La plongée, vue du dessus
Récupérer des pièges à bébés clams semés avec précision par 7 à 17 mètres de fond nous a permis, Eric et moi, de partager 5 fois 2 jours entre le dessus et le dessous de la banquise.
5 fois 2 jours variés. Et pour cause, les manips se sont étalées entre début mars où le froid attaque et fin avril où un printemps précoce s'installa.
Le premier trou de plongée nous pris la demi journée : 12 perforations à la tarière dans une banquise épaisse délimitant le trou, puis le bloc du milieu à casser en morceaux raisonnables; en tout près d'une tonne de glace déplacée à la pelle, au tuk ou à l’écumoire !
Un mois plus tard c'est dans la slush que nous installons le trou de plongée. Situé à proximité d'un fort courant, la glace rongée par dessous est fine et la neige qui pèse sur la banquise est inondée d'eau de mer. Nous installons donc la petite tente sur de la neige tassée au mieux, mais autour du trou, une vingtaine de cm d'eau inondent la glace vive. On croit marcher sur l'eau, la sensation de passer au travers n'est pas loin...
Le rituel est le même chaque deuxième jour. Qu'il neige qu'il vente la tente est montée, le réchaud allumé pour réchauffer matériel et plongeur. La ligne de vie, le filet, les outils sont préparés, ainsi que la Go-Pro sur son trépied que Eric installera au fond de la mer. Puis vient le harnachement du plongeur, sa sortie précautionneuse par la petite porte avant sa mise à l'eau. La ligne de vie nous relie, je sens chacun de ses mouvements au bout du fil tendu, prête à le ramener à la moindre alarme.
La plongée, c'est un travail d'équipe où chaque geste compte pour que la confiance soit totale et la sécurité optimale : un seul petit trou entre deux mondes dont un sans air !