Gardar épilogue
Pour refermer notre belle page sudiste au cœur de Gardar, je vous livre ici tous ces petits riens qui sèment souvenirs et odeurs, qui animent l’ambiance du bord.
Vagabond sillonne une nature prodigue : outre les carpaccios de morue lorsque le poisson emplit déjà le congélateur, combien de fois avons nous plongé les bras dans les algues pour remonter des ventrées de moules. Au menu encore, tartes ou coulis de myrtilles et camarines, agrémentés de quelques graines de genévrier; de quoi ravir nos papilles.
Mais c’est l’esprit qui est comblé, au fil de petits déjeuners philosophiques informels lancés le plus souvent par Laurent; et quelle chance, parce que c’est lui le chef et il ne s’assombrit pas d’un léger retard sur le terrain. Fous rires face à la couverture du livre de Jordan, notre géologue anglais : « Entouré d'idiots ». Qui, nous ? Ou comment alimenter les fameux petit déjeuners : pourquoi, si souvent, nous ne nous comprenons pas ? Question de fonctionnements...
Au mouillage à Tuktutok (tuktu : caribou en inuktitut), un caribou surmonté de bois surdimensionnés, chef de la petite bande qui le suit, se découpe sur le ciel d’un soir, puis de tant de soirs. En effet, l’île se révèle héberger un élevage. On y trouve des enclos en entonnoirs jusqu’au bord de l’eau, puis les tas très blancs de bois enchevêtrés là où les bêtes ont fini le voyage.
Marc n’a pas évoqué les heures passées à recoudre la trinquette, muni comme il l’était de toute sa panoplie de voilerie. Ni du Foehn, ce vent fort et chaud venant de l’Est qui nous a poussé à bonne vitesse sur 20 milles jusqu’à la sortie d’un fjord.