Itilleq

  • Vagabond depuis le drone
  • Escale a Itilleq

Petit village très accueillant d'environ 130 personnes, paisible et soigné, Itilleq est notre dernière escale au Groenland. Nous sommes dans les environs depuis six jours, en attente de la bonne fenêtre météo pour traverser le détroit de Davis (éviter les vents de face qui, en cette saison, peuvent engendrer des embruns givrants). La voilà, départ dans quelques heures pour Qikiqtarjuaq !

Du 24 au 26 septembre, Vagabond est à Nuuk, la grande ville du Groenland : piscine, restaurants, supermarchés, magasins spécialisés pour bateaux... Onze ans jour pour jour après notre première escale à Nuuk (à la fin du tour de l'Arctique), la capitale s'est bien agrandie et modernisée !

Clémentine et Adrien nous présentent leurs amis : Jens est pilote pour Air Greenland, il a une longue expérience dans les recherches et le sauvetage aériens. Thomas est contrôleur aérien depuis des années au Groenland. Mais surtout, ils possèdent chacun leurs propres petits avions ou hélico, et voyagent en famille, tels des vagabonds des airs. Ils sont intarissables et passionnants !

Faute d'une météo favorable pour faire route directe sur Qikiqtarjuaq, nous continuons de remonter la côte ouest du Groenland. Le port très abrité de Maniitsoq accueille Vagabond lors d'une courte escale, au pied de montagnes convoitées par de nombreux alpinistes et skieurs. Peu après, tout en navigant, Clémentine et Adrien lancent le drone à deux reprises : vue imprenable sur notre équipée !

Le paysage s'enneige, les lacs et cours d'eau gèlent, les longues nuits offrent davantage d'aurores boréales, et le poêle reste allumé jour et nuit. Il est temps de gagner nos quartiers d'hiver !

Suivez ici l'itinéraire de Vagabond.

Photos du périple de l'été 2014.


En route pour Qikiqtarjuaq

  • Maree basse

Escale à Ipiutaq, l'occasion de laisser passer un peu du mauvais temps et de revoir nos amis qui commencent à rassembler leurs centaines de moutons.

Les missions de l'hiver se sont confirmées, nous sommes en route pour Qikiqtarjuaq, au Nunavut, sur la côte Est de l'île Baffin, au Canada. Là-bas, nos amis, nos chiens, l'école, et pas mal de matériel nous attendent pour un deuxième hivernage dans la même petite baie à 3km du village.

Les missions de l'été sont terminées, cinq semaines riches et intenses dans la région de Tasiilaq. Ce fût un grand bonheur de redécouvrir cette partie de la côte Est du Groenland, successivement avec nos collègues et amis Laurent Geoffroy, Michael Charavin, et Christian Morel, et leurs groupes respectifs.

Le dernier groupe a débarqué la semaine dernière, laissant la place à Clémentine et Adrien, nos équipiers pour ce long périple retour. Ils connaissent la route, vue du ciel, empruntée lors de leur tour du monde en ULM. Pilotes (Des Ailes pour la Science), ils se sont vite amarinés et partagent les quarts avec France et moi. Les nuits sont longues, et les glaces parfois difficiles à distinguer dans la houle et les averses, malgré le puissant phare avant et le radar.

Notre ami Christian Dumard, routeur, veille sur nous : les conditions ont été bonnes depuis notre départ de Kulusuk, belle mer, courants et vents favorables, aurores et clair de lune, il était assez facile de slalomer entre les growlers parfois nombreux. Seule une courte escale a été nécessaire, la nuit de mercredi à jeudi. A l'approche de la côte et d'un éventuel abri, le vent est soudain devenu violent (100km/h), la visibilité très faible dans les bourrasques de neige, un moteur s'est arrêté momentanément, et la grand voile a été légèrement endommagée. Peu après, au deuxième essai, le mouillage tenait, l'équipage soufflait.

Les fjords du sud ont été très appréciés, une fois de plus, pour éviter le cap Farvel ! Accueil sur la côte ouest assuré par des baleines à bosses et des petits rorquals. Aurore et Léonie étaient surexcitées.

Clémentine et Adrien sont venus avec un drone pour Vagabond, premier essai hier, à Ipiutaq, bluffant ! Ludique et pratique, les images qu'il rapporte sont superbes.

Avant de quitter Kulusuk, les pilotes ont pu organiser une mission photogrammétrie pour Laurent Geoffroy. J'ai embarqué dans le petit P68 en location, c'était la première fois que je prenais l'avion au Groenland (où nous avons passé huit saisons estivales) ! Après quatre heures de vol, et des milliers de photos, les massifs géologiques étudiés pourront bientôt être auscultés en 3D sur un ordinateur. Ce fût fascinant de revoir d'en-haut tous ces fjords, ces îles, ces glaciers, bien explorés avec Vagabond lors des missions de 2000, 2001 et 2014.

Suivez ici l'itinéraire de Vagabond.


Objectifs géologiques

  • Casse-tete geologique

L’objectif de la mission réalisée à l’Est du Groenland avec Vagabond, entre le 8 et le 18 août 2014, était d’atteindre un site exceptionnel de la marge volcanique, à 200km au nord de Kulusuk, où les coulées basaltiques de la marge reposent sur le socle précambrien. L’étude de la géométrie de ce contact est fondamentale car sa résolution permet de comprendre les mécanismes à l’origine de la formation de ce type de transition continent-océan. La mission, bien que courte, a été couronnée de succès grâce à l’appui de Vagabond... et de son équipage !


De Nuuk à Kulusuk

  • Collecte de camomille a Ipiutaq
  • Baleine a bosse sonde pres de Vagabond
  • Magie des fjords groenlandais

Deux choses que les navigateurs redoutent dans les hautes latitudes : toucher un haut-fond non cartographié, percuter un iceberg. Choses faites pour Vagabond ! Tout d'abord la coque, au Canada, peu de temps après avoir quitté notre site d'hivernage. Puis le nez, au Groenland, après l'escale à Nuuk. Les responsables : brume épaisse et baisse de vigilance en fin de quart de nuit. Ne pas quitter des yeux le sondeur et le radar... Vagabond est solide et encaisse, rien ne l'arrête, il poursuit sa route avec seulement de belles cabosses.

Attentifs, nous savourons la route entre les îles, protégée de la houle et plus ludique que celle du large. Des balises existent sur la majeure partie de la côte ouest du Groenland, pour les petits bateaux, et nous en croisons beaucoup. Malgré le peu d'escales, nous effleurons le paysage et côtoyons les Groenlandais. Là, un caribou perché sur un rocher, ici, un renard qui cherche sa nourriture sur une plage. Du bon "rase-cailloux". Devant Paamiut, l'épave d'un gros bateau de pêche encourage à la prudence ! D'autant plus que la nuit, la vraie, noire, se manifeste à nouveau, au sud du Groenland (60°N). Les températures et la végétation augmentent.

Le 31 juillet, nous arrivons à Ipiutaq, escale très attendue ! Nous retrouvons nos amis Ina (7 ans), Agathe et Kalista. Cette petite famille franco-groenlandaise élève des moutons et propose des chambres d'hôtes dans un environnement magnifique. La vie de la ferme, l'excellente cuisine franco-groenlandaise d'Agathe, la pêche à l'omble... La journée passe trop vite, nous reviendrons !

Nous évitons le redoutable cap Farvel. Près de 100 km de fjords permettent aux bateaux de passer de la côte ouest à la côte est du Groenland, entre des montagnes de plus de 1500m d'altitude. Nous ne connaissions pas ce passage en 2003 (Tour de l'Arctique), et il était encore bloqué par la glace en 2011 (Brest - Grise Fiord), ainsi étions nous impatients de le découvrir. Le 3 août, nous jetons l'ancre quelques heures, puis filons vers la sortie des fjords dès le retour du jour.

Démesure et contrastes de la côte Est, si sauvage : beaucoup de glaciers et d'icebergs, enneigement important (début août !), cartes 10 fois moins précises et fausses (décalage de l'ordre du kilomètre), fort courant contraire (en provenance directe de l'océan Arctique), nombreux hauts-fonds qui imposent de ralentir, pas de balise, pas de village, personne sur plus de 700 kilomètres de côte... Seule rencontre, un bateau, un trois mâts, qui nous semble d'une autre époque !

Une houle de six mètres s'oppose à notre progression, des escales sont inévitables. Deux fois nous trouvons un abri correct, l'occasion de se dégourdir un peu les jambes en attendant que la météo s'améliore. Aurore et Léonie, amarinées, s'adaptent bien au rythme de la croisière : jouer, écouter de la musique ou des histoires, regarder un dessin animé (si pas trop de houle), lire, manger (souvent !), dormir, admirer le paysage et les animaux. Au final, un long mais beau périple de 17 jours, plus de 1400 milles (2600km) parcourus de Qikiqtarjuaq à Tasiilaq. Pour notre arrivée, la mer est belle (enfin !), la lune est pleine et la nuit moins sombre, juste sous le cercle polaire.

Le 9 août, nous enchaînons trois escales chargées de souvenirs. A Tasiilaq, chez Peroni, nous récupérons un fusil et le matériel des géologues. Douches et boutique aussi. Trois heures plus tard, à Kulusuk, Laurent Geoffroy et son équipe embarquent à bord de Vagabond. A Sermiligaaq, nous jetons l'ancre pour la nuit, et débarquons pour trouver un autre fusil, complet cette fois. Cela fait 13 ans que nous ne sommes pas revenus dans cette région, qui fût notre première destination en 2000 et en 2001, déjà pour les missions géologiques de Laurent Geoffroy.

Suivez ici l'itinéraire de Vagabond.


En avant ! par France et Eric

  • Leonie observe morses
  • Ours temeraire

Après avoir valsé, paré de sa robe de banquise dentelée, Vagabond célèbre ses retrouvailles avec le voyage. Première escale, Tassialuit. Nous jetons l'ancre à l'endroit même où fut plantée notre tente cet hiver sur la banquise. Le temps de visiter les amis en week-end, de finir divers rangements... et d'observer de très près un ours curieux venu nager autour de notre coque rouge !

Vers minuit nous reprenons notre navigation tandis que Léonie et Aurore s'endorment, bercées par la houle pour la première fois depuis dix mois. Comme chaque année, il faut se ré-amariner, ce qui est moins agréable lorsque la brume est épaisse ! Le lendemain nous tentons une pause dans un fjord mais la glace accumulée nous empêche d'y trouver un mouillage. Cependant, une plaque habitée de lourdes masses brunes nous comble : neuf morses nonchalants se laissent approcher et nous dédommagent du loupé.

Pour notre petite escale technique et réparatrice, le dernier abri avant la traversée vers le Groenland se trouve sous le cap Dyer (détroit de Davis, limite sud de la baie de Baffin, entrée du passage du Nord-Ouest). La houle enfle et le vent de 30 noeuds nous pousse déjà fort. Cette fois, une poignée d'hommes nous accueillent. Visite tardive de la station radar du cap Dyer (ligne DEW), avec l'équipe en charge de l'entretien du site pendant l'été. En contrebas d'une falaise, nous voyons défiler à grande vitesse une masse compacte de nuages sombres au large du cap. Afin de laisser passer le coup de vent, nous nous réfugions tout au fond du grand fjord Sunneshine (qui porte bien son nom), à 18 miles nautiques de l'entrée !

Le lendemain, cap à l'est vers le Groenland. Des globicéphales et des baleines croisent notre route. Et à notre arrivée toutes voiles dehors au petit matin sur la côte d'en face, des baleines nous saluent, spectacle renouvelé jusqu'au soir ! Nous apprécions les eaux calmes baignant un dédale d'îles avant de rejoindre Nuuk, la capitale.

24h d'escale efficace et sympathique, grâce aux attentions de nos voisins gardes-côtes, et grâce à Jean-François Pagès, cuisinier français au Groenland depuis 32 ans, haut en couleurs et en bonne humeur !

Suivez ici en direct le périple de Vagabond.


Réseau France Bleu

Interview d'Eric pour la série Passeport pour l'aventure, réalisée par Christophe Artous et Patrice Dourlent pour France Bleu. A 13h40 sur France Bleu National.

La série est également diffusée par : La Première de la RTBF (Belgique), le week-end à 7h38 ; La Première de la RTS (Suisse), chaque samedi à 8h20 ; France Inter en quotidienne à 5h45 à partir du 28 juillet ; Mayotte 1ère, depuis le 16 juin.


Libres !

  • Leonie et Aurore en traineau

Depuis six jours, notre banquise est libre. Chaque matin en se levant, on se demande où la dérive nous a mené... Parfois très près du village, ou d'un iceberg. Parfois à 6km plus au sud. Parfois de retour dans la baie d'Aningaatalik. Toujours prisonniers de notre banquise hivernale, nous dérivons au gré des courants et des vents depuis qu'elle a quitté sa baie d'origine.

Des visiteurs viennent accoster au bord de la glace, avec leurs bateaux. Et grâce à notre annexe, en la tractant jusqu'à l'eau, il nous est toujours possible de rejoindre la terre ferme.

Samedi, Yves vient ainsi m'aider à réaligner le moteur tribord (qui vibrait terriblement), et à changer la pompe à injection du moteur bâbord. Ca y est, les moteurs de Vagabond sont opérationnels !

Beaucoup de phoques sont aperçus, les chasseurs partagent leurs prises avec nous, et les chiens aussi se régalent. Ces derniers sont libres, depuis que notre plaque de banquise dérive. Ils arpentent l'immense radeau de glace constellé de flaques de fonte.

Ce mardi 22 juillet à 9h nous avons abandonné notre grande plaque de banquise. Vagabond a réussi à se tailler un chenal dans la glace fragilisée par la fonte. En prenant régulièrement du recul pour avoir un peu de vitesse et casser peu à peu la glace qui nous sépare de l'eau libre.

Après une escale gasoil-essence-vivres-douches-lessives à Qikiqtarjuaq, nous jetons l'ancre pour la nuit dans la baie où nous venons de passer neuf mois et demi. Le temps de récupérer un appareil photo qui a immortalisé notre hivernage toutes les heures depuis le 5 octobre, puis de plonger sous la coque pour récupérer une sonde à réparer et pour changer les anodes d'hélices (le tout en apnée suite à un problème de givrage de détendeur !), et nous partons pour le Groenland.

Vous pouvez nous suivre ici : http://www.sailwx.info/shiptrack/shipposition.phtml?call=FLAO