Vie à bord de Vagabond

Chasseur et pêcheur dans l'âme, notre " pilote " se désole de l'absence d'un fusil à bord dès qu'il voit un canard ! Je dois préciser que cela améliorerai notablement son ordinaire puisqu'il n'aime ni la viande fumée ni la séchée, et que nous n'avons que ça ! A Dikson il achète donc un bon morceau de viande de renne et prépare d'énergétiques soupes appelées borch, ainsi que de copieux plats de riz au renne appelés très justement " plouf ". A Tiksi, c'est le pêcheur qui réapparaît. Il achète à un Evenk 5kg de poisson, les sales, plus tard les suspend sur la plage arrière, ce qui ne manque pas de faire de l'animation tant de notre coté lors des manœuvres (raz le bol de ces coups de tête de poisson qui pue !) que du coté des goélands… Au fur et à mesure que nous avançons, nous comprenons malgré tout une différence importante qui nous sépare : Boris, de par son âge, ne peut imaginer d'autres pratiques que celles qu'il a connu durant la période de l'Union Soviétique, en particulier au niveau de la rigidité du système. Pas question d'envisager d'autres escales que celles planifiées et autorisées, même s'il s'agit d'une plage vierge de toute vie humaine.

" do you have autorisation ? What about your responsabilities ? ! "

Point d'entorses concevable, même s'il s'agit du lieux d'hivernage de notre prédécesseur illustre, le baron Nordenskjold ! Cela crée quelques dissensions, mais ne nous empêche finalement pas de lui prouver que notre expédition n'est pas mise en péril, à l'accueil chaleureux dans un village de pêcheur.

Le paysage, la mer, les animaux défilent, tandis que les quelques escales précisent et ajustent notre idée de la vaste Sibérie du nord. Les distances, le jeu de savoir quels pays se trouvent sur les mêmes longitudes (elles défilent à un rythme invraisemblable !), nous en donnent clairement la mesure.