Séjour intense pour Fred, Jean et Lucas : brève plongée sous la banquise,
bain de mer encore plus bref, chasse au phoque, visite d'un ours... La météo
est redevenue mauvaise pour le trajet retour. Il restait encore juste assez de
neige pour reconduire la motoneige jusqu'à Svea, d'où nos 3 amis reprenaient
l'avion. Sans aucune visibilité, concentré sur le GPS, conduisant doucement à
travers les glaciers, je n'étais pas très fier de remorquer ainsi les 3
skieurs. A 12 km de Vagabond, Jin a soudain fait demi-tour. L'un de nos 2
chiens nous suivait fidèlement vers Svea, pour m'accompagner au retour, afin
de m'aider à tirer la pulka et veiller sur ma tente pendant la nuit. Je suis
revenu en arrière sur quelques kilomètres, j'ai appelé en vain dans la
tempête. Il ne me restait qu'à retrouver les autres et espérer que Jin ne se
soit pas égaré. En arrivant à Svea quelques heures plus tard, après un périple
éprouvant, France nous a appris par téléphone que Jin n'était pas revenu au
bateau. Dès le lendemain matin, j'ai salué nos 3 amis, laissé la motoneige,
récupéré le courrier, avant de repartir avec ma lourde pulka vers la baie
d'Inglefield, à 45 km de Svea. 36 h après avoir aperçu les dernières traces de
Jin, j'ai planté la tente au même endroit, espérant le voir revenir. Ce n'est
qu'en reprenant ma route, le jour suivant, que j'ai croisé ses traces, le long
de la moraine qui sépare les glaciers Edvard et Nordsyssel, à 10 km de
Vagabond. J'ai exploré les environs pendant quelques heures, avant de me
résigner à rejoindre Vagabond, en raison du mauvais temps annoncé. Ce dernier
coup de vent fût bref heureusement, France et moi avons pu retourner sur place
rapidement, installer un camp pour continuer les recherches avec Frost, malgré
le brouillard persistant. Hier enfin, au pied du Storbollen, en bas du glacier
Edvard, Jin a entendu nos appels. Emotion de le voir revenir en courant vers
nous, après plus de 5 jours de vadrouille ! Le gouverneur aussi sera
rassuré, Jin ne fera pas comme ce chien égaré au printemps qui tuait des
rennes pour se nourrir et se cachait des motoneiges qui le cherchaient. Aucune
visite d'ours à bord pendant notre absence, et Vagabond a même retrouvé son
assiette, dégel aidant.