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Cinéastes à Grise Fiord

  • Aksakjuk inspecte filet phoque
  • Larry decoupe phoque
  • Presque pret au depart

Mercredi, j'emmène Léonie à la fête de l'école, à Grise Fiord. Les cinéastes nous accompagnent pour l'évènement, presque tout le village est rassemblé dans le gymnase !

Léonie est bien triste lorsqu'Ariane prend l'avion pour la France, le lendemain, mais très heureuse d'aller à l'école pendant 2 jours. Les cinéastes profitent de notre séjour en ville pour rencontrer quelques uns de nos amis. Jimmy nous reçoit dans son bureau de Arctic College, Larry nous montre comment il découpe un phoque pour nourrir ses chiens, Aksakjuk relève son filet (pas de phoque ce jour là), et Kavavow prend le départ avec ses chiens pour une longue chasse à l'ours.

Samedi soir, nous retrouvons France et Aurore à bord de Vagabond, il fait doux (-10°C), la lumière est magnifique, une couche de neige fraîche scintille au soleil.


Pic d'affluence

  • Avec equipes Paris-Match et Envol
  • Remplacement antenne satellite HS a cause du froid
  • Ice road jusqu a l'ancien village

Pendant deux jours, Vagabond affiche complet. Les cabines sont déjà toutes occupées, alors Alfred et Etienne s'installent dans le carré. Ils préparent un reportage pour Paris-Match, et sont venus également pour suivre la grande manoeuvre des rangers canadiens, fin avril. Ils s'apprêtent ainsi à escorter les rangers de Resolute Bay à la recherche de nos amis rangers de Grise Fiord (Liza, Jason, Imooshie et Jarloo), cachés dans un endroit tenu secret, sur l'île Devon. Un avion militaire (voir l'intérieur) assure la sécurité, le ravitaillement des équipes et le transport des journalistes, car l'opération est largement médiatisée.

Alfred et Etienne ont apporté une nouvelle antenne satellite, en remplacement de celle endommagée par le froid début mars. Et aussi des oeufs de Pâques, du fromage, du vin rouge, des livres pour les filles... et une pile de Paris-Match ! En retournant à l'aéroport de Grise Fiord, en motoneige, nous profitons de la toute nouvelle route tracée sur la banquise entre l'ancien et le nouveau village, à travers le fjord Grise. Etienne, le photographe, parvient à négocier avec le pilote de l'avion un passage au-dessus du bateau. Vagabond se trouve en effet presque sur le trajet Grise Fiord - Resolute Bay.

Beaucoup de chasseurs parcourent la banquise pendant le week-end, je m'arrête régulièrement en chemin pour bavarder quelques minutes avec ceux que je croise. Imooshie et Terry ont été jusqu'à Vagabond pour montrer un bébé phoque à Léonie. Ils l'ont trouvé non loin du bateau, perdu sur la neige loin de sa tanière. Dans leur traîneau, trois autres jeunes phoques dont un a été tué par un renard. Terry me raconte que quelques jours auparavant, en approchant d'une ourse, ils ont fait peur à ses deux oursons. Il les a alors pris sur ses genoux, sur sa motoneige, et les a rapporté à leur mère !

Le jour est permanent. La lumière à minuit en ce 15 avril est celle que nous avions à midi le 3 février.


Jeux de Pâques

  • Concours glissades sur peaux de phoques

Construction d'inukshuks en neige, glissades sur peaux de phoques, lancer de harpon... sans oublier la recherche d'oeufs et autres friandises cachés autour du petit lac gelé, au milieu du village. La journée festive de ce lundi de Pâques s'est achevée au gymnase avec toutes sortes de jeux. Ariane, Hugues et Adrien étaient là pour participer et filmer ces évènements, ils sont arrivés samedi dernier pour six semaines de tournage, en prévision d'un prochain film documentaire pour France 5 (produit par L'Envol).

Liza a chassé un ours samedi, avec Norman, au nord de l'île Devon, ils sont revenus bien fatigués le dimanche soir. Le lendemain, elle nous a montré comment préparer la peau, et comment cuisiner les pattes de l'animal, un met très recherché ici.

Mardi soir, nous étions de retour à bord de Vagabond, avec les cinéastes, après un périple de près de cinq heures pour les besoins du tournage. Lumière magnifique au soleil couchant, mais l'équipe était contente de trouver une température de +15°C dans le bateau en arrivant. Aurore et Léonie étaient surexcitées de rentrer chez elles !

Hier, lors des mesures scientifiques habituelles, j'ai pu suivre de grosses traces d'ours, fraîches, jusqu'à deux tanières de phoques. C'est la bonne saison pour attraper les bébés phoques, un régal pour les ours, comme pour les hommes ! Depuis quelques jours, des lagopèdes arrivent du sud, c'est bel et bien le printemps. Il fait maintenant suffisamment jour à minuit pour ne plus avoir besoin de lampe, et les températures remontent, doucement : -32°C le matin, -19°C à midi !


Entre Grise Fiord et Vagabond

  • Au sommet pyramide

Conditions idéales, aujourd'hui, pour enfin gravir la pyramide qui nous nargue depuis notre arrivée, il y a exactement six mois. Lemmings, renards et lièvres m'ont précédé. La vue est superbe. Décidément, nous avons choisi un très beau site pour hiverner !

Demain, je retourne au village, où j'ai laissé France, Léonie et Aurore le week-end dernier. La banquise est couverte de petites congères de neige, depuis la dernière tempête, il faut maintenant près de trois heures pour parcourir les 50km en motoneige. Bientôt, nous pourrons profiter de la piste que les villageois vont tracer sur la banquise jusqu'à l'ancien village, de l'autre côté du fjord Grise (10km). Pour cela, la mairie m'a demandé les épaisseurs mesurées, il s'agit d'avoir au moins 120cm de glace.

France se repose et achève de se débarrasser de ses vertiges, elle en profite pour suivre des cours de couture et de fabrication de kamiks (bottes traditionnelles en peau). Léonie est ravie d'aller à l'école, l'après-midi, et de jouer avec des copines. Aurore est dorlotée par Liza, ou par l'infirmière qui a du la soigner mardi après une jolie cascade !

Jean Gaumy est reparti ce matin, en Twin Otter, après s'être intégré discrètement à la vie du village pendant une petite semaine. Auparavant, son séjour à bord lui aura "permis selon un processus très soigneusement non scientifique de vérifier les limites inévitables entre réalités et fantasmes" (extrait du livre d'or). Nous partagerons bientôt en ligne quelques unes de ses images !

Vendredi dernier, un délicieux banquet était organisé par Meeka, maire de Grise Fiord, pour fêter la fin des cours de nutrition. Demain commencent les fêtes et jeux de Pâques...

Entre temps, je suis donc seul à bord. Beau temps, pas de vent, le silence est tout aussi fascinant que les lumières du soir. Nous aimerions que cette saison se prolonge. J'observe un renard passer le long de la berge, petits pas rapides, toujours sur ses gardes. Les températures remontent doucement et j'ai même réussi à prendre un café au soleil en terrasse (-15°C à midi) ! Lors des mesures scientifiques de routine, je découvre cette fois les traces d'une ourse et de ses deux oursons, dont les pattes sont à peine plus grosses que celles des chiens. Ils doivent être sortis de leur tanière depuis peu. Une nuit, je suis réveillé par des petits coups, comme si l'on frappait à la porte... En me levant, je fais peur aux corbeaux qui mangeaient sur le pont notre morceau de boeuf musqué !


Printemps ?

  • En traineau

A chaque sortie sur la banquise, dans les environs de Vagabond, on tombe sur de nouvelles traces d'ours polaires. Là, un mâle a agrandi le trou de respiration d'un phoque pour le sortir de l'eau, après l'avoir tué d'un coup de patte à travers la glace. Ici, une femelle et son ourson ont exploré les trous que j'ai faits la veille pour mesurer l'épaisseur de la banquise. Plus loin, un gros mâle a arpenté le fjord, suivi fidèlement par un renard polaire... On espère voir nos voisins de plus près bientôt, depuis le bateau par exemple !

Le ciel bleu est installé depuis huit jours. Les lunettes sont inévitables maintenant, et le soleil permet de gagner plus de 10°C en milieu de journée : -42°C ce matin, -31°C à 3h de l'après-midi. Quelques jours après l'équinoxe, la vraie nuit s'estompe : à minuit, le crépuscule persiste, au nord. La nuit polaire n'est pourtant pas loin derrière nous, mais déjà le soleil de minuit s'annonce.

Le glaciomètre parcourt des dizaines de kilomètres, derrière la motoneige. L'épaisseur de la banquise de la région, très variable, n'aura bientôt plus de secret pour nous !

Les autres sorties et activités ? collecte de glace d'iceberg pour avoir de l'eau douce, grandes séances de déneigement après la tempête du 16 mars, petits tours en traîneau à chiens, glissades et jeux dans les crêtes de glace du littoral, jardinage miniature (germoir bien au chaud dans le bateau, de la verdure pour tout l'équipage), vol solaire pour photos aériennes, trou dans la banquise pour y plonger la caméra étanche, essais de time lapse pour mettre en évidence le marnage (3,50m !), dernières images nocturnes avant le jour permanent...

Pendant ce temps, tout en luttant contre le froid, Jean Gaumy se concentre sur la matière (glace, neige, roche) et cherche le cadrage parfait, lorsque la lumière est crépusculaire. Belles sorties contemplatives en sa compagnie. Dans quelques jours, il rejoindra le village pour y séjourner une semaine avant de repartir pour la France.


Dans le blizzard

  • Premier essai ballon solaire
  • Bouee Ukiuq installee le 11 mars

Après avoir rencontré quelques uns de nos amis de Grise Fiord, qui le conduisent voir des boeufs musqués pendant que je prépare la motoneige, Jean grimpe dans le grand traîneau pour rejoindre Vagabond. En route pour 50km de banquise, il fait -40°C. Je fais plusieurs arrêts pour jeter un oeil sur mon passager, ainsi que sur le glaciomètre (dans la pulka derrière le traîneau), et pour mieux attacher un phoque congelé qui cherche à nous fausser compagnie !

Depuis son arrivée, Jean Gaumy obsverve, ausculte, contemple, et compose ses images avec la matière et la lumière, au prix de belles onglées ! Surtout lorsqu'il m'accompagne toute une journée pour de nouvelles mesures dans le fjord du Cap Sud avec le glaciomètre.

Dans ses bagages, il a vaillamment apporté la bouée Ukiuq, que nous installons non loin de Vagabond le 11 mars. Un échange téléphonique avec les élèves des Sentinelles des glaces, un projet organisé par Délires d'encre, le CNES et le Sicoval (Toulouse), a lieu deux jours auparavant.

12 mars : premier vol réussi en ballon solaire ! Les images aériennes ne sont pas encore parfaites, et nous attendons la fin de la tempête, en cours depuis hier, pour le prochain vol.

France a d'étranges vertiges depuis deux jours, notre liaison principale par satellite ne fonctionne plus depuis le 5 mars, la clinique de Grise Fiord est fermée en raison du mauvais temps (vent de 100km la nuit dernière)... Heureusement, nous avons pu joindre notre médecin avec notre deuxième téléphone par satellite, et France va beaucoup mieux ! La température est remontée à -15°C, et toute la glace de condensation fond à l'intérieur du bateau.


Fiord froid

  • Traces d ours repu
  • Exploration Fjord Cap Sud
  • Banquise deformee par glacier

Le soleil brille sur le fjord du Cap Sud, magnifique, mais les températures restent basses. -46°C hier matin, lorsque je quitte Vagabond avec le glaciomètre pour explorer, enfin, la banquise de notre long fjord : le front du glacier est à plus de 30km, nous l'avions approché en bateau puis à pied il y a six mois. En chemin, je croise beaucoup de traces d'ours et de renards. Là, un trou de phoque a été visité, un ours repu s'est roulé dans la poudreuse à plusieurs reprises. Par endroit, la banquise est énormément déformée, chamboulée par la pression des glaciers que rien n'arrête, même pas l'hiver. Les craquements et chutes de séracs retentissent entre les rives du fjord.

Quand à la face cachée de la banquise, la caméra sous-marine nous montre que le dessous de la coque de Vagabond est dégagé, même les hélices sont encore libres de tourner. Etonnant !

Dans la journée, tandis que les panneaux solaires chargent les batteries, le soleil chauffe le roof panoramique du bateau, l'effet de serre est très apprécié.

France a préparé la peau du renard, les chiens ont mangé la viande tout en gardant à l'oeil deux grands corbeaux qui ne cessent de leur voler des morceaux de gras de phoque.

A bord, on se prépare à accueillir le photographe Jean Gaumy, et Léonie est ravie de s'installer dans la même cabine qu'Aurore !


Au fond du fjord

  • Releve hydrographique 7 fevrier 2012

Les basses températures ont probablement eu raison du câble nylon utilisé pour les relevés hydrographiques. Il a cassé net hier, la bathysonde est désormais au fond du fjord. Impossible de la récupérer, trop profond (130m). Deux jours auparavant, j'avais enchaîné six relevés au même endroit, toutes les trente minutes, pour observer l'influence des courants de marées... Anéantissement. Mais la réaction des chercheurs est incroyablement encourageante puisqu'une autre bathysonde est déjà envisagée.


Sous la banquise

  • Site d hivernage de Vagabond au fjord du Cap Sud

Par Humfrey Melling [traduit de l'anglais par EB]

Pourquoi Eric travaille si dur pour sonder les profondeurs...

Vagabond passe l'hiver dans le fjord du Cap Sud.

Un fjord est une longue baie étroite, généralement assez profonde, qui dispose d'une connexion peu profonde (son "seuil") avec la mer. Il est formé par l'inondation d'une vallée qui a été creusée sous le niveau de la mer par un glacier.

L'océan, en aval, apporte de l'eau de mer au fond du fjord, tandis qu'une rivière, en amont, apporte de l'eau douce, moins dense, en surface. Les deux couches de différentes densités restent distinctes tant que les entrées se poursuivent, leur mélange est inhibé par leur différence de densité.

Vent, courant de marée ou convection pourraient mélanger l'eau du fjord, de la surface jusqu'au fond, si la présence stabilisatrice d'eau plus légère au-dessus d'une eau plus lourde venait à disparaître. Alternativement, l'eau plus dense de l'extérieur peut se déverser par dessus le seuil et inonder le fond du fjord, un processus connu sous le nom de renouvellement d'eau profonde. Ce renouvellement peut apporter dans le fjord une eau nouvellement oxygénée et pousser vers la lumière l'eau du fond du fjord, déjà riche en éléments nutritifs. En l'absence de mélange et / ou de renouvellement, il peut y avoir une relativement faible croissance des algues dans les fjords et peu de vie marine.

Cette description se rapporte aux fjords de latitude tempérée : la structure stabilisante est maintenu par le courant fluvial, le vent et les courants de marée favorisent le mélange dans le fjord, et le vent à l'extérieur du fjord peut parfois être l'impulsion d'un renouvellement d'eau profonde.

Les fjords des climats froids se comportent de la même façon en été. Cependant, le froid de l'hiver arrête l'écoulement fluvial dans le fjord et engendre une banquise qui protège l'océan du mélange par le vent. Dans le même temps, le gel régulier de l'eau de mer pendant l'hiver injecte du sel dans la partie supérieure de l'océan, ce qui entraîne une convection et réduit la différence de densité entre les eaux de surface et les eaux profondes. Ce changement de conditions radical saisonnier rend les fjords gelés très différents de leurs parents tempérés.

Il y a eu très peu d'études de fjords gelés sur une année complète, particulièrement dans les endroits où la banquise annuelle prévaut partout. Le séjour de Vagabond dans le fjord du Cap Sud offre l'occasion d'observer un fjord attentivement en hiver, d'analyser ses changements de structure et, éventuellement, de comprendre son fonctionnement. Il y a déjà quelques questions intéressantes. Pourquoi le fjord était si riche en vie marine (narvals, phoques du Groenland, oiseaux de mer) en août dernier ? Pourquoi la banquise y est-elle tellement plus mince que celle des eaux voisines ? L'eau près de la surface est-elle réellement souvent au-dessus de la température de congélation ? Si tel est le cas, qu'est-ce qui conduit des eaux plus chaudes vers la surface ? Ce processus pourrait-il expliquer pourquoi la débâcle a lieu deux à quatre semaines plus tôt que dans le détroit de Jones adjacent ? Est-ce que ce même processus pourrait apporter suffisamment d'éléments nutritifs pour faire du fjord du Cap Sud un endroit idéal pour la vie marine ?

Une bonne compréhension de l'océanographie physique des fjords recouverts de glace a également une valeur plus générale. Les fjords attirent les hommes, car ils offrent un bon abri aux navires (comme Vagabond), et ont souvent un relief accueillant pour les habitations à l'embouchure. Les déchets humains qui se retrouvent dans les fjords - ordures, eaux usées, résidus miniers, par exemple - restent idéalement isolés au fond du fjord dans l'eau dense retenue par le seuil. Cependant, l'eau contaminée par ces déchets peut éventuellement être remobilisée par le renouvellement d'eau profonde, ou, dans les fjords recouverts de glace, par la circulation hivernale. Si remobilisée, elle pourrait s'étendre ailleurs, avec des conséquences indésirables. En contribuant à la compréhension des fjords de l'Arctique, notre étude au fjord du Cap Sud favorise la gestion d'un milieu marin vierge, qui sera bientôt sous la pression de l'exploitation des ressources et du changement.


Petit séjour à Grise Fiord

  • Grise Fiord au soleil

Nous profitons du retour des Rangers vers Grise Fiord, pour faire le trajet sous bonne escorte. Deux jours plus tard, la patrouille se rassemble pour un repas festif chez Liza, qui offre des gants en peau de phoque ou de castor à ceux qui se sont distingués pendant le périple. Tous les Rangers du village ont ensuite rendez-vous au gymnase où ils présentent leur parade annuelle, avec remise de récompenses et distinctions. Jason, 18 ans, achève sa formation et devient officiellement Ranger, il était auparavant Junior Ranger (12-18 ans).

Depuis le retour de la lumière, les chasseurs varient habilement les menus des villageois; ainsi pendant ces trois jours, nous mangeons du caribou, du boeuf musqué, de l'ours, du phoque, de la peau de narval... et de la dinde venue du sud par avion !

Larry m'emmène relever son filet. Parcourir trois kilomètres en voiture sur la banquise, retirer les planches et bâches qui isolent un peu les trous, casser la glace dans les trois trous et retirer les débris, libérer les extrémités une par une pour relever le filet par le trou central, démêler le phoque qui s'est pris dedans, l'embarquer dans le pick-up, remettre le filet en place, et rentrer à la maison avec le phoque, qui monte illico les escaliers et attend son tour sagement dans l'entrée, au chaud, à l'abri du gel !

Je donne un coup de main à Amon pour mettre sa peau d'ours à sécher, dans le garage chauffé d'un camion. Son fils est là aussi, il s'apprête à partir demain pour Whitehorse où il représentera Grise Fiord en badminton aux Jeux Arctiques d'hiver. Raymond nous fournit un phoque pour les chiens; Annie, de la fourrure de chien pour la confection de vêtements; Liza, de la peau de lièvre et de la viande de boeuf musqué; Geela, de la laine de boeuf musqué pour mettre dans les gants... Peu de produits frais dans le magasin par contre, certains attendent des oeufs avec impatience, sans doute livrés bientôt par avion. A bord, nous avons encore des oeufs en poudre.

Retour à bord en famille, par grand froid : -44°C, soit une température ressentie de -80°C en roulant à 40km/h. Les filles sont bien emmitouflées dans des sacs de couchage, installées sur des matelas recouverts d'une peau de caribou. Aurore dort pendant tout le trajet, Léonie ne veut rien rater du paysage. Nous arrivons à Vagabond au soleil couchant, le ciel est rougeoyant, magnifique. Le poêle ronronne, le générateur démarre facilement et sa pompe à eau de mer n'hésite pas une seconde : l'eau est toujours liquide sous la coque, malgré l'épaisseur de la banquise (1,10m) qui se rapproche du tirant d'eau du bateau.

Hier était une journée test avec le glaciomètre puisque nous avons quelques inquiétudes au sujet de la calibration de l'instrument.

Aujourd'hui, nous fêtons les cinq ans de Léonie !