Mise en place de Vagabond pour l'hivernage
Une fois Léonie et Eric partis vers Saint-Pierre-et-Miquelon, juste à temps pour rentrée scolaire et prise de poste (nouvelle station de recherche), nous nous retrouvons à deux à bord de Vagabond, Louis Wilmote et moi, pour une quinzaine de jours. Louis, avant de rejoindre Grise Fiord, a fait escale à Arctic Bay afin de récupérer en plongée l'essentiel des derniers échantillons de coralline en attente depuis l'an dernier, ainsi qu'une dizaine de capteurs. Mission réussie entre son passage à l'aller puis celui de son retour !
Quinze jours bien occupés : beaucoup de maintenance, dont d'odorantes séances en salle machine, devant le village ou contraints de s'abriter derrière de petites îles non loin du village, avant la mise au sec de Vagabond. Enfin, tout est prêt pour la première tentative. La marée atteindra une hauteur d'eau suffisante au milieu de cette nuit là. Dans la soirée, Paul aux manettes de son loader creuse dans le lit de la petite rivière qui avait servi de berceau à Vagabond l'hiver précédent. Tout aurait été simple si... est-ce cette violente rafale de vent ou le béluga venu faire deux fois le tour de Vagabond, qui aurait décidé que nous ne verrions pas la profondeur du trou creusé ce soir là ? Vagabond se mit à dériver au moment où le loader creusait. Lorsque l'ancre crocha à nouveau devant Grise Fiord, le trou était terminé mais il n'était plus question de quitter Vagabond, doutant de la bonne tenue du mouillage.
Un peu plus tard, dans cette nuit sans lune, nous commençons l'approche. Mais nous nous rendons vite à l'évidence, immobilisés devant l'abri et une amarre rompu sous la traction du loader, que ce n'est pas pour cette nuit.
Le soir suivant Paul creuse à nouveau autour de Vagabond, perché et penché hors de l'eau dans la pente de l'estran. A 1h du matin, Vagabond progresse de 3 mètres avant que la chaîne qui le tracte ne glisse. Une seconde aussière se rompt... La pression monte. Il n'y a plus qu'une tentative possible avant que les coefficients de marée ne redescendent.
C'est alors que Raymond reprend les choses en main. Lui qui avait creusé, "autant qu'il pouvait", l'année passée. Il déniche dès le lendemain matin une chaîne plus longue et plus grosse que nous préparons. Puis sans prévenir, à la mi-journée il vient tester le montage avec son loader. Vagabond tourne un peu mais le loader se cabre ! Un peu plus tard au plus haut de la marée, le revoilà accompagné de Paul : en ligne l'un devant l'autre, les deux loaders hissent Vagabond comme une fleur dans son berceau ! Avant d'avoir fini notre repas, en spectateurs depuis le pont, nous nous retrouvons enfin en bonne place pour l'hiver ! Merci Paul et Raymond de votre pugnacité.
Prochaine mission, été 2022 !