Vagabond a du se déplacer de quelques mètres, il ne se pose plus et ne gîte
plus. La banquise s'installe enfin. Michael raconte sa soirée du 15
novembre : "20h. Nuit noire. Pas un brin d’air. Je suis attablé dans le
carré et regarde un film. Un aboiement soudain plus fort, c’est Imiaq. Et je
sais ce qu’il signifie. Le projecteur… Premier coup de phare : il est là,
à cinq mètres de moi, sur la glace nouvellement formée. Il devait être contre
le bateau… Il se retourne vers moi. Je sens que la lumière du projecteur le
dérange mais ne l’effraie pas vraiment. Une fois encore, je remarque la
longueur étonnante des poils qui recouvrent les pattes. Et sa langue, noire,
qu’il exhibe par moment… L'ours marche de nouveau, parallèlement au bateau.
Avec cette démarche si particulière : roulements d’épaules, pas lents,
pattes écartées pour répartir au mieux son poids sur la glace et éviter de
passer à travers. Maîtrise parfaite du sujet. Instants toujours magiques. Qui
me rappellent pourquoi je suis là."