Narvals d'octobre

  • Viande fraiche pour equipage de Vagabond
  • Degustation narval a bord

C’est avec un grand plaisir que nous prenons tempo- rairement le relais d’Éric, France, Léonie et Aurore sur Vagabond. « J’espère que vous savez tout bien faire maintenant ? » nous disait Léonie avant son départ. Rapidement, nous avons pris nos marques et notre rythme se calque sur celui du nord.

Le mois d’octobre est un mois de chasse au narval et à l’ours polaire à Qikiqtarjuaq : chaque jour, des dizaines de bateaux de chasseurs sillonnent la baie à la recherche de la licorne des mers. Il en restait sept sur le quota annuel quand nous sommes arrivés, il en reste un seul aujourd’hui. Toute la communauté vibre au rythme des chasseurs. Trois narvals ont été chassés proches du bateau, nous avons pu assister à la découpe la nuit tombée. Six bateaux, une douzaine d’hommes et de femmes de tous âges affairés autour des trois carcasses, découpe du maktak (peau et 1 cm de gras), découpe de la viande et « on laisse le reste pour les ours – trop maigres en ce moment – ou pour les gens du village qui ont des attelages de chiens ». La répartition de la viande en dit long sur les façons de vivre ici : une fois que l’entourage du chasseur principal en a suffisamment, il invite ensuite les autres membres de la communauté, via la radio locale, à se rendre chez lui pour se servir si besoin. Un peu pour chacun, et toujours en pensant à ceux du village qui mangent moins.

La communauté a eu droit de chasser cinq ours cet automne (le quota total pour l'année est de dix). Les noms des chasseurs sont tirés au sort, quelques-uns chaque soir. Après la chasse et le découpage de la viande vient le temps de préparer la peau, tâche à laquelle nous avons assisté lors d’une soirée chez des amis au village.

Chaque visite au village nous permet de rencontrer un peu plus la communauté et d’échanger, de partager avec eux. « Tu connais Léonie ? » nous demandent ses copines d’école. Ils sont assez intrigués par ce bateau qui va rester tout l’hiver ! Depuis peu, certains curieux nous rendent visites à bord. Nous échangeons alors le temps d’un café de grandes conversations en anglais ou en inuktitut aidés (toujours !) du fameux langage international des signes !

La chasse se termine ces jours-ci, et elle ne reprendra qu’en janvier avec quelques ours polaires de plus a priori.