Préparer l'hivernage
Démarrer les moteurs, lever l'ancre, quitter le village... J'ai rarement navigué en solo à bord de Vagabond. C'est assez grisant, même si je ne vais pas loin, juste de l'autre côté du détroit qui sépare l'île Broughton de l'île Baffin, dans la petite baie protégée où Vagabond va passer un troisième hiver.
Le 19 septembre, j'embarque avec Goatamie, Leelee, Lizzi, Sarah, Sheema et les deux journalistes de TF1 pour le fiord du Couronnement. Un cadre magnifique pour évoquer l'Arctique et son rôle de sentinelle du climat mondial.
Le beau temps se maintient : parfait pour une sortie en kayak avec Yves, qui tente un esquimautage (!), puis une petite ascension pour récupérer les photos du boitier installé sur le sommet voisin, et une plongée sous la coque pour changer les anodes d'hélices.
La météo se dégrade, je suis contraint de rester à bord, l'heure est au rangement, au nettoyage. Le vent chasse les glaces dérivantes et je ne suis plus réveillé par les chocs soudains et violents de la coque contre les glaces ! Le paysage blanchit rapidement sous la neige fraîche.
Le cargo ravitailleur arrive et jette l'ancre non loin de Vagabond, il se met ainsi à l'abri pendant deux jours, jusqu'à ce que les conditions permettent le débarquement des nombreux véhicules et caisses attendus par les villageois. Le prochain navire ne pourra pas venir avant août 2016.
Notre voilier est prêt pour l'hiver, il n'y a plus qu'à attendre que la mer gèle. Le laisser au mouillage, dire adieux à nos amis, je quitte Qikiqtarjuaq pour quelques semaines. Emu, mais heureux de bientôt retrouver Aurore, Léonie et France en Bretagne.
Escale à Québec de quatre jours pour faire le point avec l'équipe de Green Edge, à Takuvik, pour une conférence au Musée de la Civilisation, et pour voir Valentine et Vincent chez eux. Ils me présentent Diego, né le 16 septembre. Tous les trois s'apprêtent à rejoindre Qikiqtarjuaq pour veiller sur Vagabond pendant notre absence.