Coup de vent du 14 juillet

  • Leonie heureuse de retrouver la banquise
  • Equipe coralline baie de Melville

Vagabond lève l'ancre enfin, le vent est tombé et il est temps de reprendre notre quête de coralline. La mission s'achèvera dans 5 jours et notre collecte est assez maigre depuis Upernavik. C'est là que Jochen Halfar, responsable du programme scientifique, a embarqué pour 17 jours.

Entre la baie de Disko et Upernavik, il n'y a pas eu de plongée, nous avions exploré cette zone en 2016. Depuis Upernavik, avec Jochen, la recherche est à nouveau intense, les plongées souvent magnifiques, mais relativement peu d'algues rouges à échantillonner... Par contre, les assiettes sont régulièrement garnies de coquilles Saint-Jacques, de moules, ou d'oursins !

La traversée de la baie de Melville est totalement magique. C'est tout juste la débâcle, nous sommes momentanément coincés par la banquise (beaucoup moins qu'en 2011), les icebergs sont innombrables, le soleil brille nuit et jour sur une mer d'huile. Baleines et ours sont au rendez-vous. Quelques escapades à terre nous permettent d'apprécier l'immensité de cette région sauvage du Groenland.

A Savissivik, village isolé au nord-ouest de la baie de Melville, au pied d'une grande colonie de mergules nains, nous retrouvons Ole et sa famille, ils nous avaient chaleureusement accueillis et donnés des chiens en 2012. Avec 5 enfants, ils représentent 15% de la population locale. Ole chasse toujours le narval avec son kayak et un flotteur en peau de phoque, même si le bateau à moteur est autorisé depuis 2006. Il nous offre un bon morceau de peau (maqtaq), qui peut se manger cru ou cuit. Nous lui donnons la seule coquille Saint-Jacques que j'ai trouvé lors de la plongée du matin, devant son village. Un met local mais totalement inhabituel pour lui ! Il s'intéresse à notre recherche de coralline, Jochen et Natasha lui en donne un morceau. Nous profitons de la douche communautaire de Savissivik puis poursuivons notre route vers le Cap York.

Le vent nous pousse vers le nord-ouest, un peu trop vite (pointe à 9 noeuds !) puisque les conditions deviennent trop difficiles pour explorer les fonds marins. Le mouillage dans la baie Parker Snow ne tient pas, Vagabond continue sa route à vive allure. Impossible alors de faire escale à la base américaine de Thulé car le vent nous entraîne toujours vers le nord-ouest. Vers 6h du matin je fini par jeter l'ancre dans à peine 2m d'eau, au pied du rocher Fitz Clarence (200m), dans la baie Booth. Mais en début d'après-midi, 50 noeuds de vent ont raison de notre mouillage : bientôt, dans très peu d'eau, moteurs à fonds pour éviter d'être projeté sur les rochers, Vagabond s'efforce de gagner un meilleur abri dans la grande baie Booth. Ici pas de carte marine, les yeux restent rivés sur le sondeur et le radar. Soulagement après une lutte un peu longue, le mouillage tient. Il tiendra même jusqu'à la fin du coup de vent (4 jours au total).

Pendant que nous sommes tous consignés à bord par la météo, Aurore et Léonie assurent l'ambiance en décorant le bateau et en cuisinant pour fêter le 14 juillet !

Déjà plus de 3000 milles nautiques parcourus depuis Miquelon.