Fête du nautisme sous la neige

Notre accès à la mer est prêt ! Nous espérions pouvoir faire aussitôt une première plongée sous la coque, une façon de participer à la fête du nautisme qui se déroulait en France ce week-end, mais le tempête n'en finit pas depuis 3 jours. L'hélico qui doit apporter les pièces de rechange pour la motoneige viendra-t-il aujourd'hui ? Une fois réparée, je dois la conduire et la laisser à Svea, à 40 km à l'ouest de Vagabond, sur la côte ouest. Il est grand temps, car si nous croulons encore sous de nouvelles congères, la neige risque de manquer pour atteindre Svea. Je dois ensuite y retrouver mes amis Fred, Jean et Lucas, et revenir à ski avec eux jusqu'au bateau. Tout cela si la tempête se calme...


4 degrés de gite

Nouvelle couche de neige fraîche, paysage immaculé, -14°C, pas un souffle, superbe soleil de minuit qui chauffe suffisamment pour maintenir plus de 12°C dans le bateau, grâce aux nombreuses vitres... difficile de se résoudre à dormir tant le spectacle est beau. Le chauffage est éteint depuis 3 jours, et nous oublions même la gîte de 4 degrés, qui ne semble plus augmenter depuis quelques jours. C'est que la banquise travaille autour de nous, comme impatiente de partir à la dérive, et, au fil des marées, si proche de la côte, Vagabond suit les caprices de son étau blanc. Mais patience, près de 2m d'épaisseur de glace nous emprisonne encore, comme nous venons de le constater en cherchant à percer un trou suffisamment grand pour pouvoir plonger sous la coque. Chantier en cours, à suivre...


Panne motoneige

L'ourse, reconnaissable avec son collier, est revenue mardi, intéressée par les restes de la tente. Peu décidée à s'éloigner, elle a joué un long moment avec un de nos piquets de bambou, avant de s'installer au pied de notre iceberg 'réserve d'eau douce' pour une longue sieste. En fin de journée, elle s'attaquait de nouveau aux lambeaux de toile verte, et c'est en motoneige que j'ai pu la repousser hors de notre petit territoire. Ce matin encore, vers 3h, l'ourse était annoncée par notre chien Frost, nous lui avons alors adressé 2 fusées d'alarmes. Le motoneige est en panne depuis hier (roulement cassé), ce qui m'a d'ailleurs valu une belle balade a ski de 7h, pour faire la moitié des mesures CTD que nous faisions en 3h auparavant. Mais le plaisir est autre, seul avec les chiens sur cette magnifique banquise, surtout que nous avons croisé 2 ours en chemin, pas du tout agressifs.


Berit et Karl

Hier après-midi, à quelques kilomètres de Vagabond, j'ai pu suivre un renne pendant un bon moment. L'animal n'était pas en forme et j'ai du retenir fermement les chiens ! A peine revenu au bateau, nous avons eu l'heureuse visite surprise de Berit et Karl, avec leurs 2 attelages. Ils ont choisi de passer la soirée avec nous, imaginez l'excitation de Jin et Frost avec soudain 15 chiens de plus comme voisins ! Berit et Karl vivent depuis les années 70 au Spitsberg, et avec leurs 80 chiens, proposent des périples plus ou moins longs aux visiteurs (www.svalbard-adventure.com). Leur saison d'hiver s'achève, ils ont pris une dizaine de jours de vacances... pour partir tous les deux en traîneaux à chiens ! De petites étapes relax de 50 ou 60 km disent-ils, c'est dire la passion qui les anime. Nous étions ravis de les revoir, depuis que Karl nous avait conseillé Inglefieldbukta comme lieu d'hivernage, en septembre dernier, et c'était un plaisir de les accompagner ce matin, à ski avec nos 2 chiens.


Anniversaire

France a eu autant de SMS que de bougies (merci pour tous vos messages), et presque autant de visiteurs ! Geir et Peter ne pensaient pas trouver ici, sur la côte sauvage et inhabitée du Spitsberg, une table avec pain de cabillaud au basilic, tarte au citron, pain aux châtaignes et bon vin ! Après une semaine de temps gris, le soleil s'est alors dégagé, vers minuit, donnant l'occasion à nos 2 invités de faire les prises de vues et interviews souhaitées, juste avant de nous quitter. Quelques heures plus tard, nous furent réveillés par les chiens qui annonçaient l'arrivée de 3 traîneaux à chiens. Soleil superbe, couche de neige fraîche, les attelages trépignaient, leur pause fût courte, spectacle magnifique. En nous rendant peu après sur la banquise du Storfjord (France et moi poursuivons les relevés hydrographiques CTD jusqu'à la débâcle), nous furent ravis de voir autant de phoques. Et inévitablement, beaucoup de traces d'ours récentes, empreintes plus ou moins larges, parfois accompagnées de celles d'un ourson, allant d'un trou de respiration à l'autre.


Dernière équipe scientifique

Nos chers océanographes sont partis ce matin, après une longue manip de 24h : un camp a été installé sur la banquise, à 10 km de Vagabond, proche du grand chenal d'eau libre qui marque la forte activité du Storfjord. Un courantomètre mesurait alors les moindres déplacements de l'eau, très variables entre la surface et le fond (-105m), et la bathysonde était utilisée pour faire un relevé hydrographique toutes les 30 minutes. Au total, 12500 tours de moulinet pour 52 relevés ! Changement de quart toutes les 6 heures, veille aux ours indispensable avec l'aide d'un chien. D'ailleurs, 3 ours furent observés, tous à distance suffisante. France et moi ne gardons désormais que le matériel scientifique minimum, pour poursuivre seuls les relevés, comme pendant la nuit polaire. Profitant des bras disponibles hier, l'annexe fût sortie de la banquise qui l'emprisonnait depuis février : une demi journée de travail !


Brines par hélico

Conditions météo parfaites aujourd'hui pour tenter d'atteindre le centre du fjord en hélico, ce qui n'est toujours pas possible en motoneige à cause des chaos de glace et des fréquents chenaux d'eau libre. Jean-Claude, Hervé, France et moi avons ainsi embarqué tout le matériel dans l'Ecureuil d'Air Lift pour en savoir plus sur les brines du Storfjord. Journée fantastique, banquise magnifique, mais très fracturée, nombreuses polynies et beaucoup d'eau libre. La glace travaille constamment dans cette région, et il ne fût pas aisé pour les 2 pilotes de trouver une glace suffisamment épaisse pour pouvoir se poser en toute sécurité à chacune des 5 stations effectuées. Nous avons même commencé par atterrir sur un iceberg, pour mieux observer la délicate situation ! Résultats excellents, et retour inoubliable vers Vagabond.


Week-end en ville

Me voilà à Longyearbyen depuis vendredi. 3h de motoneige avec l'équipe précédente pour un bref retour à la civilisation (quittée le 3 octobre dernier...), rendez-vous chez le dentiste demain. J'ai hâte de retrouver France, Yin, Frost et Vagabond, demain soir, avec l'équipe scientifique suivante. C'est ici la pleine saison touristique, et les motoneiges se comptent par centaines ! J'ai préféré m'éloigner un peu de cette folle activité et rendre visite au chenil pour saluer les frères et cousins de nos 2 chiens, certains en partance pour un périple de 5 jours.