La sortie avec les Elders

  • 008 Collecte de plancton avec les anciens
  • 013 Anciens et qulliq au camp de glace

La sortie au camp de glace avec les elders, ainsi sont nommés les ainés, a enfin pu avoir lieu; en effet, le ciel en décidait autrement depuis 2 semaines. Vent, brumes, neige, slush... puis vient l'urgence d'avant les grands départs, avant qu'ils ne partent pour leurs campements d'été.

Ce fut avec curiosité, une belle dose de bonne humeur et de bienveillance qu'une quinzaine de personnes âgées de plus de 60 ans nous ont suivi jusque dans notre tente inondée. Ambiance magique dans son obscurité, faisant éclater la lumière turquoise par le trou du milieu, scintiller les reflets rouges du bas de la tente sur les 5 cm d'eau inondant le plancher. Chaque paire d'yeux a suivi le messager qui referma la bouteille Niskin, inspecta les instruments bizarre perchés sur des caisses, une rampe à filtration ici, un gros filet à plancton là... Celui ci leur révéla d'ailleurs quelques planctons tout de bleu irisés. Puis dehors, ambiance enjouée autour du carottage fait à la main, avec concours de qui aura la fin de la carotte ! Les algues du dessous de la banquise deviennent une réalité pour chacun de nos invités; certains, auparavant, avançaient avec certitude que ce devait être des sédiments brassés venus du fond...

A midi sonnant, certains se serrent dans la cabane chauffée pour déguster sandwichs et crêpes faits par nos soins. Puis, les rôles s'inversent. Les femmes inuites nous offrent la cérémonie traditionnelle qui préside à chaque événement important : l'une d'entre elles a apporté un qulliq (lampe à huile) afin de faire jaillir le feu. La vie. En terre émaillée ou fait de métal, le réceptacle est empli d'huile de phoque. Sur son bord est disposé un petit tas de végétaux séchés qui sera allumé, puis répandu sur tout un bord du qulliq, agissant comme une mèche de bougie. C'est le foyer, chauffage et fourneau qui maintenait la vie et la lumière dans les igloos et autres maisons de tourbes et bois flotté. Patiemment, aidées d'une des leurs qui traduit, les ainées répondent à toutes nos questions. Nous sommes comme des enfants, tournés vers leur passé, leur savoir. Scientifiques et inuits, comme dans un igloo au coin du qulliq. Simplicité, tranquillité, l'échange en est un vrai, réciproque. "Nous ne vous oublierons pas" nous disent ils, nous remerciant de les avoir accueillis.