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Météo

  • Comparaison stations meteo Vagabond et Grise Fiord

Tous les jours, un relevé météo est envoyé à la compagnie aérienne locale (Kenn Borek), à nos voisins de Grise Fiord, au Service météorologique du Canada, à des scientifiques, et à quelques curieux. Ces observations sont archivées et seront également nécessaires pour exploiter les données océanographiques récoltées tout au long de l'hiver. De plus une station météo Minos a été installée à bord de Vagabond par l'équipe de Météo France de Brest. Les données de la Minos sont principalement utilisées par les modèles de prévision météo (français, anglais, européen (ECMWF), américain, japonais...). Elles sont assimilées avec des milliers d'autres observations (surface in situ, radiosondages (ballons), satellites...), afin de représenter l'état présent de l'atmosphère, indispensable pour prévoir son évolution. La station météo la plus proche de Vagabond est celle de Grise Fiord, à cinquante kilomètres.


Lumières

  • Feu mouillage Vagabond

Le solstice d'hiver est dans cinq semaines, mais déjà les lampes frontales sont utiles à midi, à l'extérieur, même par ciel dégagé. A l'intérieur, une bougie ou la lampe à pétrole est allumée pour le déjeuner. Notre fjord est immense, mais l'espace devient plus intime, plus chaleureux, dans le halo de ces lampes. La nuit polaire suscite l'imagination. Par beau temps, nous distinguons toujours les falaises et montagnes, à dix ou quinze kilomètres à la ronde, qui se détachent de la banquise uniforme et blanche. La petite lumière en tête de mât, visible depuis le milieu du fjord, où je me rends deux ou trois fois par semaine pour les travaux scientifiques, semble bien petite mais rassurante et accueillante. Elle peut rester allumée toute la journée car c'est une ampoule à LED qui consomme très peu d'électricité. Malheureusement, nos amis de Grise Fiord ne l'ont pas vu hier : une fois encore, ils n'ont pas trouvé de passage sur la banquise, trop mince, qui nous sépare du village. Il devraient tenter à nouveau samedi ou dimanche. Nous avons hâte de les accueillir à bord, et de reprendre contact avec nos voisins, pas vus depuis le 6 octobre !


L'ours de la pleine lune

  • Fuite de l'ours

Je me demandais pourquoi j'avais été réveillé vers 4h du matin, et pourquoi le pied de la caméra était tombé sur la banquise... Mais les traces dans la neige racontent : un ours s'est approché de Vagabond, prudemment. Un bruit a du le surprendre car il a subitement fait demi-tour, pour revenir en faisant une grande boucle. Il a ensuite exploré la piste de jeu des filles, puis s'est frotté au pied de la caméra, avant de s'intéresser à une sorte de tyrolienne. Il a alors libéré une pelle, accrochée à une poulie qui s'est mise à rouler à toute allure vers lui sur la corde tendue ! Les traces de bonds et de pisse témoignent de sa peur et de sa fuite. Je n'avais pas imaginé qu'un jeu puisse servir d'alarme ! Bientôt les chiens seront là pour veiller sur notre refuge. En attendant, il s'en passe des choses, les nuits de pleine lune.


Essais divers pour manips scientifiques

  • Eric depart manip avec traineau

Tous les trois jours, j'emporte la bathysonde au milieu du fjord pour mesurer la température et la salinité de l'eau, en fonction de la profondeur. En chemin, le glaciomètre enregistre l'épaisseur de la banquise, à l'aller comme au retour. Les températures ont nettement baissé ces derniers jours, et les diverses batteries ne tenaient plus jusqu'à mon retour au bateau. Alors j'ai connecté le glaciomètre, le petit ordinateur et le GPS à une grosse batterie 12 volts (similaire à une batterie de voiture). Et pour pouvoir descendre la bathysonde jusqu'au fond, ce qui n'était pas possible avec la plus longue corde disponible, j'ai installé le treuil, et ses 600 mètres de câble, sur le gros traîneau. Résultat, me voilà hier avec plus de 100 kg à tracter, alors qu'il vient de tomber vingt centimètres de neige, et que la température avoisine les -35°C ! Il me faut plus de cinq heures pour la manip, la bathysonde et le GPS gèlent, je reviens bredouille. Aujourd'hui, moins ambitieux, je reprends la petite pulka et la corde, et je garde la bathysonde au chaud dans ma combinaison jusqu'au moment de la plonger dans l'eau. C'est peu confortable mais efficace : les résultats sont bons, pourtant le mercure s'approche des -40°C. Chaque sortie est une petite aventure !


Eté ou hiver ?

  • Site hivernage Vagabond 2 novembre 2011

En France, l'heure d'été a pris fin le 30 octobre à 3:00. A bord de Vagabond (et dans toute l'Amérique du Nord), l'heure d'été se prolonge jusqu'au 6 novembre à 2:00. Nous aurons à nouveau six heures de décalage avec Brest, notre port d'attache.

Vu depuis notre banquise, l'été nous semble bien loin ! De même qu'après une embâcle si simple et si rapide (banquise de plus de 40 cm d'épaisseur déjà), il faut un peu d'imagination pour adhérer à certains documentaires sur le réchauffement climatique. En effet, notre planning nous offre maintenant le loisir de plonger plus fréquemment dans la cinémathèque du bord. Cela ne remplace pas un bon festival comme celui des Ecrans de l'Aventure à Dijon, avec lequel nous étions en direct par téléphone aujourd'hui.

Pour le moment, les traces qui passent près du bateau sont seulement celles d'ours, de renards, de lièvres, de lemmings, de grands corbeaux... et les nôtres. Dans quelques jours devraient s'ajouter celles des premiers visiteurs, en provenance du village de Grise Fiord. Les 48 km de banquise sont presque praticables pour les motoneiges et traîneaux à chiens.


12 et 33

  • Frangins

Cela fait 12 ans aujourd'hui que j'ai acheté Vagabond. Quant à Piem, fidèle webmaster du site vagabond.fr depuis le début, il fête aujourd'hui ses 33 ans au Mexique !

(photo prise lors de la traversée de l'Atlantique en mai 2011)


Coucher du soleil

  • Le soleil se couche pour 112 jours

Le soleil ne s'est pas montré aujourd'hui, pourtant le ciel était parfaitement dégagé ! Nous aurions pu l'apercevoir encore brièvement hier, mais il neigeait et le ciel était nuageux. Il nous faut maintenant attendre jusqu'au 15 février 2012 avant de le revoir...

Les panneaux solaires ont été bien utiles depuis notre arrivée au fjord du Cap Sud (étonnamment, l'étrave de Vagabond pointe exactement vers le Nord), mais ils vont pouvoir être rangés pour quatre mois !

Peu à peu, Vagabond retrouve son organisation hivernale. Les combinaisons étanches et autres équipements de navigation sont désormais dans les coffres, jusqu'à l'été prochain. Les réservoirs d'eau douce sont vides maintenant, et la glace d'iceberg collectée est mise à fondre dans des bidons à l'intérieur du bateau. Le bivouac de sécurité est opérationnel, en cas d'incendie par exemple. L'échelle est en place pour descendre plus facilement sur la banquise, qui fait déjà quarante centimètres d'épaisseur. La balançoire a aussi été installée ! Les vêtements chauds remplacent les cirés, il fait -22°C aujourd'hui. Et depuis deux jours, le congélateur est vide, son contenu a été entreposé dans des caisses à l'extérieur. A la différence du Svalbard, les redoux devraient être moins fréquents ici, au sud de l'île d'Ellesmere, et le congélateur restera probablement éteint jusqu'en mai prochain. Comme si Vagabond s'était installé dans un immense congélateur...


Respirer sous la banquise

  • Devant trou de respiration d un phoque

Seul au milieu du fjord, sur une banquise de trente centimètres d'épaisseur, alors que je remonte la bathysonde vers la surface, j'entends soudain un souffle, puissant, tout proche. Je cherche en vain, la glace est parfaitement lisse autour de moi, sur des kilomètres carrés, pas une aspérité qui pourrait dissimuler un animal. J'aperçois alors un petit dôme lisse, percé en son sommet : un phoque est venu reprendre son souffle par ce trou qu'il entretient, et qu'il parvient à retrouver sous la glace je ne sais trop comment. Ces trous sont nombreux dans les environs de Vagabond. Malgré un décor qui semble figé par le froid, il y a beaucoup de vie sous la glace ! Un phoque est même venu respirer à l'arrière du bateau, dans le trou entretenu par l'eau que rejette le moteur. En l'absence de vent, n'importe où sur la banquise, il suffit d'attendre quelques minutes pour entendre un souffle. On se sent alors moins seul, presque observé.


Visiteurs

  • Traces de visite

Finie la patinoire géante, une fine couche de neige recouvre la banquise. Les visiteurs laissent maintenant des traces bien visibles de leurs passages ! Déjà trois visites d'ours en deux jours, sans doute le même jeune ours à chaque fois. Il a seulement mâchonné un peu une bouée. Nous serons plus tranquilles lorsque les chiens seront là pour annoncer les visites. Ils devaient venir en bateau, mais les conditions furent trop mauvaises. La saison de navigation se termine. Le fjord semble gelé jusqu'à l'horizon maintenant, bientôt la banquise sera praticable pour les chasseurs de Grise Fiord. Et les chiens pourront venir.