Cap au nord

  • Bonne peche a Illorsuit

Les géologues sont repartis vers Brest. Allégé de 900kg de roches et de matériel, Vagabond ne pique plus du nez ! Il regrette déjà les explications de René, les laves en coussins, les glaces qui le chassent du mouillage en pleine nuit, l'exploration de petites criques en annexe, les pleins d'eau douce dans les cascades, les caisses plastiques trouvées sur les plages et utiles pour ranger les échantillons de roches, les apéros animés, les débarquements sportifs sur les plages, le ronron de la carotteuse...

Avant d'enchaîner sur la mission suivante et de remonter vers Grise Fiord, nous récupérons à Uummannaq, plus grosse ville visitée depuis juin 2011 (1400 habitants), une partie du ravitaillement pour l'hiver, en provenance de nos partenaires français ou du Danemark : vivres, pièces détachées et équipements de rechange. Profitant du beau temps, je passe deux heures sous la coque, en plongée, pour installer la sonde nécessaire à la prochaine mission. Ann Andreasen, enthousiaste et dynamique entrepreneuse, nous fait visiter la maisons des enfants qu'elle dirige (rendue célèbre par le film Inuk), l'Institut Polaire qu'elle préside, et une expo sur Jean Malaurie.

Lancé dans un grand périple autour du monde, Coriolis vient jeter l'ancre à côté de Vagabond pour une rencontre inespérée. Nous sommes tous invités à bord pour la soirée. L'équipe arrive de Mourmansk, elle a renoncé au passage du Nord-Est, et s'engage à présent dans le passage du Nord-Ouest !

A Illorsuit, escale suivante, France pêche une quinzaine de morues en vingt minutes ! Puis Vagabond longe à nouveau toute la côte du Svartenhuk, dont les relevés bathymétriques intéressent aussi les géophysiciens de la mission Volcabasin du mois dernier. Dans le fjord Arfertarssuk, ex-camp de base de la mission, nous avons rendez-vous avec Claudine et Alain Caradec, à bord de Kotick. Un bonheur de faire plus ample connaissance avec ces grands navigateurs.


Jet Propulsion Laboratory

Début des travaux pour le Jet Propulsion Laboratory (Nasa) : dans les secteurs insondés de la baie de Melville (zone des 1000m), au nord-ouest du Groenland, il s'agit de détecter les trous majeurs dans les fonds sous-marins au large des principaux glaciers, et de faire des relevés bathymétriques et hydrographiques (CTD) en s'approchant de ces glaciers pour voir l'évolution de la structure verticale des eaux sur la plaque continentale. Responsable : Eric Rignot, chercheur au JPL en Californie (USA). Durée : 15 jours.


Retour des géologues, lourdement chargés

  • Laurent Geoffroy

Il fait un temps splendide lorsque Vagabond se faufile entre les icebergs et quitte le Svartenhuk. L'expédition scientifique Volcabasin s'est terminée avec succès, cap sur Uummannaq avec des centaines de kilos de roches et de matériel. Laurent Geoffroy, chef de mission :

"L’objectif scientifique de la mission est d’étudier un prisme épais de formations volcaniques d’âge Tertiaire situé à la limite entre lithosphère continentale et lithosphère océanique et qui est en grande partie émergé. Ce prisme magmatique est l’expression de la rupture lithosphérique à l’Eocène entre les plaques Groenland et Nord-Amérique au-dessus d’un manteau particulièrement chaud. Cette rupture est à l’origine d’un type particulier de marges passives, les marges passives volcaniques. L’étude détaillée des laves et des projections volcaniques doit permettre, notamment, de caractériser la composition et la profondeur des réservoirs mantelliques associés à ce magmatisme anormal et de relier cette fusion à la déformation en extension de la marge. D'un point de vue général, il s’agit de mieux comprendre les mécanismes de rupture de la lithosphère continentale en contexte de flux thermique particulièrement fort."


Expédition Volcabasin, deuxième partie

  • Au coeur du Svartenhuk

La houle est toujours forte lorsque Vagabond jette l'ancre, samedi midi, devant la cabane abandonnée de Tartussaq. Priscilla, François et Bernard ont travaillé et campé là depuis mardi soir. Ils avaient alors débarqués en combinaisons étanches, à minuit, sous la pluie... ils ont finalement eu trois jours de grand beau temps et reviennent enchantés de leur séjour à terre. Pendant ce temps, Vagabond a fait route vers Qaarsut, à environ 100 kilomètres au sud de la zone d'étude; c'est l'aéroport le plus proche. Laurent, le chef de mission, et les quatre géophysiciens sont repartis jeudi matin, tandis qu'une nouvelle équipe de trois géologues est arrivée le lendemain (René, Arnaud et Philippe). Aussitôt après, Vagabond a mis le cap sur le Svartenhuk pour récupérer les campeurs et poursuivre l'étude de cette zone exceptionnelle. Les nombreux vols hélico effectués la semaine précédente ont permis de multiplier les observations et mesures dans des endroits parfois très reculés et difficiles d'accès. Tout le monde a pu en profiter, même Aurore et Léonie, pour admirer ce massif basaltique et ses quelques glaciers. J'ai moi-même été sollicité pour faire de longs panoramiques filmés depuis l'hélico, qui permettront de voir et revoir la zone ultérieurement.

Entre les deux équipes, Vagabond a fait une courte escale technique à Uummannaq. Les myrtilles étaient au rendez-vous aux alentours de la ville, pour le plus grand plaisir de toute la famille !


14 personnes à bord !

  • Deux bateaux et un helico pour mission geologie

La côte sud du Svartenhuk est guère protégée, les débarquements sont parfois difficiles en raison de la houle. Pluie et vent alternent heureusement avec soleil et hautes températures : jusqu'à 20°C ! Le 2 août, Vagabond a été rejoint par le Porsild, un bateau groenlandais de la station scientifique de Qeqertarsuaq (île Disko). A son bord, quatre géophysiciens de Brest venus renforcer l'équipe de Laurent Geoffroy. Les mesures de magnéto-tellurisme et la gravimétrie effectuées par l'équipe de Pascal Tarits complètent les observations, les carottages et les échantillonnages des quatre géologues de Vagabond, pour comprendre la marge volcanique du Svartenhuk. Le 6 août au soir, Jim et Svein se posent sur la berge avec l'hélicoptère de Air Greenland, affrété pour la mission jusqu'au 14 août. Les deux pilotes s'installent à bord de Vagabond. Lorsque le Porsild quitte la zone le 9 août, nous sommes alors quatorze personnes à table, pour 5 jours ! Heureusement, dans le fjord Arfertuarssuk, il existe un bon abri pour le bateau, et un bon endroit pour poser l'hélico. Une partie du matériel des géophysiciens reste à terre (ouf!), non loin des fûts de carburant acheminés par et pour l'hélico, et six personnes peuvent dormir à terre dans une cabane en bon état et sous une tente. La mission Volcabasin 2012 bât son plein !


Svartenhuk via Uummannaq

  • Carottage d un filon de basalte

Le 31 juillet à 6h du matin, France et moi jetons l'ancre dans la petite baie d'Akunerit, au sud de la péninsule de Svartenhuk. A proximité de la plage, les hauts fonds nous protègent des innombrables icebergs. Aurore et Léonie dorment depuis longtemps dans leur cabine, ainsi que les quatre géologues qui ont embarqué à Qaarsut hier soir, avec une vingtaines de bidons, de caisses et de sacs, pour un mois de mission. Ensemble, sous un soleil couchant magnifique, nous avons pu observer plusieurs baleines à bosses, imperturbables, très occupées à se nourrir. Chaque jour depuis le 26 juillet, ici par 71°N, le soleil se couche à nouveau, brièvement.

Vagabond a juste eu le temps de faire une courte escale à Uummannaq avant le début de la mission. Nous y avons été accueillis très chaleureusement par Pierre Auzias, qui veille sur nous depuis qu'il connaît notre souhait de passer ici l'hiver 2013-2014. Pierre habite la maison voisine du grand voyageur Ole Jorgen, que nous sommes ravis de revoir, juste avant qu'il parte en expédition vers le nord du Groenland. Cette escale est aussi l'occasion de rencontrer l'équipage de Gambo, voilier affrété pour un programme océanographique d'un an dans le fjord d'Uummannaq.

Les roches étudiées par l'équipe de Laurent Geoffroy, qui revient à bord de Vagabond pour la quatrième fois, sont âgées d'environ 55 millions d'années. La terre, elle, a 4,5 milliards d'années. Si la terre avait un an au 1er janvier, l'homme serait arrivé sur terre le 31 décembre à 22h. En compagnie des géologues, il est passionnant de mieux comprendre l'histoire de notre planète, tout en cherchant à la préserver.


Volcabasin 2012

Début de la mission Volcabasin 2012 : étude géologique et géophysique du massif du Svartenhuk sur la côte ouest du Groenland, dirigée par Laurent Geoffroy, professeur au Laboratoire Domaines Océaniques, à l'Université de Brest. Il s'agit de comprendre le développement d'une structure volcano-tectonique particulière, et plus généralement les mécanismes de rupture de plaques suite à une anomalie thermale dans le manteau terrestre. Deux bateaux, Porsild et Vagabond, et un hélicoptère, sont utilisés pour la logistique de cette mission d'un mois.


Upernavik Yacht Club

  • Upernavik

Peu à peu, la houle se fait sentir, Vagabond retrouve la mer, libre de glace, l'équipage s'amarine en douceur en traversant la baie de Baffin. L'ami Christian veille sur notre route et suggère de longer les côtes canadiennes avant de mettre le cap sur Upernavik, nous évitons ainsi de trop forts vents de face. Pas un bateau en vu pendant ces quatre jours de mer, mais beaucoup d'icebergs, plus majestueux les uns que les autres. Vendredi midi, nous entrons dans le port d'Upernavik, et ne tardons pas à retrouver notre amie Bodil : elle veille sur des cartons de vivres venus pour nous du Québec à bord du voilier Arctic Tern 1 affrété par le WWF ! D'autres voiliers sont dans le port, qui ressemble soudain à une réelle marina : Dodo's Delight (son skipper Bob Shepton avait installé en 2009 la station météo de Littleton que nous avons réparé en août 2011), [habité à bord de Vagabond pendant deux mois au Svalbard](http://www.markvandeweg.nl>Jonathan (Mark, son skipper, a <a

href=)), Billy Budd (dont la propriétaire Cristina nous invite à bord samedi soir pour une excellente soirée), Belzebub II (dont Rana le cinéaste embarque à bord de Vagabond comme passager jusqu'à Uummannaq), Arctic Tern... D'autres viennent de passer ici, ou bien naviguent non loin de là : Kotick, Balthazar, Marguerite, La Louise, Polaris... quelle affluence ! Depuis son départ d'Upernavik (1200 habitants, dix fois plus qu'à Grise Fiord) le 17 juillet 2011, Vagabond n'avait pas vu d'autre voilier, ni d'autre port.