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Hommage aux chiens polaires

Aujourd'hui, la météo nous contraint de rester calfeutrés à l'intérieur : neige soufflée, température -21°C, vent de nord-est 60 km/h, température équivalente à -52°C. Les chiens, parfaitement adaptés, restent en boule à l'extérieur. Ils veillent sur le camp. Sans eux, dans de telles conditions, ou pendant la nuit polaire, nous ne pourrions pas vivre et travailler ici sereinement. Lors des excursions à ski ou en traîneau, ils continuent de veiller sur nous, tout en nous tractant joyeusement et sans risquer de tomber en panne. Hier soir, ils ont eu la surprise d'avoir beaucoup de visiteurs : 5 traîneaux tirés par 39 chiens ! Imaginez l'excitation de Jin, Frost, Imiaq et Zagrey...


Le lieu d'hivernage vu du ciel

Le ballon d'hélium, après un sondage météo jusqu'à 1700 m, a redécollé avec l'appareil photo. Sur cette image on peut distinguer les 4 niches a côté du bateau, la motoneige et le traîneau à l'arrière, et les 3 tentes d'une expédition de passage. L'appareil n'est resté qu'une dizaine de minutes en l'air, mais suffisamment longtemps pour vider une batterie neuve, en raison du froid. La photo choisie doit ensuite être largement réduite et compressée pour avoir une chance d'arriver à destination. Un téléphone par satellite, connecté à l'ordinateur, est notre seul lien avec la civilisation.


3 expéditions à ski le même jour !

Mercredi, il y avait foule autour de Vagabond. Au total, 13 skieurs (et 16 pulkas) se sont croisés près du seul point habité de toute la région. 5 français du Groupe Militaire de Haute Montagne sont arrivés la veille : une expédition pour tester du matériel avant de partir en Antarctique. Le lendemain, 2 norvégiennes et 1 norvégien n'ont fait qu'une courte escale chez nous. Ils sont lancés dans une traversée complète du Spitsberg du Nord au Sud en 40 jours. Dans la soirée, ce sont 5 polonais qui montaient leurs tentes à côté de nos chiens, ainsi n'ont ils pas eu à utiliser leur fil anti-ours. Température -30°C (à l'aube), vent nul, ciel dégagé.


Le réchauffement, un poisson d'avril ?

Hier matin, en chemin vers mon site quotidien de mesures, je croise la trace toute fraîche de 2 oursons avec leur mère. Ils sortent à peine de leur tanière et découvrent leur futur terrain de chasse. Cette année, le mois de Mars fût nettement plus froid que d'habitude. La banquise et ses habitants s'en portent d'autant mieux. Est-ce déjà le résultat de nos efforts, la tendance climatique serait-elle en train de s'inverser, ou bien sommes nous seulement témoins d'un rafraîchissement passager ? Quoiqu'il en soit, depuis 4 ans, nous n'avons jamais vu d'ours famélique ici. Habitons nous dans un réel sanctuaire ?


Parhélie

Depuis 2 semaines le ciel était dégagé et les températures nettement au-dessous des moyennes habituelles. Conditions idéales pour travailler sur la banquise, mais aussi pour admirer des parhélies. On nomme ainsi le halo et l'ensemble des images du soleil que donne la réfraction des rayons dans un nuage formé de cristaux de glaces. On peut parfois observer 3 images du soleil, appelées aussi faux-soleils. On les retrouve régulièrement dans les légendes et histoires du Grand Nord. En ce début de printemps, ce phénomène vient s'ajouter à la magie des aurores boréales, les dernières avant le jour permanent.


Une bathysonde pour les brines

Depuis notre arrivée au Spitsberg en 2004, nous utilisons une bathysonde, plus communément appelée CTD (Conductivity, Temperature, Depth). Cet instrument enregistre la salinité et la température de l'eau de mer, en fonction de la profondeur. Actuellement, les "brines", eau froide et salée évacuée par la banquise, s'accumulent sur le fond, tant et si bien qu'ils remplissent progressivement le fjord. Ce phénomène spectaculaire passionne les océanographes, et pour mieux le comprendre, je me rends tous les jours sur la banquise pour descendre la CTD jusqu'au fond à l'aide d'un treuil.


Poisson rouge

Ce gros ballon qui flotte doucement au dessus de Vagabond me fait penser à un poisson rouge, échappé de son bocal pour visiter l'Arctique et vérifier le réchauffement climatique. Il s'est installé chez nous pour quelques mois, afin de sonder le vent, l'humidité, la pression et la température en altitude. Pour le moment, les capteurs qu'il emporte vers les cieux confirment qu'il fait particulièrement froid depuis une semaine ! Température ce matin : -25°C. Vent 25 km/h, température ressentie -46°C. A bord, il faut redoubler de vigilance pour conserver un confort minimum et savourer les dernières heures de nuit, bien au chaud. Le jour permanent se manifeste déjà...


Sondages et carottages

Depuis quelques jours, la saison scientifique bat son plein et notre banquise est l'objet de beaucoup d'attention. La diversité des mesures effectuées est comparable à celle des chercheurs accueillis à bord de Vagabond. Américain, Estonien, Anglais, Finlandais, Français, tous ensemble nous auscultons la glace et son environnement à l'aide d'une bathysonde, d'un glaciomètre, de radiomètres, de thermomètres, d'hygromètres, d'anémomètres, de densimètres... Certains instruments plongent à 100 mètres sous la banquise, d'autres grimpent jusqu'à 1500 mètres d'altitude. Quelle animation ! Pour ne rien gâcher, la météo est idéale : température -30°C, vent nul et ciel parfaitement dégagé depuis 4 jours.


Campement Vagabond

Notre voilier, devenu refuge, semble parfaitement immobile, prisonnier de la banquise pendant 8 mois. Pourtant il monte et descend au fil des marées. Les fractures le long de la berge s'ouvrent et se ferment, avec des grincements et des craquements qui font parfois bondir les chiens. Ces mouvements sont très marqués pendant les marées d'équinoxe, et puisque la bateau est très proche de la berge, il s'incline franchement d'un côté, puis de l'autre... Il nous faut alors caler nos tasses comme en mer ! Nous naviguons au rythme d'une vague d'un mètre toutes les 12 heures, en quelque sorte.


Labyrinthe de glace

Si nous sommes ici depuis l'automne 2004, c'est bien pour étudier la banquise. Alors nous observons son comportement, en fonction des courants marins et de la météo. Mais pour cela, avant de faire un trou et d'y plonger nos instruments, il faut trouver un passage pour acheminer nos équipements jusqu'à la zone souhaitée... Torturée par les tempêtes lors de sa formation, la banquise est pour le moment impraticable. Toujours fascinés par ce spectacle, nous patientons. La neige et le vent devrait bientôt niveler ce superbe terrain chaotique.