Vagabond joue les brises-glaces
L'ours polaire que nous avons vu sur le pack n'est pas venu nous rendre visite. Au petit matin, il avait repris sa promenade sur la glace et s'était éloigné. Bien qu'une rencontre avec un ours polaire soit dangereuse, nous aurions aimé l'observer de plus près, bien au chaud à travers les grandes fenêtres du carré de Vagabond...
Depuis 4 jours, nous attendions un vent d'est qui éloignerait les glaces de la côte et nous permettrait d'avancer vers le Nord. Dériver dans le pack peut devenir dangereux si une tempête se lève, le bateau peut être écrasé sous la pression des glaces. Il y avait toujours quelqu'un de quart pour veiller et nous faisions très attention à la météo (nous la recevons par radio sur des cartes lues par l'ordinateur portable du bord). Heureusement, aucun fort coup de vent n'est arrivé. De temps en temps, à chaque changement de marée, le pack devenait moins dense et nous pouvions avancer péniblement avec les moteurs, et en s'écartant des blocs de glaces avec de grandes perches. Nous n'allions jamais bien loin...
Au fil des jours, notre situation devenait délicate: un courant s'opposait à notre progression et nous avait beaucoup éloigné de la côte, nous risquions d'être pris définitivement dans les glaces. Eric a décidé de forcer le passage vers la côte en utilisant Vagabond comme un brise-glace. Moteurs en marche, le bateau montait sur les plaques gelées qui parfois se disloquaient sous son poids. Il fallait ensuite s'écarter avec les perches des morceaux de glace qui menaçaient les côtés de la coque. Nous n'avancions pas vite, le travail avec les perches était fatiguant. Heureusement, au bout de deux heures, nous avons réussi à rejoindre la côte. Encore quelques glaces à éviter et Vagabond rejoignait Norwegian Blue dans une petite baie abritée appelée Weld Harbour. Nous allons y attendre ensemble que la situation des glaces soit meilleure pour faire route vers le nord.