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Combien

Chaque jour, il ne s'agit plus de savoir si nous allons voir un ours, mais combien ! Quant aux phoques, on ne les compte plus. Avant hier, 12 ours, dont 4 oursons, étaient visibles simultanément depuis le bateau. Les femelles restent toujours très vigilantes pour protéger leurs petits des mâles affamés, et d'impressionnantes poursuites commencent parfois brusquement. Les oursons insouciants, joueurs et curieux, n'ont que quelques semaines de plus que Léonie, et ils ont grandi dans le même environnement. Pourtant Léonie vient de lionne... Et pourtant, notre Léonie n'a que doublé son poids depuis sa naissance, tandis que le lait d'ourse est si riche qu'il a permis aux oursons de le multiplier par 100, en passant de 500g (naissance début janvier) Ã environ 50kg aujourd'hui (10kg en sortant de leur tanière fin mars). Ce matin, un ours chassait un phoque à moins de 100m de Vagabond, s'immergeant avec une infinie précaution dans un trou pour se camoufler. En vain. L'eau libre n'est plus qu'à 300m de nous et la banquise devient très fragile.


Pétard

Notre chien Frost s'est éclaté la gueule. Au sens propre ! En ramassant le pétard envoyé par France pour dissuader un ours trop curieux de s'approcher davantage, il ne s'attendait certainement pas à un tel résultat. Par chance, l'ours s'est enfui, Frost n'a rien de sérieux et il entend à nouveau. Peu après, un autre ours observait notre attelage insolite passer à bonne allure sur la banquise détrempée : les 3 chiens devant, puis moi, ensuite la pulka (avec fusil, caméra et trépied), et enfin France tractée derrière tout en portant Léonie sous sa veste. C'est en skiant ainsi que nous nous sommes soudain retrouvés au bord de l'eau. Le dernier coup de vent a emporté la plus grande partie de la banquise des environs et l'eau libre n'est plus qu'à 2km de Vagabond maintenant. L'aire de repos des phoques et le terrain de chasse des ours en sont d'autant réduits. Nous avons mangé notre dernier fruit, le dernier journal commence à dater, mais la radio nous aide à imaginer ce qui se passe dans le reste du monde, et la vie en famille est malgré tout assez paisible par ici.


RFI

Eric est interviewé par Arielle Cassim sur RFI ce mercredi 27 juin à 13h40, dans le quotidien de la mer.

Léonie fête aujourd'hui ses 4 mois, son poids a doublé depuis sa naissance !


Festin

3 ours, dont un ourson, se sont partagés les restes d'un phoque dévoré peu avant par un de leurs congénères. Spectacle fascinant observé hier depuis Vagabond, alors que le soleil illuminait à nouveau la banquise, après 3 jours de brouillard humide (l'occasion d'une petite cure cinématographique à bord). Un autre phoque, plus chanceux pour le moment, a élu domicile à côté du trou utilisé depuis début avril pour plonger la bathysonde et assurer les relevés hydrographiques. La fonte n'est pas précoce cette annèe, quelques fleurs apparaissent mais la neige recouvre plus la terre que les années précédentes à la même époque. Les conditions de ski sur la banquise sont encore excellentes, permettant des virées à vive allure dans les environs avec les chiens. Il faut parfois user d'autorité pour les contrôler, lorsqu'ils se trouvent nez à nez avec un tout jeune renne par exemple ! Malgré tout, si les visites d'ours augmentent, c'est que la banquise recule, nous ne devrions pas tarder à apercevoir la mer libre...


Solstice

Demain, c'est l'été. Au plus bas de sa course, au milieu de la 'nuit', le soleil sera à 11°20' au dessus de notre horizon. Ce sera la hauteur de l'astre dans le ciel de Paris à 20h25, puis à 21h02 à Brest, à titre de comparaison (heures locales). Autant dire qu'ici nos panneaux solaires travaillent en continu, et que sans chauffage, sous le roof panoramique de Vagabond, les températures peuvent atteindre 25 voire 30°C ! Tandis qu'à l'extérieur, le mercure oscille autour de 0°C. Par temps clair donc, aucun carburant n'est consommé pour se chauffer, s'éclairer, ou produire l'électricité (congélateur, ordinateurs, radios, téléphone, lecteur CD, recharge de batteries diverses...). Un peu de gaz pour la cuisine, c'est tout. Et puisque nous nous déplaçons avec les chiens, aucun moteur ni échappement ne vient troubler la baie d'Inglefield. Ainsi nous attendons le dégel, tout en mesurant le privilège de vivre cette période, puisque depuis 6 semaines, et pour encore 4 au moins, seul l'hélico peut nous atteindre. La fonte des neiges et l'ouverture des rivières compliquent toute circulation par la terre, alors que la banquise et les hauts fonds rendent notre baie préférée inaccessible par la mer.


Lisse

La banquise est lisse maintenant. La neige a fondu, et l'eau de fonte a regelé, au contact de la glace. Un vrai billard sur lequel il est facile de se déplacer à ski, avec les chiens ou le kite selon le vent. Il me faut tout de même plus de trois heures pour aller faire un relevé hydrographique, contre moins d'une heure en motoneige auparavant. Mais quel plaisir de pouvoir observer plus calmement un ourson qui joue non loin de sa mère, ou un blanchon (jeune phoque) allongé au bord du trou qui lui permettra de plonger si l'ourson s'approche un peu trop. A terre, la neige recule et les zones déneigées accueillent les oiseaux de retour. Les oies bernaches paradent, les bécasseaux cherchent énergiquement leur pitance, les grands labbes planent, les mouettes tridactyles se regroupent en criant... leur présence nous rassure : l'été arrive, la débâcle aura certainement lieu, cette année encore. Patience !


Plancton du monde

Océanopolis et le CEMPAMA organise l'évènement "Plancton d'un jour, plancton du monde" dans le cadre de la Journée Mondiale des Océans; une liaison en direct aura lieu ce matin entre le public à Brest et Vagabond.


Facteur sportif

Fabrice est venu jusqu'à Vagabond samedi dernier à ski, 45km en une seule étape depuis Svea (la civilisation la plus proche), aidé d'un kite sur quelques kilomètres. Dans ses pulkas, du courrier pour nous et 10 kilos de produits frais ! Après quelques figures en snowkite sur la banquise, pour épater Léonie le jours de ses 3 mois, il est reparti hier avec notre motoneige, qu'il a laissé en sécurité pour l'été. Sur le site d'hivernage de Vagabond, la motoneige serait à la merci des ours et nous risquerions de la retrouver dans un piteux état à notre retour en octobre prochain, pour le quatrième hivernage. Pour le moment, la banquise est encore stable et solide, et les manips se poursuivent en traîneau à chiens. Les ours se manifestent un peu plus ces jours-ci, en particulier un mâle qui suit une femelle depuis 3 jours, ils sont déjà passés 3 fois par Vagabond.


Chaud

Il faisait chaud mardi, au point que Léonie, France et moi, avec les chiens, avons pu faire un grand tour à ski, sans veste ni anorak. Retour peu avant 23h, le soleil était encore haut ! Mais les conditions changent vite puisque vers 1h du matin, pour les mesures océanographiques journalières, c'est dans le brouillard que j'évoluais sur la banquise. L'avantage de cette heure tardive est que les températures sont plus basses qu'en milieu de journée, et que donc la neige est plus dure.