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Un air de vacances

Journée fantastique hier. Grand soleil, températures proches de zéro le matin, conditions parfaites pour plonger. Un détendeur gelé ne m'a pas permis d'aller explorer très loin sous la glace, mais en quelques apnées, j'ai pu ramasser un petit bol de crevettes pour agrémenter l'apéro. Après-midi ski, énorme quantité de poudreuse, devenant plus légère en fin de journée, alors que le mercure descendait progressivement jusqu'à -19. Retour au bateau vers 23h, sous un ciel splendide, caractéristique de cet air froid. Déception pour les chiens par contre, affamés après tant d'efforts dans la neige, car le coffre contenant les croquettes était gelé hier soir. Mais il neige à nouveau et le thermomètre est remonté à -5 ce matin, les estomacs sont pleins maintenant.

L'antenne de l'IMB, arrachée par un ours, a été réparée il y a quelques jours. L'instrument fonctionne correctement, mais les données ne sont toujours pas transmises, ni sa position, il faudra donc le récupérer avant la débâcle pour éviter de le perdre.


Bonne récolte

5 jours d'activité intense avec Hervé, Fred, Tonio et Torbjorn, qui viennent de nous quitter, peu après le passage d'un ours à côté de Vagabond. Malgré les énormes chutes de neige et les températures trop douces, malgré les plantages et difficultés de progression en motoneige, du bon travail a été accompli. Premiers essais très prometteurs de l'Ice T, instrument expérimental pour mesurer l'épaisseur de la banquise par dessous; les conditions ne m'ont pas permis de plonger pour faire quelques calibrations supplémentaires, mais Tonio a pu profiter du trou longuement préparé pour s'immerger sous la glace et observer brièvement la face cachée de la banquise (température de l'eau : -1,9°C !). Le courantomètre a enregistré les moindres mouvements de l'eau, à chaque profondeur, pendant 4 jours, et la bathysonde a été descendu 27 fois à 90m lors d'un cycle de marée. Chaque soir à bord, la cachaça et la prune étaient indispensables pour bien analyser les résultats.


Equipe retardée, IMB muet

Trop de neige hier, l'équipe scientifique qui cherchait à rejoindre Vagabond a du faire demi-tour. Deuxième tentative aujourd'hui. Quand à l'instrument installé le 30 mars dernier (IMB), il a cessé d'émettre sa position (système ARGOS) depuis le 3 avril. Nous irons voir, dès que la météo sera meilleure, si un ours l'a endommagé, ou si la banquise a dérivé...


Ours dans le camp

Le vent et la neige n'incitaient pas à sortir hier. Journée bureau à bord. Soudain Frost a aboyé, un ours était dans le camp, entre la niche d'Imiaq, la tente de stockage et la motoneige ! Le klaxon du bateau et un pétard ont soutenu les aboiements de Frost, l'ours n'était pas affamé visiblement et n'a pas insisté. Une femelle portant un collier. Avec ces conditions météo, nous n'avons vu venir l'animal, les chiens non plus ! Finalement, puisqu'il n'y a eu aucun dégât, nous sommes ravis de l'avoir vu d'aussi près.


Premiers skieurs de passage

Lors de notre petite virée sur la banquise, hier après-midi, nous sommes tombés sur 2 traces récentes de skieurs et pulkas. Repérés avec les jumelles, nous les avons rejoints avec les chiens, alors qu'ils finissaient d'installer leur tente, sur une zone bien dégagée de la banquise, non loin de l'endroit où l'IMB a été installé. Rencontre fort sympathique avec les belges Jan et Arnold, qui nous ont raconté qu'en descendant le glacier Inglefield, ils ont su qu'ils arrivaient sur la mer en apercevant le bateau de l'autre côté de la baie !


Dernières aurores

Réveil en sursaut ce matin, j'ai cru entendre des pas sur le pont, ce n'étaient que les craquements de la banquise, résonnant contre la coque. Il faut dire que l'ours d'hier soir, qui est venu interrompre la mise en place d'un nouvel instrument de mesure (IMB), est encore bien présent dans nos esprits ! De même que la violente bagarre entre nos 3 chiens, peu de temps avant.

Grand beau temps depuis une semaine (ciel bleu, températures entre -15 et -30, pas de vent). La lumière est maintenant suffisante à minuit pour ne plus avoir besoin de lampe frontale, et il faudra attendre la fin du mois de septembre pour avoir l'obscurité nécessaire à l'observation des aurores boréales. En quelques jours, la banquise s'est reformée au large de la baie d'Inglefield, et nous avons pu reprendre les mesures habituelles (bathysonde, glaciomètre électromagnétique) dès la fin de la tempête. Etonnant de se retrouver à une dizaine de km de la côte, sur des fonds de 100m, en motoneige sur une glace de 30 à 40 cm, parfaitement lisse, sachant que la surface de la mer était libre le 15 mars. Journées bien remplies cette semaine, pour profiter de cette saison idéale : manips scientifiques, randos à ski, ascension d'icebergs, installation d'une nouvelle éolienne... Sebastian et Trond, de l'Institut Polaire Norvégien, ont passé 2 jours avec nous, afin d'installer 3 spectro mètres sur le mât météo. Ces capteurs vont mesurer pendant 2 mois l'intensité de la lumière reçue, réfléchie, et transmise par la banquise. Nous avons bien profité de leur expérience et hérité d'un simple et astucieux système pour mesurer l'épaisseur de la banquise !


Energie vagabonde

Le vent a soufflé fort la semaine dernière, et notre bonne vieille éolienne fournissait inlassablement ces quelques ampères qui améliorent le confort à bord. Elle tourne ainsi, presque sans discontinuer, depuis 4 ans, depuis le début du partenariat entre Accastillage Bernard et Vagabond. La Rutland 913 a ainsi vécu la première circumnavigation arctique, 17 mois d'aventures et d'inévitables tempêtes; puis un repos de 10 jours au Salon Nautique de Paris en décembre 2003, lorsque Vagabond y était à l'honneur, sur la moquette. Quelques mois plus tard il a fallu repartir, et c'est au Spitsberg que notre éolienne s'est installée depuis l'été 2004, fidèle au poste pour le deuxième hivernage actuellement en cours. Elle fût soulagée pendant la nuit polaire, lorsque la plupart des ampoules des plafonniers ont été remplacées par des ampoules 5w, divisant par plus que 3 la consommation électrique liée à l'éclairage. Elle s'impatiente presque en sachant que bientôt, ce seront des diodes qui réduiront son travail. Mais surtout, elle ne fût pas déçue de voir arriver la relève : il y a quelques semaines, la première équipe scientifique apportait une éolienne neuve et identique. De plus, le soleil s'est levé fin février, marquant la fin de 4 mois de nuit polaire, et les 5 panneaux solaires (Unisolar souples 32W) ont alors repris du service. Lorqu'il n'y a ni vent ni soleil pour recharger les batteries de Vagabond, le générateur du bord alimente notre infaillible chargeur Cristec, envoyé en urgence par AB lorsque Vagabond était en panne d'énergie au Japon, au printemps 2003. Si, au contraire, vent et soleil s'associent pour fournir une dizaine d'ampères, alors nous pouvons allumer le gros convertisseur Victron, et disposer de 220V pour alimenter principalement le congélateur et l'ordinateur. C'est la situation idéale, qui permet de ne pas faire tourner le générateur, d'économiser du gasoil, et de minimiser les gaz d'échappements. Un point essentiel pour nous qui assurons la logistique du programme de recherche international DAMOCLES, concerné par les changements climatiques. Toute cette gestion d'énergie est contrôlée de près avec notre inséparable moniteur Victron, qui nous confirme l'état de fatigue avancé des batteries du bord, dont le remplacement est déjà prévu par des batteries Delphi, plus petites mais plus puissantes. Si les programmes scientifiques, auxquels Vagabond et son équipe collaborent, se déroulent bien, c'est donc grâce au soutien d'AB, qui conseille et fournit ces équipements. Pour une meilleure connaissance de l'Arctique et de l'évolution des climats de notre planète.


Vent du nord

Il souffle depuis 6 jours, soulevant la neige et enlevant toute visibilité. Le Polar Ocean Profiler (POP) n'a pas pu être installé dans le Storfjord, mais des tests ont été accomplis dans la baie Inglefield, non loin de Vagabond. C'est devant le front du glacier que nous avons trouvé le plus de fond (40m) pour expérimenter cette bathysonde automatique pendant 24h. Quand à l'Ice Mass Balance (IMB), la baie Inglefield, trop protégée, ne présente pas d'intérêt; c'est un appareil déjà éprouvé, et des tests sont inutiles. Il sera mis en place dans le Storfjord par France et moi lorsque la météo sera meilleure. Le départ de Jean-Claude (français), Danielle (canadienne), Bruce (américain) et Simen (norvégien) a été annulé hier, mais ils ont pu partir ce matin malgré le vent (température équivalente : -42°C). Un petit week-end à 2 avant d'accueillir l'équipe suivante.


Froid

Jean-Claude Gascard, responsable de DAMOCLES, est à bord depuis 2 jours, pour de nouvelles expérimentations sur la banquise. Le froid et le vent fort qui persistent accélèrent l'épaississement de la banquise, mais rendent difficile la prospection du meilleur site. Le gel a déjà mordu la moitié de l'équipe.


Polynie de printemps

L'eau libre à moins d'1 km de Vagabond, c'était la surprise d'hier. Les icebergs autour desquels nous tournions la veille sont partis à la dérive, ainsi qu'un tube expérimental dont la résistance à la glace était en test avant d'y placer un instrument de mesure. Les ours sont de retour, et les manips de la semaine prochaine s'annoncent difficiles. Le petit montage photo (image 66) illustre bien les mouvements rapides et imprévisibles de la banquise.