France raconte Grise Fiord
Passer un peu de temps au village est un vrai privilège. Lorsque Liza nous dit "sentez vous chez vous", la formule se fait réelle avec une simplicité remarquable et étonnante, malgré notre différence de culture et parfois, de langue; Liza et Aksakjuk parlent plus l'inuktitut que l'anglais. Leur générosité et leur attention aux enfants est touchante. Sans les filles, je peux me joindre au groupe de femmes qui chaque samedi se retrouvent et apprennent, en ce moment, à traiter la laine de boeuf musqué. La peau est étalée dans une pièce et chacune, à l'aide d'une fourchette, peut extraire la douce laine qui se trouve sous les longs poils, plus proche du cuir. Ensuite il faut la trier, puis la carder à l'aide l'une machine et enfin, en faire du fil de laine en la faisant passer dans une autre jolie petite machine en bois électrique. Mais nous n'en sommes pas encore là. Tout comme les réunions coutures du lundi soir à l'église, chez l'une ou l'autre si l'église est trop froide, ces moments entre femmes renforcent la chaleur et la complicité si précieuse dans notre froide nuit polaire. Chacune apporte son ouvrage et si la prière se fait au début et à la fin de la soirée, l'humour n'en est pas moins de mise chez ces pétillantes petites dames de tous les âges !
Incontournable lieu de rendez vous, la Coop à ses heures d'ouvertures. On y va autant pour faire de menues courses que pour bavarder avec tout le village et savoir ce qu'il s'y passe !
Même aller relever son filet à phoque peut se révéler un rendez vous convivial, une ou deux familles se rejoignant sur la banquise, puis se suivant dans la nuit pour chercher des trous de respiration de phoques si l'on revient bredouille. Accompagner chaque jour nos amis fut édifiant. D'abord, les temps sont durs pour attraper des phoques dans les mailles. Ensuite, les ajustements ou accidents avec le filet ou les bouts qui traversent la glaces ne sont pas rares; nous avons pu ainsi apprendre comment se sortir de ces situations délicates entre eau et glace. Et se souvenir qu'il faut s'armer de patience...
Les enfants qui ne passent pas beaucoup de temps dehors dans la nuit et le froid se retrouvent chaque soir au gymnase pour jouer ensemble et se défouler. Les Rangers Juniors, eux, s'y concentraient dimanche après midi, s'entraînant au tir dès l'âge de 12 ans. Et bon nombre d'activités sportives ou non s'y déroulent certainement pour profiter de son espace chauffé et lumineux.
Ainsi va la vie dans la nuit, sans doute le jour renaissant verra t'il chacun respirer plus longuement au dehors et peut être regretter ce temps convivial dans l'intimité de la nuit. Il en est de même sur Vagabond... (par France Pinczon du Sel)