Bonne Année 2020 !

  • Natasha et Louis
  • Eric mission Mosaic par MarkusBeck

Le Kapitan Dranitsyn a rejoint le Polarstern le 13 décembre, à 350 kilomètres du Pôle Nord. Il est reparti le 18 décembre avec nos prédécesseurs, après passages de consignes, transfert de carburant, de vivres et d'équipements. La veille au soir, c'était partie de foot et vin chaud sur la banquise pour tout le monde, 250 personnes !

Nous sommes actuellement 100 personnes, dont la moitié de scientifiques, à bord du Polarstern pour le Leg 2 de la mission Mosaic. Notre petite communauté internationale (18 nationalités), la plus au nord de la planète, dérive doucement vers le nord avec son incroyable réseau d'instruments. Je fais partie de l'équipe logistique-sécurité pour assister les travaux sur la banquise, veiller aux ours, déplacer les installations malmenées par les mouvements incessants de la banquise, trouver de nouveaux accès... l'ambiance générale est excellente, malgré le froid (-34°C aujourd'hui, -50°C ressenti avec le vent) et la nuit permanente que certains participants découvrent. Loin de nos familles et amis, nous avons néanmoins célébré le solstice d'hiver, Noël, et tout récemment la nouvelle année !

Le périple à bord du Dranitsyn fût mémorable. Nous étions monté à bord au Groenland en 2001, puis l'avions côtoyé à Mourmansk en 2002. A l'époque, je n'imaginais pas naviguer un jour à son bord avec une flopée de scientifiques presque jusqu'au pôle, dans la nuit, à travers de la glace de plus en plus épaisse... Notre vitesse est tombée à 1 noeud en fin de parcours ! Pas sûr que le Dranitsyn parvienne seul à nous récupérer lors de la prochaine rotation mi-février, et diverses options sont envisagées : assistance brise-glace nucléaire, hélicos russes, avions canadiens... A voir où la dérive nous mènera d'ici là !

Pendant ce temps, Natasha et Louis veillent sur Vagabond, au nord de l'île Baffin. Ils assurent les plongées mensuelles et les prélèvements d'eau pour le programme scientifique. Ils maîtrisent de mieux en mieux la logistique et les protocoles délicats dans le froid et la nuit, en particulier la récupération des données des capteurs installés au fond, à 15 mètres sous la banquise, à côté des échantillons de coralline. Après la plongée du 28 décembre, Louis m'écrivait "il faisait -20°C (-30°C lors de la plongée précédente), le kiff d'avoir trop chaud en se préparant !".

Ils participent également à la vie sociale de la communauté voisine, Arctic Bay. Traditionnellement, des jeux sont organisés tous les jours pendant près de deux semaines lors des fêtes de fin d'année. C'est une période très chaleureuse et conviviale, idéale pour mieux se connaître, déguster de l'omble arctique, du caribou congelé ou du morse fermenté, se faire inviter à la chasse au phoque, apprendre à fabriquer une parka ou un ulu (couteau courbe des femmes), réparer une motoneige, faire du ski de fond avec les jeunes du village...

Bonne Année 2020 à tous !