Coralline, icebergs, ours et patrouille
La prospection sur la côte Est de l'île Devon s'achève, les huit sites suggérés sont fréquentés par les icebergs de la baie de Baffin et la coralline n'a guère le temps de croître avant d'être raclée par les glaces dérivantes. France passe des heures dans l'annexe avec la caméra sous marine au bout de son câble pour déterminer précisément les éventuels meilleures sites de plongée. Les échantillons collectés sont ensuite séchés et inventoriés, ils seront expédiés à Toronto en fin de mission : Clathromorphum compactum contient des archives climatiques et améliore notre compréhension des changements passés de l'océan Arctique et de la banquise bien avant le début des observations instrumentées.
Bruit assourdissant, inquiétant. Un iceberg se brise en morceaux non loin de moi... France veille en surface, elle ne sonne pas la fin de la plongée, alors je poursuis mes recherches. Elle me dira ensuite qu'elle a eu peur, elle aussi !
Dimanche, nous sommes surpris par un avion énorme qui passe à très basse altitude, à deux reprises, avant un interrogatoire tout à fait cordial en français ! La patrouille militaire demande nom et indicatif du navire, port d'attache, pavillon, dernière escale, prochaine escale, nombre de personnes à bord, cargaison, marque et modèle du radar ! A leur connaissance, il n'y a pas d'autre navire dans la région ni plus au nord.
Le soir, c'est un ours qui surprend France, seule dans l'annexe, concentrée sur le petit écran de la caméra. Elle nous annonce soudain par radio que l'animal descend doucement de sa falaise, puis plus rien. Nous ne la voyons pas depuis Vagabond, l'inquiétude monte, je finis par lancer à Aurore et Léonie "on lève l'ancre !". Finalement France répond à la radio, et nous rejoint au mouillage, toute aussi chamboulée que nous. Le lendemain matin, Vagabond contourne l’îlot et nous observons l'ours, toujours là : je renonce à plonger sur ce site !
Il y a peu d'abris, heureusement la météo est clémente. Le repos au mouillage dépend de l'ampleur de la houle, soit nous sommes agréablement bercés, soit inconfortablement balancés !