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Objectifs géologiques

  • Casse-tete geologique

L’objectif de la mission réalisée à l’Est du Groenland avec Vagabond, entre le 8 et le 18 août 2014, était d’atteindre un site exceptionnel de la marge volcanique, à 200km au nord de Kulusuk, où les coulées basaltiques de la marge reposent sur le socle précambrien. L’étude de la géométrie de ce contact est fondamentale car sa résolution permet de comprendre les mécanismes à l’origine de la formation de ce type de transition continent-océan. La mission, bien que courte, a été couronnée de succès grâce à l’appui de Vagabond... et de son équipage !


De Nuuk à Kulusuk

  • Collecte de camomille a Ipiutaq
  • Baleine a bosse sonde pres de Vagabond
  • Magie des fjords groenlandais

Deux choses que les navigateurs redoutent dans les hautes latitudes : toucher un haut-fond non cartographié, percuter un iceberg. Choses faites pour Vagabond ! Tout d'abord la coque, au Canada, peu de temps après avoir quitté notre site d'hivernage. Puis le nez, au Groenland, après l'escale à Nuuk. Les responsables : brume épaisse et baisse de vigilance en fin de quart de nuit. Ne pas quitter des yeux le sondeur et le radar... Vagabond est solide et encaisse, rien ne l'arrête, il poursuit sa route avec seulement de belles cabosses.

Attentifs, nous savourons la route entre les îles, protégée de la houle et plus ludique que celle du large. Des balises existent sur la majeure partie de la côte ouest du Groenland, pour les petits bateaux, et nous en croisons beaucoup. Malgré le peu d'escales, nous effleurons le paysage et côtoyons les Groenlandais. Là, un caribou perché sur un rocher, ici, un renard qui cherche sa nourriture sur une plage. Du bon "rase-cailloux". Devant Paamiut, l'épave d'un gros bateau de pêche encourage à la prudence ! D'autant plus que la nuit, la vraie, noire, se manifeste à nouveau, au sud du Groenland (60°N). Les températures et la végétation augmentent.

Le 31 juillet, nous arrivons à Ipiutaq, escale très attendue ! Nous retrouvons nos amis Ina (7 ans), Agathe et Kalista. Cette petite famille franco-groenlandaise élève des moutons et propose des chambres d'hôtes dans un environnement magnifique. La vie de la ferme, l'excellente cuisine franco-groenlandaise d'Agathe, la pêche à l'omble... La journée passe trop vite, nous reviendrons !

Nous évitons le redoutable cap Farvel. Près de 100 km de fjords permettent aux bateaux de passer de la côte ouest à la côte est du Groenland, entre des montagnes de plus de 1500m d'altitude. Nous ne connaissions pas ce passage en 2003 (Tour de l'Arctique), et il était encore bloqué par la glace en 2011 (Brest - Grise Fiord), ainsi étions nous impatients de le découvrir. Le 3 août, nous jetons l'ancre quelques heures, puis filons vers la sortie des fjords dès le retour du jour.

Démesure et contrastes de la côte Est, si sauvage : beaucoup de glaciers et d'icebergs, enneigement important (début août !), cartes 10 fois moins précises et fausses (décalage de l'ordre du kilomètre), fort courant contraire (en provenance directe de l'océan Arctique), nombreux hauts-fonds qui imposent de ralentir, pas de balise, pas de village, personne sur plus de 700 kilomètres de côte... Seule rencontre, un bateau, un trois mâts, qui nous semble d'une autre époque !

Une houle de six mètres s'oppose à notre progression, des escales sont inévitables. Deux fois nous trouvons un abri correct, l'occasion de se dégourdir un peu les jambes en attendant que la météo s'améliore. Aurore et Léonie, amarinées, s'adaptent bien au rythme de la croisière : jouer, écouter de la musique ou des histoires, regarder un dessin animé (si pas trop de houle), lire, manger (souvent !), dormir, admirer le paysage et les animaux. Au final, un long mais beau périple de 17 jours, plus de 1400 milles (2600km) parcourus de Qikiqtarjuaq à Tasiilaq. Pour notre arrivée, la mer est belle (enfin !), la lune est pleine et la nuit moins sombre, juste sous le cercle polaire.

Le 9 août, nous enchaînons trois escales chargées de souvenirs. A Tasiilaq, chez Peroni, nous récupérons un fusil et le matériel des géologues. Douches et boutique aussi. Trois heures plus tard, à Kulusuk, Laurent Geoffroy et son équipe embarquent à bord de Vagabond. A Sermiligaaq, nous jetons l'ancre pour la nuit, et débarquons pour trouver un autre fusil, complet cette fois. Cela fait 13 ans que nous ne sommes pas revenus dans cette région, qui fût notre première destination en 2000 et en 2001, déjà pour les missions géologiques de Laurent Geoffroy.

Suivez ici l'itinéraire de Vagabond.


En avant ! par France et Eric

  • Leonie observe morses
  • Ours temeraire

Après avoir valsé, paré de sa robe de banquise dentelée, Vagabond célèbre ses retrouvailles avec le voyage. Première escale, Tassialuit. Nous jetons l'ancre à l'endroit même où fut plantée notre tente cet hiver sur la banquise. Le temps de visiter les amis en week-end, de finir divers rangements... et d'observer de très près un ours curieux venu nager autour de notre coque rouge !

Vers minuit nous reprenons notre navigation tandis que Léonie et Aurore s'endorment, bercées par la houle pour la première fois depuis dix mois. Comme chaque année, il faut se ré-amariner, ce qui est moins agréable lorsque la brume est épaisse ! Le lendemain nous tentons une pause dans un fjord mais la glace accumulée nous empêche d'y trouver un mouillage. Cependant, une plaque habitée de lourdes masses brunes nous comble : neuf morses nonchalants se laissent approcher et nous dédommagent du loupé.

Pour notre petite escale technique et réparatrice, le dernier abri avant la traversée vers le Groenland se trouve sous le cap Dyer (détroit de Davis, limite sud de la baie de Baffin, entrée du passage du Nord-Ouest). La houle enfle et le vent de 30 noeuds nous pousse déjà fort. Cette fois, une poignée d'hommes nous accueillent. Visite tardive de la station radar du cap Dyer (ligne DEW), avec l'équipe en charge de l'entretien du site pendant l'été. En contrebas d'une falaise, nous voyons défiler à grande vitesse une masse compacte de nuages sombres au large du cap. Afin de laisser passer le coup de vent, nous nous réfugions tout au fond du grand fjord Sunneshine (qui porte bien son nom), à 18 miles nautiques de l'entrée !

Le lendemain, cap à l'est vers le Groenland. Des globicéphales et des baleines croisent notre route. Et à notre arrivée toutes voiles dehors au petit matin sur la côte d'en face, des baleines nous saluent, spectacle renouvelé jusqu'au soir ! Nous apprécions les eaux calmes baignant un dédale d'îles avant de rejoindre Nuuk, la capitale.

24h d'escale efficace et sympathique, grâce aux attentions de nos voisins gardes-côtes, et grâce à Jean-François Pagès, cuisinier français au Groenland depuis 32 ans, haut en couleurs et en bonne humeur !

Suivez ici en direct le périple de Vagabond.


Libres !

  • Leonie et Aurore en traineau

Depuis six jours, notre banquise est libre. Chaque matin en se levant, on se demande où la dérive nous a mené... Parfois très près du village, ou d'un iceberg. Parfois à 6km plus au sud. Parfois de retour dans la baie d'Aningaatalik. Toujours prisonniers de notre banquise hivernale, nous dérivons au gré des courants et des vents depuis qu'elle a quitté sa baie d'origine.

Des visiteurs viennent accoster au bord de la glace, avec leurs bateaux. Et grâce à notre annexe, en la tractant jusqu'à l'eau, il nous est toujours possible de rejoindre la terre ferme.

Samedi, Yves vient ainsi m'aider à réaligner le moteur tribord (qui vibrait terriblement), et à changer la pompe à injection du moteur bâbord. Ca y est, les moteurs de Vagabond sont opérationnels !

Beaucoup de phoques sont aperçus, les chasseurs partagent leurs prises avec nous, et les chiens aussi se régalent. Ces derniers sont libres, depuis que notre plaque de banquise dérive. Ils arpentent l'immense radeau de glace constellé de flaques de fonte.

Ce mardi 22 juillet à 9h nous avons abandonné notre grande plaque de banquise. Vagabond a réussi à se tailler un chenal dans la glace fragilisée par la fonte. En prenant régulièrement du recul pour avoir un peu de vitesse et casser peu à peu la glace qui nous sépare de l'eau libre.

Après une escale gasoil-essence-vivres-douches-lessives à Qikiqtarjuaq, nous jetons l'ancre pour la nuit dans la baie où nous venons de passer neuf mois et demi. Le temps de récupérer un appareil photo qui a immortalisé notre hivernage toutes les heures depuis le 5 octobre, puis de plonger sous la coque pour récupérer une sonde à réparer et pour changer les anodes d'hélices (le tout en apnée suite à un problème de givrage de détendeur !), et nous partons pour le Groenland.

Vous pouvez nous suivre ici : http://www.sailwx.info/shiptrack/shipposition.phtml?call=FLAO


Les précieux échantillons s'envolent !

  • Banquise du 10 juillet 2014
  • Transfert echantillons -80 degres
  • Aurore et Leonie en kayak
  • Transfert echantillons et instruments par helico

En ce jour de fête nationale française, les fruits de nos travaux pour Takuvik se sont envolés ! Tous les échantillons préparés au labo et les prélèvements effectués en plongée depuis le mois de mars ont été confiés à l'hélico de l'Amundsen, ainsi que les principaux instruments scientifiques qui doivent être contrôlés (CTD, ADCP, SPAR). Alors que le brise-glace faisait route vers le nord, à 50 milles nautiques de la côte, l'hélico a fait un aller-retour jusqu'à Qikiqtarjuaq, permettant de maintenir la chaîne du froid (-80°C et -20°C). Ce fût aussi l'occasion pour nous de recevoir quelques pièces de rechange et un peu d'épicerie introuvable à Qikiqtarjuaq !

Ensuite, tout le matériel scientifique a été mis à sécher dehors, trié et rangé dans un conteneur jusqu'à l'hiver prochain. Sous le soleil et les hordes de moustiques ! Skidoo bâché, qamutiks (traîneaux) à terre, la mission Vagabond-Takuvik 2014 est terminée pour nous.

La débâcle progresse doucement, très tardive cette année. Du jamais vu depuis 1981, selon les anciens. Nos voisins campeurs d'Aningaatalik surveillent patiemment la fonte des glaces, ils guettent les phoques en attendant de pouvoir naviguer dans les fjords. Lors d'une excellente soirée anniversaire en leur compagnie, je gagne un couteau au concours de tir !

Samedi dernier, l'ancre a été relevée, après 9 mois d'immobilité au milieu des palourdes à 15m de profondeur. Soulagée par un bidon de 60 litres rempli d'air, j'ai pu la rapprocher de la coque de Vagabond. France a ensuite repris les 60m de chaîne qui gisait sur le fond depuis le mois d'octobre. J'ai profité de cette plongée pour inspecter la coque, malgré une très mauvaise visibilité : RAS, hormis les anodes d'hélices à changer et la fixation de la sonde à revoir. Pendant ce temps, Aurore et Léonie, de plus en plus autonomes, arpentent les flaques en kayak !


D'une fête à l'autre

  • En traineau dans la brume
  • Concours de peche Canada Day

1er juillet : Fête du Canada. La banquise s'amincit beaucoup par endroit, les fractures s'élargissent... mais c'est toujours en motoneige, en faisant quelques détours, que toute la famille se rend au village pour les festivités !

9 juillet : Fête du Nunavut. Cette fois, c'est en bateau que nous arrivons au village. L'annexe est d’abord nécessaire pour débarquer de Vagabond sur la glace, car notre flaque s'est beaucoup agrandie. Ensuite, il faut marcher jusqu'au bord de la banquise, en tractant l'annexe. A partir de la pointe Aningaatalik, où une demi douzaine de tentes se sont installées, l'eau est libre jusqu'au village. Quelques chasseurs téméraires utilisent encore leurs motoneiges.

Ces fêtes sont l'occasion de partager de vrais festins (caribou et omble arctique congelés, phoque, algues...), des compétitions de pêches (chabot), des courses de vélo (enfants), des chasses au trésor, des jeux de dés ou d'adresse...

Entre temps, au village, j'ai laissé les traîneaux au plus près de la berge (où ils seront bientôt hissés au sec) et j'ai acheminé la motoneige vers un garage (où elle attendra le retour de la neige). Ce 2 juillet, je commençais à revenir à pied, mais j'ai vite été rattrapé par un skidoo qui m'a déposé non loin de Vagabond !

Rendre visite à nos voisins campeurs, partager un thé préparé sur un feu de bruyère, aller chercher de l'eau douce à la rivière la plus proche, profiter du vent pour quelques dernières sorties en snowkite, monter le kayak et commencer par faire le tour de Vagabond (à 4 !)... tout cela en alternance avec les travaux et préparatifs à bord.


Début d'été

  • France snowkite pano

Question été, on vient de passer quinze jours de neige, neige, neige et le soleil semble enfin de retour pour quelques temps. Du coup la banquise qui était bleue de lacs de fontes en surface est redevenue blanche trompeuse l'espace de ces quinze jours; mais de vrais lacs, ouverts sur le fond apparaissent. C'est une saison étonnante, superbe encore, qui ne nous laisse rien présager de la suite : à quand la débâcle ici ? Quelle matière fascinante la banquise, et toutes ses métamorphoses pendant son processus de fonte. On en profite pour faire toutes sortes de travaux à bord, entretiens, rangements, pour glisser en snowkite sur la glace vive et les grandes flaques, on se projette déjà dans la "dimension navigation" (ça gite maintenant lorsqu'il vente !), tandis que Léonie et Aurore jouent aux princesses, aux cartes, à l'école ou à faire du camping, dedans comme dehors. Et on se pâme devant les bourgeons des minuscules fleurs roses qui tardent à éclore !

Bientôt pour aller au village il faudra près d'une heure de marche en évitant les crakcs et la banquise trop fine, puisque c'est le moment de ranger la motoneige. Et très vite certainement, ce sera un peu de marche et un coup d'annexe. Bref, on adapte les moyens au terrain... changeant !


Neige au solstice d'été !

  • Leonie tracte Aurore dans kayak
  • Demontage station meteo
  • Eric et Aurore snowkite 22 juin

Pour marquer le solstice d'été, à défaut de soleil de minuit, le mauvais temps persiste ! Ce qui n'empêche pas nos amis locaux de partir fréquemment camper et pêcher, d'autant plus que les ombles viennent de quitter les lacs pour rejoindre la mer. Les parties de pêche sont suivies de séances de séchage et fumage.

Hier, entre deux grosses chutes de neige (!), entourés de phoques qui se prélassaient à côté de leurs trous, France et moi avons pu démonter la station météo installée sur la banquise en mars dernier pour Takuvik. Tout le matériel scientifique a finalement été rapatrié dans un conteneur à Qikiqtarjuaq.

Alors que j'envoyais les dernières données (station météo et courantomètre), Marcel Babin, le directeur de Takuvik, me demandait ce matin de "réfléchir à la faisabilité de poursuivre un échantillonnage re-dimensionné du bloom... Avec un zodiac? Autre?". L'idéal serait un aéroglisseur !

L'état de la glace impose désormais de grands détours, en particulier pour aller du bateau au village en motoneige. Étonnamment, la banquise est redevenue blanche, et la neige fraîche masque les flaques de fonte. En espérant qu'elle ne masque pas de réels trous, tels que ceux devant le village, où la glace a déjà été rongée intégralement par les courants.

La saison est au rangement, à l'entretien, à la préparation du bateau pour la saison de navigation, et à l'avitaillement. Il s'agit d'achever les commandes pour l'été et même pour l'hiver prochain : les deux bateaux qui desservent Qikiqtarjuaq une fois par an partiront bientôt du Québec (Desgagnés et NEAS). Des colis plus modestes arrivent parfois par la poste, depuis le sud du Canada ou depuis l'Europe. Mi-juillet, tandis que le brise-glace Amundsen passera au large de l'île Broughton, l'hélico du bord viendra chercher tous nos échantillons et du matériel, tout en nous apportant des pièces détachées pour les moteurs. Quant à Aurore, elle vient de recevoir, de la part d'un prêtre d'Iqaluit (la capitale du Nunavut), une paire de bottes en caoutchouc à sa taille, introuvable ici à Qikiqtarjuaq !

L'approvisionnement de Vagabond se fait également grâce à nos partenaires (Celnat, Even, Hénaff) et à nos amis navigateurs. Ainsi des colis partis de Bretagne nous attendent à Nuuk (capitale du Groenland), déposés par le WHY, et d'autres sont en route pour Tasiilaq (Groenland), à bord d'Algol. Enfin les bidons des géologues, en partance de Brest, contiendront des vivres et équipements pour Vagabond : ils embarqueront avec les scientifiques au mois d'août au Groenland, pour repartir vers Brest, après la mission, chargés d'échantillons de roches !


La toundra reprend des couleurs

  • Aurore et Leonie dessinent
  • Remonter le filet
  • Motoneige sur traineau car trop d eau

Et la banquise est bleue ! La neige fond et la glace se retrouve inondée. Cette eau douce s'écoule peu à peu par les fractures ou par les trous de phoques. En attendant, on se demande parfois ce qu'on fait en motoneige au milieu de toute cette eau ! Hier, il a fallu mettre l'avant du motoneige sur le traîneau pour sécher le moteur et pouvoir quitter une zone bien trop inondée.

Depuis le 11 juin, l'école est finie pour Léonie; jusqu'au 15 août. Les grandes vacances sont un peu décalées avec notre saison de navigation (fin juillet - fin septembre). A notre retour du Groenland, Aurore aussi ira à l'école Inuksuit de Qikiqtarjuaq, à son tour elle apprendra l'anglais et l'inuktitut. Aujourd'hui Léonie aime beaucoup chanter en inuktitut, et nous transmet ainsi un peu de culture inuite.

Nous venons de camper trois jours dans la première baie au nord-ouest de Vagabond, sur la berge, au bord d'une banquise détrempée, non loin d'un gros torrent. Les premières fleurs apparaissent, ainsi que beaucoup de baies de l'année dernière, qui ont été congelées tout l'hiver : malgré un petit goût caractéristique, elles sont appréciées par tous, y compris nos chiens ! Sarah et Leelee, venus nous rendre visite à deux reprises (compter une bonne heure de motoneige depuis le village), nous montrent les différentes baies, les plantes qu'ils utilisent pour faire du thé, pour faire du feu...

Entre deux stations (mesures, carottages et prélèvements tous les deux jours sur la banquise pour Takuvik), nous avons expérimenté un grand filet de 100 mètres de haut pour 2 mètres de large, installé juste au dessus du fond du fjord (370m) pendant 24h : 8h d'opérations au total, mais rien, aucune morue polaire dans les mailles du filet ! Il y en avait pourtant une dans le trou quatre jours plus tard, qui nageait dans le fort courant engendré par l'écoulement de l'eau de fonte...

La semaine dernière, Mike Beedell et son groupe d'amis français nous ont rendu visite, à la fin de leur difficile périple à ski et à pied dans la région. Nous étions tous heureux de ces moments partagés, à bord ou au village. France et moi n'avions jamais eu autant de compagnie pour les manips scientifiques sur la banquise ou au labo ! Merci Billy pour tous les transferts en motoneige (Billy est aussi le révérend de l'église Gospel de Qikiqtarjuaq !).

En vue de remonter l'ancre, avant que la banquise commence à dériver en risquant de briser la chaîne, j'y ai accroché un bidon de 60 litres lors de ma dernière plongée. Je l'ai rempli d'air, mais l'ancre n'a pas bougé ! J'y retourne bientôt, avec une deuxième bidon.


Un laser sous la banquise

  • Eric pret a plonger avec capteur

José et Claudie travaillent pour Takuvik, le laboratoire de recherche de Québec qui nous a confié cette année une étude complète du bloom. Ils sont venus pour dix jours avec un prototype de détecteur de glace par polarimétrie laser à tester sous la banquise. A terme, il sera utilisé avec des flotteurs ARGO en Arctique. Le système de détection communiquera la présence éventuelle de glace en surface au flotteur à une profondeur de 15 à 20 mètres pour arrêter son ascension et éviter tout contact. Ce développement fait partie du projet NAOS qui renforce la contribution française à la mission ARGO, en déployant 110 flotteurs pendant la période 2012-2019.

Pour le moment, il s'agit de valider le système, et pour cela je suis mis à contribution pour plonger et viser avec le laser, depuis la profondeur de 10m, une banquise mince, ou épaisse, ou une surface libre de glace. Mon masque est équipé de verres de protection laser, et j'ai l'impression de plonger avec des lunettes de soleil ! Les dernières plongées ont lieu près du bateau, où l'enneigement important de la banquise filtre davantage la lumière. Je ne vois donc pas grand chose, difficile de bien viser ! José semble néanmoins satisfait des résultats, et conclue que "l'expérience sur le terrain a apporté des informations importantes pour l'optimisation du système" !

Les travaux habituels sur la banquise et au labo continuent pendant ce temps, plus que jamais d'ailleurs : "Ça y est, c'est le bloom!!! La raison d'être de la mission. Bravo!", nous écrit Marcel Babin, directeur de Takuvik, qui suit de près nos résultats. Claudie est aussi venue pour faire le point sur l'utilisation de la CTD (bathysonde), et en profite pour se familiariser avec le carottier. En revenant de la dernière station, nous avons surpris un ours sur la banquise, au pied de l'île Broughton, sur laquelle il a ensuite grimpé un long couloir de neige. Fascinant.

Hier, mon frère Paul (Piem) a atteint Ushuaia en vélo. Parti de Barcelone il y a 3 ans et 2 mois, il était à bord de Vagabond lors de notre difficile traversée de l'Atlantique, en mai et juin 2011, au début de son long voyage. Depuis, il a vécu milles aventures et rencontres ! Sans jamais oublier de veiller sur ce site, entre autres, dont il est le webmaster.

Quelques jours auparavant, comme pour marquer ces évènements (coïncidence ?), mon frère François et la Compagnie La Batook présentaient au public leur nouveau spectacle : La Fille de l'Air !