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Fin de nuit polaire

  • Un dimanche apres-midi
  • Fin stage Hip-Hop

La nuit polaire est terminée depuis quelques jours à Grise Fiord, mais le soleil reste dissimulé par les nuages ! Une nuit polaire qui n'est plus aussi sombre qu'autrefois : le réchauffement de la haute atmosphère engendre une plus grande réfraction du soleil.

Nous étions une vingtaine à bord de Vagabond, hier, pour partager les crêpes de Mardi gras. Même l'évêque suffragant du diocèse de l'Arctique, de passage à Grise Fiord, nous a rejoint avec les fidèles après la messe du jour.

Les chiens de Jeffrey sont maintenant installés devant le village, sur la banquise, ils ont enfin suffisamment de neige pour s'isoler de la glace et s'abreuver. Ils partiront le mois prochain pour une chasse sportive à l'ours polaire.

Lundi soir, Nolan, 12 ans, a tué son premier ours, juste devant le village. Une demi douzaine de 4x4 se sont rassemblées sur la banquise pour l'occasion.

Ni boite de nuit, ni ciné, ni bar, ni resto... alors souvent, le soir, les jeunes font des tours de motoneige sur la banquise ! De son côté, l'une des professeurs du village travaille dur pour rassembler l'important budget nécessaire pour emmener bientôt ses élèves découvrir Ottawa, la capitale de leur pays.

La semaine dernière, tout le village vibrait au rythme de l'atelier "Bien-être grâce au Hip-Hop", animé par Buddha et son équipe de Blue Print For Life. Le spectacle final, vendredi soir, illustrait l'intensité du travail social accompli auprès des jeunes du village.

La semaine précédente, avec les élèves de l'école Ummimaq, Meeka organisait un grand feu, des présentations et des ateliers pour lutter contre les addictions.

Fin janvier, la Commission d’aménagement du Nunavut était là pour recueillir, sur de grandes cartes, les connaissances des chasseurs sur les endroits à mieux protéger, à l'avenir, dans toute la région.

Le nouveau plan de gestion de la chasse au narval a été approuvé, il prévoit pour Grise Fiord une augmentation de 20 à 50 narvals du détroit de Jones.

Vendredi prochain, tandis que que l'astéroïde 2012DA14 frôlera la terre (!), l’honorable Edna Elias, commissaire du Nunavut, procédera à la remise de médailles du jubilé de diamant de la Reine et de prix de la commissaire.

Le 27 janvier, en suivant l'arrivée du vainqueur du Vendée Globe, Aurore disait : "je veux faire la course que avec notre bateau rouge". Elle aime beaucoup se déguiser en princesse, et aussi aller à la garderie de temps en temps, pour y retrouver sa copine Lily.

Léonie est ravie à l'école où elle progresse en anglais et en inuktitut. Deux récrés par jour (peu importe la nuit froide !), une séance au gymnase, une autre en salle informatique... De retour à bord, elle pratique régulièrement la lecture et l'écriture en français.

France soigne la chaude garde-robe de notre équipage : elle participe à des cours de coutures et utilise savamment les peaux de phoque, de loup, de lièvre, de chien... pour nos parkas, pantalons et moufles.

La pleine nature nous manque parfois, ainsi que les collectes de glace ou les chiens à nourrir, mais la vie à Grise Fiord est riche de rencontres passionnantes.


Banquise en pleine croissance

  • Cap Sud 2 fevrier

La croissance de la banquise est de 1,11 cm par jour, en moyenne depuis mi-décembre. Elle était de 0,61 cm/j à la même période l'an passé, pour un même nombre de degrés-jour de gel (freezing degree-days). La faible quantité de neige serait la principale explication : 2 cm actuellement, contre 10 cm il y a un an. De plus, la récente accélération de la croissance de la glace illustre une diminution de la source océanique de chaleur.

Bien emballé dans un duvet, le glaciomètre (EM31) a bien voulu fonctionner pendant deux heures hier, malgré le froid : -36°C et vent d'ouest soutenu ! En ce qui me concerne, j'ai apprécié la petite plaque de plexiglas qui rehausse le pare-brise de 10 cm. Sur ces 60 km de relevés, on s'aperçoit que la banquise à l'entrée du fjord du Cap Sud est plus mince, l'influence de l'océan y est plus forte, comme nous l'avions observé en passant l'hiver dernier dans ce fjord.

De son côté, la bathysonde montre qu'en dessous de 150-200 m, c'est à dire au dessous des seuils qui isolent les eaux profondes du détroit de Jones, les caractéristiques de l'eau ont guère changé en 15 ans. Devant Grise Fiord, la profondeur dépasse rapidement 500 m !


Copépodes etc

  • Plancton 29 janvier 2013
  • Prelevement d eau pour plancton

Comment faire, par -35°C, pour récolter du plancton ? La technique d'hier fût assez efficace : faire un trou et remplir un gros bidon d'eau de mer à l'aide d'une pompe. Acheminer le bidon à l'intérieur, et avant de filtrer, attendre un peu que l'eau se réchauffe d'à peine 1°C. Ainsi le filtre ne se bouche pas de glace.

Au menu : zooplancton (Copépodes) et phytoplancton (Dinoflagellée Cératium - en bas à droite - et Diatomée Chaetoceros - en bas à gauche). Merci à Pierre Mollo pour l'identification !


Pas encore la routine

  • CTD avec Aurore
  • Ice growth from FDD at Vagabond January2013

En attendant de recevoir une tarière adéquate, qui nous permettra de faire des trous suffisamment larges pour y glisser la bathysonde, nous cherchons des trous de respiration de phoques. De préférence dans les fractures, là où la glace est plus mince. Comme les chasseurs du village, sauf que nous agrandissons le trou sans attendre que le phoque ne vienne respirer ! Le treuil est ensuite installé pour faire un relevé hydrographique. A quelques kilomètres du village, la profondeur dépasse 500 mètres, vertigineux. Samedi, Jeffrey est revenu avec quatre phoques. Quant à nous, quelques kilo-octets.

Un renard a sectionné l'un des câbles de l'IMB ! J'ai protégé les autres avec un peu de gasoil...

Le glaciomètre à induction électromagnétique (EM31) me donne encore du fil à retordre; mais il devrait bientôt nous permettre de faire des longs relevés d'épaisseur de banquise dans chacun des grands fjords des environs de Grise Fiord.

La technique de prélèvement de plancton, avant d'envoyer les images pour le programme Plancton du monde, n'est pas encore parfaitement au point. Le filet et le tamis gèlent trop vite, et il n'est pas simple d'acheminer suffisamment d'eau jusqu'à Vagabond pour la filtrer "au chaud"... Tout cela rapidement pour que, si possible, le plancton soit encore vivant sous le microscope !

Grâce à nos relevés météo quotidiens et au suivi de la croissance de la banquise, Humfrey Melling nous propose ce graphique qui illustre le caractère spécifique du fjord du Cap Sud, où Vagabond a passé l'hiver 2011-2012.


Banquise sous surveillance

  • Ice Mass Balance devant Grise Fiord au clair de lune

Voilà, l'IMB (Ice Mass Balance) a été installé hier, sur la banquise, à 3 km du village. Après quelques tests de transmission depuis Grise Fiord, et avec l'accord des chasseurs, il a fallu acheminer le matériel sur le site choisi et percer plusieurs fois la banquise avant de mettre en place les instruments (destinés à établir un bilan des masses de glace liés aux effets thermodynamiques lors des phases de gel et de fonte). Chacun pourra bientôt consulter sur internet toutes les données envoyées quotidiennement par satellite, jusque début juillet. L'IMB sera récupéré avant la débâcle, certainement dans un meilleur état que l'appareil retrouvé en août 2011 ! Nous avions déployé une version précédente au Svalbard au printemps 2006.


Rangers honoraires

  • Eric et France nommes Rangers canadiens honoraires

Ce soir, Jarloo Kiguktak, le chef des Rangers canadiens de Grise Fiord (voir carte interactive), nous a convié à une réunion de patrouille. A notre grande surprise, nous avons été nommés Rangers canadiens honoraires ! Les Rangers sont les yeux et les oreilles du Nord...

Hier soir, nous étions invités à partager le phoque tout juste attrapé par Jeffrey. Un régal, aussi bien cru que cuit !

Etonnante sensation de redoux, tandis que la température passe de -32°C à -22°C...


Fin des vacances scolaires

  • La peau de l'ours du 3 janvier

Pour Noël, la pleine lune illuminait la banquise et les montagnes. A Grise Fiord, les fêtes durent dix jours : une joyeuse et chaleureuse façon d'occuper ces vacances scolaires au coeur de la nuit polaire. Chaque soir, tous se retrouvent au gymnase pour sept ou huit heures de jeux collectifs très variés. Les lots sont nombreux, souvent utiles : sac de couchage, réchaud, thermos, cordage, huile pour motoneige, jambon fumé, cafetière électrique... et même un billet d'avion; nos filles gagnent beaucoup (trop !) de jouets mais aussi une pompe de cale et 200 litres d'essence. Pendant les fêtes, dinde rôtie et père Noël, messe de minuit et feu d'artifice sont à l'honneur. Mais aussi un concours de chasse au phoque, des jeux traditionnels inuit, une course de motoneige... Le 1er janvier au soir, après avoir dégusté les deux phoques crus chassés pendant la compétition de la journée, ainsi que du caribou congelé, de l'omble chevalier congelé et de la peau de narval, chaque chasseur du village se voit doté d'une balise de géolocalisation spot.

La rentrée scolaire, c'est demain matin, et chacun s'efforce de retrouver un rythme normal; c'est encore plus difficile pour les enfants qui ont pris l'habitude de se coucher à 5h du matin et de se lever vers 3h de l'après-midi !

Devant le village, la banquise atteint déjà 80 cm d'épaisseur. Autour de la coque, de la neige a été accumulée pour améliorer l'isolation. Pas simple car il n'y a guère plus de 2 cm de neige sur le sol, le climat est très sec.

Jeudi matin, Jeffrey a chassé un ours qui rôdait autour du village, il l'a dépecé et découpé avec Simon, au pied de Vagabond.

Les médias canadiens s'intéressent à notre histoire ces derniers temps (voir ici), et France 5 diffuse aujourd'hui Sur le grand océan blanc, un documentaire sur notre hivernage précédent.