, le vent et la nuit. Mais surtout, il y a ce
passage vraiment serré plus au sud. Nous y parvenons de nuit, la grand
voile toujours plaquée au mat par vent arrière. La houle est canalisée
par les îlots mais le courant est fort et la marée haute. Malgré notre
vigilance, deux personnes dehors avec des torches afin de mieux voir,
Vagabond heurte l’entrée du passage. Rien de grave, il y a toujours ce
tapis d’algues. Mais l’étrave est déviée et nous manquons de grimper sur
la cote rocheuse. - Marche arrière toute ! Puis - marche avant ! - mais
un autre rocher surgit dans le phare ! Finalement, c’est en travers et
la poupe en premier, portés par vent et courant, que nous traversons la
passe. Adrénaline garantie.
Comme pour nous réconforter, le plus beau matin du monde s’ensuit dans
ce que l’on nomme les Alpes de Maniitsoq. Photos à gogo, lumières plein
les yeux et repos au fil des canaux intérieurs précèdent notre arrivée à
la capitale.
Resteront les photos et les souvenirs imprimés dans nos mémoires.