Les pirates de l’Arctique
Un compagnon bien particulier s’est joint à la faune de la Côte Est depuis quelques jours : la sterne arctique. Cet infatigable oiseau arrive tout droit de l’Antarctique, sans escale ou presque (et il y voit mon respect en ceci seulement). A dire vrai, ce n’est pas avec grand plaisir que je le reçois. Encore que je n’ai pas mon mot à dire à l’entendre rouspéter. Pour démêler le fond de ma pensée, je dirais qu’il fait partie des pirates de l’Arctique. Il y a d’abord le pirate de la banquise : l’ours blanc, imprévisible tueur. "Aventuriers des glaces, soyez vigilants !". Puis le pirate des mers : le morse, audacieux torpilleur. "Kayakistes, méfiez-vous !". Finalement, le pirate de l’air : la sterne arctique. Et là : "Armez-vous !". Ce petit volatil, gueulard et coriace, peut percer votre crâne jusqu’au sang pour protéger son nid posé à même le sol. Désormais je prévois de sortir avec une arme toute spéciale… un bâton de bois levé au-dessus de ma tête sur lequel le brailleur-volant s’entêtera. L’ingénieux « parasterne » a certes une faiblesse, et de taille, il ne protège pas des lâchers de fientes… Température : + 3.8°C à la prise d'otage. (Sébastien Barrault)