Entre Grise Fiord et Vagabond

  • Au sommet pyramide

Conditions idéales, aujourd'hui, pour enfin gravir la pyramide qui nous nargue depuis notre arrivée, il y a exactement six mois. Lemmings, renards et lièvres m'ont précédé. La vue est superbe. Décidément, nous avons choisi un très beau site pour hiverner !

Demain, je retourne au village, où j'ai laissé France, Léonie et Aurore le week-end dernier. La banquise est couverte de petites congères de neige, depuis la dernière tempête, il faut maintenant près de trois heures pour parcourir les 50km en motoneige. Bientôt, nous pourrons profiter de la piste que les villageois vont tracer sur la banquise jusqu'à l'ancien village, de l'autre côté du fjord Grise (10km). Pour cela, la mairie m'a demandé les épaisseurs mesurées, il s'agit d'avoir au moins 120cm de glace.

France se repose et achève de se débarrasser de ses vertiges, elle en profite pour suivre des cours de couture et de fabrication de kamiks (bottes traditionnelles en peau). Léonie est ravie d'aller à l'école, l'après-midi, et de jouer avec des copines. Aurore est dorlotée par Liza, ou par l'infirmière qui a du la soigner mardi après une jolie cascade !

Jean Gaumy est reparti ce matin, en Twin Otter, après s'être intégré discrètement à la vie du village pendant une petite semaine. Auparavant, son séjour à bord lui aura "permis selon un processus très soigneusement non scientifique de vérifier les limites inévitables entre réalités et fantasmes" (extrait du livre d'or). Nous partagerons bientôt en ligne quelques unes de ses images !

Vendredi dernier, un délicieux banquet était organisé par Meeka, maire de Grise Fiord, pour fêter la fin des cours de nutrition. Demain commencent les fêtes et jeux de Pâques...

Entre temps, je suis donc seul à bord. Beau temps, pas de vent, le silence est tout aussi fascinant que les lumières du soir. Nous aimerions que cette saison se prolonge. J'observe un renard passer le long de la berge, petits pas rapides, toujours sur ses gardes. Les températures remontent doucement et j'ai même réussi à prendre un café au soleil en terrasse (-15°C à midi) ! Lors des mesures scientifiques de routine, je découvre cette fois les traces d'une ourse et de ses deux oursons, dont les pattes sont à peine plus grosses que celles des chiens. Ils doivent être sortis de leur tanière depuis peu. Une nuit, je suis réveillé par des petits coups, comme si l'on frappait à la porte... En me levant, je fais peur aux corbeaux qui mangeaient sur le pont notre morceau de boeuf musqué !