Nuussuaq

  • Rencontre en bordure de banquise

23 juin. Vagabond glisse sur une mer lisse comme un miroir, jusqu'à ce que son étrave monte doucement sur la banquise. Trois Groenlandais approchent en traîneau. Acceptant volontiers mon invitation, ils attachent leurs chiens au bateau, et montent à bord. Nuussuaq est à cinq kilomètres, mais la banquise est fragile et pleine de trous en cette saison. Les motoneiges sont au repos jusqu'à l'hiver suivant; les chiens sont de loin la solution la plus sûre pour aller du village à la mer libre, en attendant la fin de la débâcle. Arrive alors six personnes dans un petit bateau rapide. Tout en poussant les gaz du puissant moteur hors-bord, pour hisser le bateau sur la banquise, le pilote ne lâche pas son téléphone portable, ni ses gants en peau d'ours retournée. Tous viennent ensuite visiter Vagabond, avant de poursuivre leur chemin vers le village. Deux attelages de chiens tractent, sur la glace, le bateau, deux traîneaux et une dizaine de personnes qui nous saluent joyeusement, sur fond de montagnes enneigées et de calotte glaciaire ensoleillée. L'image pourrait être d'une autre époque.


En dérive

  • Equipe IPEV on ice

A nouveau, Vagabond est amarré à un bloc de glace et dérive avec la banquise (0,4 noeud vers le nord !). Cette fois, la mer est trop encombrée pour continuer, alors nous patientons. Vent, courant et fonte modifient inlassablement le décor, un passage peut s'ouvrir à tout moment. Il y a deux jours, pour le solstice d'été, malgré le soleil encore bien haut à minuit, et une mer lisse comme un miroir, c'est la brume qui nous a contraint de trouver une halte pour la "nuit". Inutile de poursuivre sans pouvoir bien observer les animaux (phoques, baleines, beaucoup d'oiseaux, pas encore de morses...) ! Alors autant se dégourdir les jambes sur la banquise, ce qui fût apprécié par toute l'équipe, après plusieurs jours de vagabondages entre les glaces sans débarquer.


Uummannaq

  • Chiots Uummannaq

Une bande de glaces assez denses d'environ deux kilomètres de large nous barrait la route, le 17 juin. Ce fût l'occasion pour la nouvelle équipe de découvrir la navigation dans le pack, le rôle de l'équipier dans le nid de pie, le maniement des perches à glace... Ensuite, la voie était libre jusqu'à Uummannaq. Long détour pour une courte escale afin de recueillir davantage de renseignements sur les morses de la région, et sur l'état des glaces. Ce fût aussi l'occasion de faire brièvement connaissance avec une région où Vagabond pourrait bien passer quelques temps lors d'une prochaine mission (2012-2014...). Peter, pêcheur de flétan noir, nous a tout de suite invité chez lui pour répondre à toutes nos questions. Pas de doute, il faut rejoindre la limite du pack, un peu plus au nord, pour trouver des morses.


Qeqertarsuaq

  • Avec Mads a Qeqertarssuat

Le 16 juin, Vagabond a traversé la baie de Disko pour faire escale au sud de l'île du même nom, à Qeqertarsuaq. Rencontre imprévue avec Mads Fage, qui observe et enregistre les baleines depuis des années, avec sa compagne Outi Tervo qu'Isabelle connaît bien ! Autant dire que l'échange est enthousiaste et passionnant. Outi est justement partie vers le nord il y a quelques jours pour une mission "baleines". Mais déjà depuis le village, France, Léonie et Aurore en observent deux, entre les icebergs qui dérivent doucement devant la berge.


Sisimiut

  • Toboggan Sisimiut

Par chance, le courant est encore avec nous pour franchir le long fjord de Kangerlussuaq, et Vagabond retrouve assez vite le détroit de Davis. Escale à Sisimiut hier matin, pour faire le point sur les animaux rencontrés dans la région, sur l'état des glaces, et sur la météo. C'est sans doute au nord de la baie de Disko que nous pourrons commencer à chercher des morses en bordure des glaces dérivantes.


Kangerlussuaq

  • Depart Piem

13 juin, Vagabond est au rendez-vous pour accueillir l'équipe "morses". Juste au nord du cercle polaire, tout au bout d'un fjord majestueux de 170 km de long, se trouve l'aéroport principal du Groenland. Les scientifiques Isabelle Charrier et Thierry Aubin embarquent pour un mois, dans le but d'enregistrer les morses. Un programme soutenu par l'Institut Paul-Emile Victor et par National Geographic. Charlotte Blan et Nicolas Gilbert les accompagnent, envoyés par Océanopolis, pour la réalisation d'un documentaire sur la mission.

C'est là aussi que Carlos et Piem nous quittent. Carlos sera de retour en Tunisie dans quelques jours, pour servir de la grande cuisine aux hôtes de l'ambassadeur de France. Quant à lui, mon cher petit frère Piem tourne une page : avec son seul sac à dos, minutieusement préparé, il a devant lui un voyage aussi simple que difficile à entreprendre. Pour plusieurs mois ou années, sans parcours précis ni planning, et avec un budget minimum. Il envisage de commencer par une petite rando de huit jours... si les moustiques le veulent bien. Ensuite, il cherchera un bateau pour rejoindre l'Amérique du Nord. Je quitte mon SDF préféré avec beaucoup d'émotion, trouvant Vagabond à la fois lourd, compliqué, sécurisant, et confortable.


Nuuk

  • Glaces 8 juin 2011

Les glaces ont bien failli retenir Vagabond du côté de Narsaq, il aura fallu bataillé dur pour sortir des fjords ! Tant et si bien que le sonar a reçu un choc fatal. La voie était libre ensuite, jusqu'à Nuuk, où nous avons passé deux jours à côté du voilier d'une petite famille autrichienne qui s'apprête à franchir le passage du Nord-Ouest. Le matin du 9 juin, à peine arrivés, l'ambassadeur de France nous a rendu visite pour nous convier aux journées françaises à Nuuk. Invitation totalement inattendue, qui nous a permis de retrouver Max Audibert, Jean-Christophe Victor, Henriette Rasmussen, Pierre Tavernier... autour d'un buffet de fromages et vins français ! Le lendemain, Max était de la fête à bord, pour marquer nos retrouvailles (notre rencontre date de 2000, sur la côte Est du Groenland), pour dire au revoir à nos équipiers Léa et Vincent (qui poursuivent par une session surf en Islande), et pour mon anniversaire. Pour Léonie et Aurore, le moment fort de l'escale fût à la piscine. Il se passera probablement plus d'une année pour notre petite famille avant de revoir une vraie ville.