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Ski naut'arctique

Une banquise d'au moins 20 cm, recouverte d'une bonne couche de neige fraîche. Une motoneige, une corde, une paire de skis (Pure par exemple). Les conditions étaient idéales hier, décor sublime baigné de lumières orangées, pleine lune posée sur l'horizon. Quelques icebergs de glace vive, plantés dans la banquise de la baie d'Inglefield pour l'hiver, à contourner pour agrémenter le parcours. Ludique, grisant. Filer sur du coton. Plus lente et majestueuse est la Marche de l'Empereur. Le DVD vient d'arriver à bord, bravo Jérôme pour ces images. L'hivernage que nous avons partagé à Kerguelen, en 94, a sûrement contribué à ta passion.


Seuls à bord

France et moi sommes seuls à bord depuis le 9 mars, pour une dizaine de jours. La météo décide de nos activités : étude de la banquise, rando à ski, entretiens divers, réponse au courrier, lecture, film... Cela fait moins de 3 semaines que le soleil est revenu. Il se lève maintenant à 6h30, après 1h30 de crépuscule, et la nuit ne se manifeste pas avant 19h. Les lunettes de soleil sont déjà bien utiles en milieu de journée. Quel changement après la longue nuit polaire ! Un ours a rendu visite au mât météo (conçu pour résister au plus curieux d'entre eux...), il a creusé un peu, mais n'a rien endommagé.


Jeune banquise

En moins d'une semaine, l'eau libre du Storfjord s'est recouverte d'une banquise de 20 à 30 cm, parfois très fracturée, mais déjà suffisante pour s'y aventurer en motoneige. Tandis que le mât météo envoie ses données toutes les 6 heures, les autres mesures ont pu commencer. Comme l'hiver dernier, le glaciomètre, dans sa nouvelle pulka, mesure l'épaisseur de la banquise; la bathysonde, à l'aide du fidèle moulinet manuel, donne la température et la salinité de l'eau de mer en fonction de la profondeur. Le tout est de trouver un passage entre les blocs de glace et chenaux d'eau libre, pour s'éloigner de la côte, et atteindre les eaux plus profondes du Storfjord, en perpétuel mouvement. Les aurores boréales et le clair de lune semblent nous féliciter du travail accompli.


Equipe au travail

France et la deuxième équipe sont arrivées mercredi soir, à 23h. Pendant plus d'une heure et demi, j'ai pu suivre des yeux les phares des 3 motoneiges qui se dirigeaient vers moi. L'ours qui était à l'affût depuis le matin, devant un trou de phoque voisin, a du partir en entendant les moteurs. La tente atelier a été montée hier, les quelques objets perdus en chemin on pu être récupérés (!), Hervé et Nicolas préparent activement l'installation du mât météo. A défaut de banquise suffisamment épaisse dans le Storfjord tourmenté, c'est la banquise de la baie d'Inglefield, non loin de Vagabond, qui supportera cette importante expérimentation.


Seul à nouveau

La première équipe est repartie hier. 3 jours bien remplis pour Florent, le glaciologue, Rémy, le photographe, et Stefano, le guide. La banquise du Storfjord a été emportée par la dernière tempête, Florent a donc installé ses 2 stations dans la baie d'Inglefield où la glace tient bon. Il s'agit de mesurer la conductivité thermique de la neige, qui permettra de calculer la vitesse de formation de la glace de mer, et donc la quantité de sel rejetée. Aurores boréales, ours polaires, premiers rayons de soleil sur Vagabond, tout était au rendez-vous... sauf la banquise. La star du programme DAMOCLES se fait désirer. Le vent de nord-ouest, froid mais fort, ne facilite pas la formation d'une glace suffisamment épaisse pour s'aventurer dessus en motoneige, à quelques kilomètres de la côte. Sans banquise solide, l'étude du Storfjord se complique beaucoup.


Visiteurs

Superbes aurores boréales la nuit, levers de soleil grandioses, un ours chaque jour en moyenne, 2 premiers oiseaux, et premiers visiteurs hier ! Erik et ses 3 guides stagiaires sont restés quelques heures, avant l'aller planter la tente une vingtaine de km plus loin.


Eblouissant

D'abord, les sommets sont devenus roses. J'ai alors rejoint le bout de la moraine, d'où l'horizon sud est le plus dégagé, et j'ai eu le droit au spectacle, quelques minutes seulement. Ca vaut vraiment la peine d'attendre le retour du soleil.


En attendant le soleil...

Il y a un an, c'était le carnaval familial à bord, une fin de nuit polaire festive, inoubliable.

Aujourd'hui, nos projets se dotent d'un nouveau camp de base. Après la coque en acier pour l'Arctique, les murs en pierre pour la Bretagne.

Entouré de blanc et de calme, mon esprit vagabonde entre souvenirs et avenir.


Partage

Aujourd'hui 17 février, c'est la fin de la nuit polaire. Mais l'horizon était nuageux à midi vers le sud, et seuls les gémissements de la banquise étaient aux rendez-vous. Entre chant de baleine, plainte d'enfant et grincement de porte, la bande son avait une certaine harmonie avec le gris du ciel. Si, au Spitsberg, le soleil n'a pas pu partager ses premiers rayons de lumière (nous verrons plus tard pour la chaleur), en France, Le Parisien relatait aujourd'hui nos aventures, et Europe 1, pendant le 18-20, me questionnait sur le réchauffement climatique.


Phare

Vers midi hier, j'ai aperçu un phare, à une vingtaine de km vers le nord. Sans doute une motoneige, cela n'a duré que quelques secondes. Les habitants de Longyearbyen (à 70 km de Vagabond) doivent commencer à s'aventurer plus loin, eux aussi; ils profitent de la clarté suffisante pour redécouvrir la région qui émerge de la nuit polaire. Lorsque le ciel est ainsi dégagé, on peut se passer de lampe entre 8h et 16h. C'est vrai que le temps est superbe : -30 degrés, pas un nuage, pleine lune, vent modéré. Des conditions idéales pour renforcer la glace qui devra supporter bientôt de nouveaux appareils scientifiques. Sous l'action du vent, la semaine dernière, la banquise a subit de fortes compressions, elle est maintenant très accidentée et les déplacements ne vont pas être faciles. Au loin, je peux voir un chenal d'eau libre, indiquant l'action puissante et perpétuelle des courants. Les ours doivent être le long de ce chenal, les visites sont moins nombreuses maintenant. Imiaq, le meilleur guetteur, est moins sollicité, mais ses compagnons Jin et Frost prennent le relais. S'ils ne font pas tant les fiers lorsqu'un ours approche, ils n'oublient pas de rappeler régulièrement à Imiaq qu'il reste le 'nouveau' !