Ma première "expédition"

  • Nael et Tiksi

"Je m'appelle Nael, j'ai cinq ans. Etre sur Vagabond est ma première expédition avec mon papa et ma maman. Autour de nous il y a des montagnes, un glacier. Je vois beaucoup d'ours et un jour quand on se baladait, un nous a suivis et quand il nous a vus de près, il est vite parti. J'ai aussi vu un renard arctique au bord du fjord. A terre, je fais du ski, je m'amuse dans la neige. J'aime m'occuper des chiens et quand on leur donne à manger, il faut leur dire de s'asseoir et d'attendre. C'est Imiak le plus gourmand, Frost me fait des câlins. A bord, je fais du travail d'école, du bricolage, des dessins, je cuisine et je balaye la neige sur le pont. Ce que j'aime, c'est apprendre des choses de marin, les noeuds par exemple. Je suis content d'être ici parce que le paysage est très beau. Parfois, ma famille et ma chienne Belle me manquent et j'aimerais bien manger des frites de ma mamie. La plus belle chose que je vois, ce sont les aurores boréales, c'est comme de la mag ie..." Nael


Perte du ballon météo

"Eric, c'est navrée, désolée, que te t'écris ce soir : nous avons perdu le ballon. Le temps était calme et le ciel se dégageait, tout était prêt, mais au moment d'envoyer le ballon, le vent est monté vite et fort. Nous avons tout de suite décidé d'arrêter le sondage et de rentrer le ballon dans la tente. Il était rentré mais la bâche encore ouverte, et là, persuadée que Hervé le tenait devant, j'ai lâché l'arrière pour fermer la petite porte et l'appel d'air a fait qu'en un dixième de seconde, le ballon est sorti. Hervé a bien réussi a le tenir quelques secondes par le bout, mais celui ci s'est rompu... Je ne sais pas comment t'exprimer à quel point nous sommes désolés, nous nous sentons ridicules, démoralisés..." Amélie


Un mois

Partie du petit port de Longyearbyen au Spitzberg il y a tout juste un mois, la petite famille se familiarise jour après jour avec un environnement sauvage. 120 km/h de vent, l'ancre entraînée par le pack de glace et le bateau qui se retrouve alors à quelques mètres de la côte, voilà une des nuits agitées que peut vivre le petit équipage du voilier polaire Vagabond. Heureusement, le calme revient aussi vite que la tempête est arrivée et tout est maintenant rentré dans l'ordre. Au fond de la baie d'Inglefield, à l'Est de l'archipel, le bateau est de nouveau ancré à cinquante mètres du rivage. Il est tantôt pris dans la glace, tantôt en eau libre, la banquise n'étant pas encore complètement formée. L'ennui et la solitude ne sont pas de mise dans cet endroit pourtant situé à deux jours à pied du premier endroit habité. Et pour cause, en trois semaines, ce n'est pas moins d'une trentaine d'ours blancs qui sont passés parfois à quelques dizaines de mèt res du bateau. Curieux avant tout, ils ne montrent pas de comportement agressif mais chaque déplacement se fait néanmoins armé d'un fusil et de pétards dans les poches afin de les éloigner au cas où ils se montreraient trop entreprenants envers les chiens ou le matériel disposé sur la berge. Pour Hervé, Amélie et Nael, âgé de cinq ans, les journées s'organisent suivant la météo. Au programme, si le vent est très faible : expérience scientifique à l'aide d'un ballon sonde muni de capteurs, qui est envoyé à environ 1500 mètres d'altitude. Sinon, les trois aventuriers se baladent à ski tractés par un ou deux chiens et ce, tant que la lumière du jour le permet. En effet, depuis le 28 octobre la nuit polaire s'est installée sur la région et la lumière n'est présente en ce moment que de dix heures à quinze heures. Les températures actuelles oscillent entre -10 et -15 °C et après une journée à l'extérieur, il fait bon retrouver l'atmosphère chaleu reuse du carré. Certains petits rituels sont déjà en place comme chaque matin, l'envoi du relevé météo ou les deux heures quotidiennes d'activité scolaire pour Nael. Selon le petit garçon, le plus extraordinaire est le spectacle grandiose des aurores boréales : lumières vertes, magiques, qui animent le ciel les nuits de beau temps.


Quand la baie d'Inglefield se transforme en marmite bouillonnante.

  • Tente inondee coup de vent

"Il y a six jours, durant la nuit, un gros coup de vent et un pack de glace très dense ont entraîné l'ancre. Le bateau s'est alors échoué tout près de la côte. Nous étions impuissants face à une telle force de la nature, les vagues et les morceaux de glace recouvrant une grande partie de la moraine. Les chiens, les pattes dans l'eau, étaient étonnés de voir le bateau si proche d'eux. Nous avons attendu la marée montante pour pouvoir allumer les moteurs et nous avons eu la chance de réussir à sortir le bateau de cette mauvaise passe. Le lendemain, plusieurs heures ont été nécessaires pour remettre convenablement l'amarrage. Peu de temps après, un autre coup de vent mais de direction opposée à fait repartir tout le pack à une vitesse incroyable. Pour l'instant, le calme est revenu sur Inglefield. Nous en profitons pour prendre un peu de repos et nous préparer à de nouvelles aventures." Amélie et Hervé


Apprendre à marcher sur des oeufs

  • Embacle

"En cette période d'embâcle, il y a différentes possibilités pour rallier la terre ferme. Nous mettons plus ou moins de temps selon les options. La première est aisée lorsque nous sommes en eau libre. Nous avons juste à suivre le bout du bateau jusqu'au rivage. Cela se complique quand la nouvelle glace est formée, pas assez solide pour marcher dessus mais assez dense pour empêcher l'annexe d'avancer. Dans ce cas, les 50 mètres jusqu'à Vagabond peuvent devenir très longs. Nous devons tirer, pousser, casser la glace avec le piolet. La troisième façon demande beaucoup de prudence. Vêtus de combinaisons étanches, nous marchons doucement sur la glace, tirant l'annexe avec Nael à bord. Jusqu'à présent, pas de bain glacé ! C'est alors que nous voyons passer près de nous les ours de leur pas assuré et débonnaire. Les premières lueurs viennent à dix heures le matin et disparaissent vers quinze heures. Quoi qu'il en soit, nous organisons nos journées selon la météo. Nous faisons des sondages avec le ballon lorsque le vent est faible et sinon, nous élargissons le périmètre de nos ballades avec les chiens, admirant des paysages majestueux." Amélie et Hervé


En attendant la nuit polaire

"Plus que 5 jours avant que le soleil ne disparaisse complètement sur Inglefieldbukta. En attendant, il nous gratifie de sa présence. Après une dépression qui nous a donnés beaucoup de vent et un ciel gris, nous avons profité des bonnes conditions météo pour effectuer un premier sondage atmosphérique avec le ballon rouge muni de capteurs, en l'envoyant jusqu'à 1300 mètres d'altitude. La journée s'est terminée tard et nous avions un peu froid d'être restés debout sans bouger pour mener à bien l'expérience, mais en revenant à bord, une aurore boréale grandiose nous a accueilli, couvrant tout le ciel du nord jusqu'au sud. Aujourd'hui au programme, promenade à ski avec les chiens. La dernière fois, nous sommes tombés presque nez à nez avec un ours curieux qui était reparti bien vite en entendant les éclats de rire de Nael." Amélie