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Message de Jean-Claude Gascard

(extrait du livre d'or de Vagabond) Grandes retrouvailles avec Vagabond après deux années d'infidélité. Mais c'est décidé nous allons mettre les bouchées doubles et les petits plats dans les grands pour assurer un 5ème hivernage de haute volée. Ce sera le "grand finale". Un coup de vent de 30-40 noeuds nous a permis de ne pas oublier les humeurs du Storfjord. Des chutes de neige abondantes ont enfoncé la glace sous l'eau ce qui nous a occasionné quelques bains de pied rafraîchissants et quelques suées pour sortir les motoneiges des flaques d'eau. Le programme scientifique a été bien rempli malgré tout avec un transect de CTD (Conductivity Temperature Depth), un profil atmosphérique jusqu'à 1500 m d'altitude, et une station ADCP (Acoustic Doppler Current Profiler) de 12 heures. La CTD a bien profilé de la banquise jusqu'au fond avec quelques touchers à marée basse et une sonde "beurrée" par les sédiments. Beaucoup de saumures très salées cette année avec un record à 35,60g de sels par kg d'eau de mer, et très froides (-1,90°C). Une nouvelle moisson riche de résultats. Avec le 5ème hivernage qui se profile, tout cela va constituer une magnifique série qui fera date et va servir de référence. L'an prochain nous aurons une activité très intense en Mars-Avril-Mai avec les AITP (Acoustic Ice Tetherd Platform), les flotteurs équipés de sonar à visée verticale pour mesurer l'épaisseur de la glace par en dessous, le glider pour faire des sections transversales et longitudinales dans le Storfjord, la POPS (Polar Ocean Profiler System) pour faire des profils CTD surface fond au point fixe, plusieurs fois par jour. Il faudra installer une grande tente avec arceaux à proximité de Vagabond pour préparer les manips, abriter le ballon captif... Mais avant il reste à terminer la campagne 2008 avec Sébastien Barrault qui va venir rejoindre Eric dans quelques jours. Il s'agira de réaliser essentiellement des profils atmosphériques avec le ballon instal lé près de la cabane sur la terre ferme jusqu'à la débâcle et avant le retour de Vagabond à Longyearbyen, mi-juillet. Aujourd'hui, 14 mai, nous attendons Stefano pour retourner sur Longyearbyen avec Léonie, la star de Vagabond et France sa maman, Hugues et Stephen les cameramen de l'Envol qui nous préparent un superbe film sur les activités menées à bord de Vagabond dans le cadre de Damocles. Eric reste seul à bord pour vérifier l'étanchéité du bateau qui cette année a beaucoup souffert des coups redoublés de la glace contre la coque et aussi renforcés par un tremblement de terre très rare au Spitsberg survenu en février. Beaucoup de travail en perspective cet été pour réparer les cages protectrices des hélices qui ont été partiellement arrachées (détachées) de la coque (on ne sait pas trop actuellement faute de pouvoir plonger sous le bateau). Il y aura des travaux de soudure pour remettre tout cela en place avant d'effectuer les missions d'été. Toute l'équipe de Damocles est très reconnaissante à Vagabond et son équipage, Eric, France et Léonie, pour le travail accompli, l'accueil toujours chaleureux. Nous souhaitons tous bon vent au vaillant bateau, vive Vagabond et bonnes missions au Svalbard. A très bientôt, Jean-Claude.


Gadoue sur la banquise

Les manips scientifiques ont pu reprendre hier : 6 relevés hydrographiques avec la bathysonde et un sondage météo à l'aide du ballon captif. Aujourd'hui, une nouvelle station de 12 heures avec bathysonde et courantomètre est au programme. Les déplacements sur la banquise sont devenus beaucoup plus difficiles en raison de la grande quantité de neige apportée par la tempête. Le poids de la neige enfonce la banquise sous la surface (on parle de franc-bord négatif), ce qui nous a déjà valu de longues heures d'efforts pour sortir les motoneiges et traîneaux de la gadoue (mélange de neige et d'eau de mer) !


En mai, ne te découvre pas d'un fil

Jean-Claude Gascard, le coordinateur du projet européen Damocles pour lequel nous travaillons, est à bord de Vagabond pour une semaine. La veille de son arrivée, nous profitions encore d'un splendide soleil de minuit... La météo est malheureusement bien mauvaise depuis 4 jours, neige et vent nous bloquent à l'intérieur du bateau, impossible de poursuivre les mesures sur la banquise pour le moment. Alors nous examinons les dernières données recueillies et les comparons avec celles engrangées depuis 4 ans. C'est passionnant de découvrir avec lui des phénomènes inédits, inexpliqués à ce jour.


Tournage sur la banquise

Dans quelques mois, vous pourrez en savoir plus sur nos missions et sur notre mode de vie, grâce a deux nouveaux films documentaires qui seront diffusés sur France 3 et France 5. L'équipe de tournage est à bord actuellement, et chaque jour, selon la météo et les observations scientifiques à faire, ou bien lors d'une virée en famille avec les chiens, micros et caméras se faufilent à nos côtés, fidèles témoins. Entre les sondages météo, les relevés hydrographiques et les mesures d'épaisseur de banquise, un ours passe de temps en temps, se fichant éperdument de toute cette mascarade.


Sous le soleil de minuit

L'ourse et ses oursons sont venus près du bateau, nous avons pu les observer longuement, émerveillés. Les oursons gambadaient autour de leur mère qui inlassablement cherchait des phoques dans leurs tanières sous la neige, sur la banquise. La plupart des bébés phoques annelés sont nés maintenant, et leurs mères les protègent au mieux pendant encore quelques semaines, tout au plus. Ensuite, ils devront se débrouiller seuls. Cette activité intense se déroule sous le soleil de minuit : depuis 10 jours, l'astre vital reste au dessus de l'horizon, il ne se couchera pas avant fin août.


Journées bien remplies sur la banquise

Après une période très ventée de quinze jours, nous avons pu réparer le ballon et le regonfler d'hélium. Plus léger que l'air à nouveau, relié au sol par un fil très léger mais très solide, il a atteint facilement 1500m avec ses précieux capteurs météo. Le même jour, je suis allé jusqu'au bord de la banquise, à 9km de la côte, pour descendre la bathysonde au plus profond possible dans le Storfjord. C'est la meilleur période pour arpenter la banquise, pour nous comme pour les ours. Parmi les 14 individus observés ces 3 derniers jours, les 2 jeunes oursons d'à peine 4 mois, qui gambadaient derrière leur mère, étaient les plus émouvants.


3 ours sur mon chemin

En revenant de mes mesures quotidiennes (CTD), je distingue soudain un ours devant moi, dissimulé par les blocs de glace et les congères qui jonchent la banquise. C'est un grand ourson, presque aussi grand que sa mère qui ne tarde pas à apparaître à son tour. L'ourse porte un collier qui émet sa position en permanence, elle participe ainsi à un programme scientifique. Nous nous observons quelques instants, mais un gros mâle surgit à son tour. Il les suit certainement depuis quelques temps et la procession reprend. En passant à ma hauteur, l'ours hume en ma direction, peu intéressé.


Sous la banquise, l'eau très froide

Finalement, juste avant son départ, notre collègue Nicolas a pu bénéficier d'une météo idéale. L'ADCP (Acoustic Doppler Current Profiler) a pu être installé sous la banquise pendant un cycle complet de marée. Pendant qu'il enregistrait sans interruption et avec grande précision tous les courants, depuis la surface jusqu'au fond, nous descendions la bathysonde CTD (Conductivity Temperature Depth) toutes les trente minutes. Pendant cette station de 12h sur la banquise, à quelques kilomètres au large, un gros ours est passé non loin de nous, dissimulé par les blocs de glace et les congères.


Flotter dans la tempête

Un deuxième trou a été découvert, près de l'autre hélice du bateau. Malgré le colmatage, il faut encore pomper de temps en temps pour évacuer l'eau qui s'accumule doucement dans les fonds. Nous cherchons activement une solution moins précaire ! Si les mouvements incessants de la banquise ont fini par percer la coque, la longue tempête d'une semaine a endommagé le ballon météo. Le beau temps semble être de retour, nous devrions pouvoir le réparer et reprendre tous les travaux scientifiques. A commencer par une série de mesures avec courantomètre et bathysonde pendant au moins 12 heures depuis la banquise du Storfjord.


Lorsque tout se complique

Dimanche, une accalmie nous a permis de faire quelques relevés hydrographiques depuis la banquise, à 5 km de Vagabond, avec la bathysonde. Mais depuis, la météo n'est guère favorable, et le vent sculpte d'énormes congères autour de nous. Les motoneiges, les niches, le traîneau... tout a disparu sous la neige, ce qui nous offre des heures de pelletage ! De plus, ce matin, il a fallu s'armer de seaux et de pompes pour vider le bateau qui commençait à couler par l'arrière. Au bout de quelques heures, un trou a été localisé, puis rapidement colmaté, au niveau de l'hélice tribord.