De la baie Marshall à Qaanaaq
6 septembre. En attendant la marée haute qui permettra de relever l'ancre, nous profitons à nouveau du soleil pour un pique nique à terre. Il est temps de faire route vers le sud. Les glaces se sont rapprochées de la côte avec le vent de sud-ouest, la lumière est belle. Afin d'étayer son message de conscience face aux convoitises tournées vers les régions arctiques, Emmanuel aidé de Catherine et Bénédicte déploient les 193 drapeaux en une ronde colorée sur une belle plaque de glace. Vagabond tourne autour d'eux afin d'immortaliser en images cet instant symbolique. Emmanuel, avec sa plume engagée, transmettra plus tard son message aux différents pays. Comme prévu, la brume tombe et le vent se lève vers une heure du matin, Vagabond jette l'ancre à proximité de l'île Littleton, dans une petite baie qui découvre presqu'entièrement à marée basse ! A terre, nous observons encore beaucoup de restes de huttes de pierres.
Le lendemain, le vent souffle toujours fort lorsque nous cherchons un mouillage pour explorer l'île de Littleton. Après en avoir fait le tour, une partie de l'équipe parvient à débarquer, à la recherche de vestiges laissés par les explorateurs du siècle dernier. Malheureusement, la neige couve ses secrets, seul le gros cairn au sommet de l'île se manifeste. Là encore, une bouteille et un message laissés par l'équipage de Dagmar Aaen il y a 4 ans. Eric peut tout de même inspecter la station météo réinstallée voilà deux ans. Le vent est fort, très fort en haut de l'île. Puis Vagabond, dos au vent, poursuit rapidement sa route vers l'abri le plus proche, la baie Kenrick, en attente pour passer le fameux cap Alexander. Dès le lendemain le vent mollit, la route est radieuse le long de la côte enneigée. Si calme que le filet à plancton est remis à l'eau, de minuscules organismes très rouges s'agitent au fond de leur bouteille ! Dans la nuit Vagabond laisse tomber son ancre à quelques heures de Qaanaaq avec un jour d'avance sur l'avion de nos amis.
Aurore et Eric partent en balade à terre, par un temps splendide, pendant que le reste de l'équipe fait la grasse matinée. Mais l'ultime pique-nique à terre est soudain écourté par de sérieuses bourrasques. Nous redescendons vers la plage le plus vite possible et la mer, d'huile auparavant, est déjà bien agitée lorsque nous retrouvons Vagabond. Très rapidement, quarante puis cinquante nœuds s'établissent, puis soixante, jusqu'à soixante cinq nœuds en rafales ! l'ancre dérape, la mer est blanche, des bouts d'iceberg passent rapidement à nos cotés... C'est au moteur, toute l'après midi, que nous soulageons notre mouillage. Tension, histoires pour enfants, chacun s'occupe à bord non sans admirer le spectacle au dehors, tout en tirant des bords sur place ! Au matin suivant le vent se calme finalement, l'ancre a dérapé sur 800 mètres ! Vagabond a juste le temps de tracer vers l'aéroport pour déposer l'équipe, sans même passer par le village.
Seuls à nouveau, tous les quatre, nous allons rendre visite à Birthe et Hans et profitons du retour du beau temps, à terre. Par un heureux hasard nous retrouvons Marius et Naja, qui nous avaient si chaleureusement accueillis chez eux à Savissivik voilà deux ans. Nous sommes aussi déçus qu'eux de ne pouvoir honorer leur invitation, puisque nous sommes sur le départ et le créneau météo n'attend pas !