Grise Fiord
Nous voilà seuls à nouveau, en famille, pour la dernière semaine de mission. La saison avance et la météo nous encourage à explorer les fjords abrités. Le premier à l'est de Grise Fiord, le plus long de la région (50km), c'est le fjord Starnes que je n'ai parcouru qu'au printemps, pour mesurer l'épaisseur de la banquise. Cette fois, nous découvrons ses eaux profondes et ses hauts fonds.
Nous cohabitons avec des centaines de phoques du Groenland, de pétrels fulmars, de mouettes tridactyles, de goélands argentés... tous se gavent de petites morues polaires avant de migrer vers le sud lorsque la banquise se formera début octobre. Des renards profitent furtivement des restes du festin dénichés sur la berge.
Les fonds marins sont riches, l'eau devient plus claire en cette saison, plus froide aussi ! Mais surtout, loin des sites suggérés initialement, nous dégottons les meilleurs échantillons de coralline de tout l'été. A la clé, des siècles de données sur les eaux et la banquise de ce fjord. Lors des dernières plongées, j'effectue quelques quadrats également, pour le programme Arctic Kelp.
Le 19 septembre, la météo est belle, la houle faible, la marée très haute à 13h, tout est en ordre pour sortir Vagabond sur la plage de Grise Fiord. Au même endroit qu'il y a 8 ans, Raymond a préparé un vrai port sur mesure, l'opération est simple et rapide.
Dans dix jours, nous laisserons là notre navire pour l'hiver et partirons pour la France que nous ne connaissons pas encore à l'époque du covid. Le Nunavut, que nous n'avons pas quitté depuis avant la pandémie, a été épargné jusqu'à présent. Si les conditions le permettent, nous retrouverons Vagabond au printemps 2021, pour la prochaine mission scientifique.