Mini-tsunami !

Vagabond a sursauté ce matin... et moi aussi d'ailleurs; on n'a pas trop compris. Mon sang n’a fait qu’un tour. Une vague géante éventrait la coque du bateau, brassant son intérieur, emportant tout... et même nous ! Enfin, c'est comme cela que j'ai vécu les premières secondes d'un mini-tsunami, noyé encore dans un sommeil éthéré. A peine habillé, sur le pont, je vois les chiens encore raidis sur leurs pattes jugeant la banquise pourtant immobile. Le glacier à l'autre bout de la baie s'est effrité dans un vacarme furieux... et l'onde a dégueulé d'un trou à travers la glace de mer sous la poupe du bateau. Il est vrai qu'il fait chaud au soleil (un tchaffe d'enfer comme on dirait par chez nous). Ça a donné des ailes à "Maurice", notre poisson rouge, qui a eu droit de sortir de son bocal aujourd'hui et de chatouiller les nuages. (Sébastien Barrault)


La nouvelle équipe s'installe

Eric a quitté Vagabond sous un soleil de minuit radieux, nous confiant sa maison flottante et les dernières manipulations scientifiques à effectuer avant que la glace ne se brise. Bien qu'Elin et moi sommes désormais seuls à bord, nous ne nous sentons pas étrangers des lieux. Le bateau nous a déjà rencontré et les glaciers alentour aussi. Aujourd'hui, 7 chiens gardent le bateau et réveillent la baie d'Inglefield de leurs jappements et hurlements chaque fois qu'une de leurs gamelles pleines de croquettes se profile à la proue du bateau. Notre séjour de 5 semaines s'annonce donc... musical ! (Sébastien Barrault)


Arrivée de la relève

Elin, Sébastien et leur 3 chiens sont arrivés à ski dimanche, par un temps splendide qui se maintient agréablement. La journée d'hier fût consacrée à l'explication des manips scientifiques, à commencer par les sondages météo avec le ballon d'hélium, puis les radiomètres, les relevés météo et les mesures d'épaisseurs de banquise. Aujourd'hui, nous nous concentrons sur les aspects techniques du bateau : gestion de l'énergie avec panneaux solaires, éoliennes et générateur, puis entretien du poêle, équipements de sécurité, sans oublier de veiller sur les réparations provisoires de la coque. Je quitte le bateau ce soir, pour 5 semaines.


Seul à bord

Jean-Claude Gascard, coordinateur de Damocles, Hugues et Stephen, cinéastes, et France et Léonie ont quitté Vagabond mercredi soir. La saison scientifique s'achève progressivement, la fonte a commencé, mais il faudra encore attendre le mois de juillet pour être libéré de la banquise et retrouver la mer libre. D'ici là, quelques sondages météo permettront de compléter les données de la station automatique installée près de la cabane et qui fonctionne toute l'année. J'effectue actuellement les dernières mesures océanographiques, depuis une banquise détrempée.


Message de Jean-Claude Gascard

(extrait du livre d'or de Vagabond) Grandes retrouvailles avec Vagabond après deux années d'infidélité. Mais c'est décidé nous allons mettre les bouchées doubles et les petits plats dans les grands pour assurer un 5ème hivernage de haute volée. Ce sera le "grand finale". Un coup de vent de 30-40 noeuds nous a permis de ne pas oublier les humeurs du Storfjord. Des chutes de neige abondantes ont enfoncé la glace sous l'eau ce qui nous a occasionné quelques bains de pied rafraîchissants et quelques suées pour sortir les motoneiges des flaques d'eau. Le programme scientifique a été bien rempli malgré tout avec un transect de CTD (Conductivity Temperature Depth), un profil atmosphérique jusqu'à 1500 m d'altitude, et une station ADCP (Acoustic Doppler Current Profiler) de 12 heures. La CTD a bien profilé de la banquise jusqu'au fond avec quelques touchers à marée basse et une sonde "beurrée" par les sédiments. Beaucoup de saumures très salées cette année avec un record à 35,60g de sels par kg d'eau de mer, et très froides (-1,90°C). Une nouvelle moisson riche de résultats. Avec le 5ème hivernage qui se profile, tout cela va constituer une magnifique série qui fera date et va servir de référence. L'an prochain nous aurons une activité très intense en Mars-Avril-Mai avec les AITP (Acoustic Ice Tetherd Platform), les flotteurs équipés de sonar à visée verticale pour mesurer l'épaisseur de la glace par en dessous, le glider pour faire des sections transversales et longitudinales dans le Storfjord, la POPS (Polar Ocean Profiler System) pour faire des profils CTD surface fond au point fixe, plusieurs fois par jour. Il faudra installer une grande tente avec arceaux à proximité de Vagabond pour préparer les manips, abriter le ballon captif... Mais avant il reste à terminer la campagne 2008 avec Sébastien Barrault qui va venir rejoindre Eric dans quelques jours. Il s'agira de réaliser essentiellement des profils atmosphériques avec le ballon instal lé près de la cabane sur la terre ferme jusqu'à la débâcle et avant le retour de Vagabond à Longyearbyen, mi-juillet. Aujourd'hui, 14 mai, nous attendons Stefano pour retourner sur Longyearbyen avec Léonie, la star de Vagabond et France sa maman, Hugues et Stephen les cameramen de l'Envol qui nous préparent un superbe film sur les activités menées à bord de Vagabond dans le cadre de Damocles. Eric reste seul à bord pour vérifier l'étanchéité du bateau qui cette année a beaucoup souffert des coups redoublés de la glace contre la coque et aussi renforcés par un tremblement de terre très rare au Spitsberg survenu en février. Beaucoup de travail en perspective cet été pour réparer les cages protectrices des hélices qui ont été partiellement arrachées (détachées) de la coque (on ne sait pas trop actuellement faute de pouvoir plonger sous le bateau). Il y aura des travaux de soudure pour remettre tout cela en place avant d'effectuer les missions d'été. Toute l'équipe de Damocles est très reconnaissante à Vagabond et son équipage, Eric, France et Léonie, pour le travail accompli, l'accueil toujours chaleureux. Nous souhaitons tous bon vent au vaillant bateau, vive Vagabond et bonnes missions au Svalbard. A très bientôt, Jean-Claude.


Gadoue sur la banquise

Les manips scientifiques ont pu reprendre hier : 6 relevés hydrographiques avec la bathysonde et un sondage météo à l'aide du ballon captif. Aujourd'hui, une nouvelle station de 12 heures avec bathysonde et courantomètre est au programme. Les déplacements sur la banquise sont devenus beaucoup plus difficiles en raison de la grande quantité de neige apportée par la tempête. Le poids de la neige enfonce la banquise sous la surface (on parle de franc-bord négatif), ce qui nous a déjà valu de longues heures d'efforts pour sortir les motoneiges et traîneaux de la gadoue (mélange de neige et d'eau de mer) !


En mai, ne te découvre pas d'un fil

Jean-Claude Gascard, le coordinateur du projet européen Damocles pour lequel nous travaillons, est à bord de Vagabond pour une semaine. La veille de son arrivée, nous profitions encore d'un splendide soleil de minuit... La météo est malheureusement bien mauvaise depuis 4 jours, neige et vent nous bloquent à l'intérieur du bateau, impossible de poursuivre les mesures sur la banquise pour le moment. Alors nous examinons les dernières données recueillies et les comparons avec celles engrangées depuis 4 ans. C'est passionnant de découvrir avec lui des phénomènes inédits, inexpliqués à ce jour.


Tournage sur la banquise

Dans quelques mois, vous pourrez en savoir plus sur nos missions et sur notre mode de vie, grâce a deux nouveaux films documentaires qui seront diffusés sur France 3 et France 5. L'équipe de tournage est à bord actuellement, et chaque jour, selon la météo et les observations scientifiques à faire, ou bien lors d'une virée en famille avec les chiens, micros et caméras se faufilent à nos côtés, fidèles témoins. Entre les sondages météo, les relevés hydrographiques et les mesures d'épaisseur de banquise, un ours passe de temps en temps, se fichant éperdument de toute cette mascarade.