Slush

Sous le poids de la neige qui s'accumule, la banquise s'enfonce peu à peu, l'eau de mer submerge la glace et s'infiltre sous la neige. Si le froid n'est pas suffisant pour transformer cette eau en glace, on trouve de l'eau sous la neige. C'est de saison. Hier, j'ai du ainsi faire un sauvetage de la motoneige, posée sur une banquise de 83 cm, le tout recouvert de 50 cm de neige, dont 13 cm de slush (mélange d'eau et de neige). Sans rien faire, le froid venant, je risquais d'avoir une motoneige prise dans la banquise! 2 heures d'efforts, l'engin a fini par bien vouloir s'extirper de sa piscine glacée, et me voilà lancé. Pas question de m'arrêter n'importe où, au risque de m'embourber dans la slush à nouveau, alors j'ai tourné autour du bateau, jusqu'à m'être décidé pour une grosse congère, au sommet de laquelle la motoneige est au sec pour quelques temps. Avec tout le raffut que peut faire une machine pareille, mes 3 fidèles cow-boys (plus exactement bear-dogs) ont du croire à une attaque d'indiens.


Frustrant

Le baromètre est monté progressivement jusqu'à 1029 mb, mais le beau temps n'est pas venu. Depuis plusieurs jours, les masses d'air transportées par le vent passent au dessus d'une large zone d'eau libre de glace, se chargent d'humidité, et apportent des nuages qui ne cessent d'alimenter ces fréquentes chutes de neige. Sous l'action du vent, Vagabond gîte parfois à plus de 5°, j'ai du ressortir les antidérapants habituellement utilisés en navigation ! Notre vieille éolienne se régale et parvient à alimenter quelques éclairages, radio, lecteur CD, ordinateur... en attendant le calme et la prochaine balade. Demain à 12h40 sur Radio France Internationale, vous pourrez entendre une interview de France et moi lors de notre dernière rencontre avec Arielle Cassim, au Salon Nautique de Paris.


Bambou

Les ours raffolent de bambous, à croire qu'ils s'adaptent vite au réchauffement climatique ! Une fois de plus, l'ours de passage a grignoté quelques piquets indiquant par exemple le trajet vers l'Iceberg Noir, ou bien la position des ancrages à terre, utilisés avant la formation de la banquise. Le cinquième visiteur en 4 jours s'est tout de même installé pendant 5 heures non loin du bateau ce matin, mais n'a pas insisté en recevant une jolie fusée rouge.


Record

D'après Torgeir, ingénieur météo à Longyearbyen, "nous avons eu la température la plus haute pour un mois de janvier depuis que l'aéroport existe (30 ans), puisque que le thermomètre a atteint +7,7 degrés lundi à Longyearbyen (+3 degrés à Vagabond). C'est assez étonnant de comparer avec la température moyenne normale en juillet qui est de +5,9 degrés..."


Ourson bondissant

Joli spectacle ce matin. Prévenu par les aboiements d'Imiaq, j'aperçois une femelle et son ourson qui se dirigent doucement vers nous. La lumière du projecteur ne leur plaît pas, la femelle s'éloigne déjà, son ourson la suit en faisant de bonds. Ils oublient juste de poser pour la photo.


Pleine lune

Les dépressions s'enchaînent, le baromètre oscille autant que le thermomètre, mais entre 2 bourrasques de neige, la lune se dévoile sereinement. Il faut alors saisir l'instant pour faire un tour avec les chiens, afin de, par exemple, repérer les proches icebergs prisonniers de la banquise, comme Vagabond. Ils remplacent ceux de l'hiver dernier, partis à la dérive pendant l'été, et servent parfois d'escale à quelques ours ! Ou bien de site d'escalade de glace pour 4 gaulois en mal d'exercice, en témoigne ce jalon victorieux laissé au sommet de l'Iceberg Noir par l'équipe précédente. Depuis le bateau, on peut entendre le ressac, l'eau libre n'est qu'à quelques kilomètres. La houle, malgré les 80 cm de banquise qui recouvre la baie d'Inglefield, atteint même la coque qui bouge et cogne doucement dans son berceau de glace. A bord, les petits problèmes techniques trouvent leurs solutions, les inventaires s'achèvent, déjà une semaine que je suis de retour...