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L'Austral

  • Diner a bord de l'Austral

Rafales à 40 noeuds dans Prince Regent Inlet, Vagabond fait des pointes à 9 noeuds avant de trouver refuge au lieu de rendez-vous dans un recoin de l'île Sommerset. L'Austral nous y rejoint en fin d'après-midi et notre ami Patrick Marchesseau, le capitaine, nous accueille à bord chaleureusement, avec toute son équipe. Douches, excellent dîner, ravitaillement, conférence, et nombreuses belles rencontres à bord du magnifique bateau de croisière. Deux mondes qui se croisent, au bout du monde !


De Beechey à Beechey, via Resolute

  • Vagabond et le brise-glace Des Groseillers

15 août : collecte spectaculaire, inattendue, à l'île Beechey. Les rares rochers sont recouverts de coralline, parfois en couche assez épaisse, et nos filets sont pleins en fin de plongée ! Jochen est ravi, il va pouvoir décrire l'océan et le climat des siècles passés, à Beechey, en analysant les échantillons prélevés.

En particulier, nous pourrons en savoir plus sur les conditions endurées par l'expédition britannique qui cherchait le passage du Nord-Ouest en 1845. Franklin et ses 129 hommes avaient passé un premier hiver ici, à l'île Beechey. Trois d'entre eux y sont enterrés. Leurs deux navires, l'Erebus et le Terror, ont été abandonnés en 1848, un peu plus loin dans le passage, il n'y a eu aucun survivant. Pendant dix ans, 40 navires vont chercher leurs traces. Ce n'est qu'en septembre 2014 que l'épave de l'Erebus a été retrouvée.

Cette année, une vingtaine de voiliers et de nombreux bateaux de croisières empruntent le passage du Nord-Ouest, parfaitement libre de glace. Et même un paquebot de 1700 personnes, un record ! En visitant les tombes, cairns et vestiges laissés sur l'île Beechey, nous trouvons un drone perdu la veille par un cinéaste de l'Ocean Endeavour ! Notre ami David Reid est guide à bord de ce navire à passagers, c'est avec lui que je ferai le tour le l'île Bylot à ski en avril prochain (une belle balade en perspective!).

Notre mission se poursuit dans les îles proches de Resolute Bay. Déception générale, Yves et moi ne rapportons que de très minces fragments de coralline. Pour Jochen, cette zone autour de l'île Cornwallis était primordiale, car nous possédons des données sur l'épaisseur de la banquise en hiver qu'il souhaite utiliser dans ses analyses. Après examen de la carte géologique de la région, il apparaît que les zones de sédiments glacio marins ne sont pas propices au développement de coralline. Finalement, Jochen modifie largement la suite de notre itinéraire et les sites à explorer.

Un coup de vent est annoncé, nous nous réfugions à Allen Bay, près de Resolute Bay, d'où Jochen, Pia et Dirk repartent en avion, comme prévu. En attendant Alicia, l'étudiante de Jochen qui embarque pour gérer la suite des prélèvements de coralline, nous passons la journée à terre. Outre les formalités d'entrée au Canada, c'est l'occasion de revoir la base scientifique, le village, et surtout quelques amis. Nous sommes accueillis par notre amie Joyce, assistante sociale, rencontrée lorsque nous habitions à Grise Fiord il y a 3 ans. Par chance, des amis de ce petit village sont aussi en transit à Resolute, retrouvailles chaleureuses avec Liza, Geela, Suzie, Eva, Jaypeetee, Mark, bonheur d'échanger des nouvelles de vive voix !

La traversée de Resolute jusqu'à l'île Beechey est plutôt musclée, il nous faut ensuite près d'une journée de repos pour reprendre des forces. Et pour réparer la trinquette qui a souffert des vents violents et irréguliers. A nouveau, les plongées sont fructueuses, et Alicia est bien occupée après nos plongées pour trier et inventorier les échantillons. C'est pour assurer une bonne récolte que nous sommes revenus à Beechey. Yves a aussi trouvé une assiette, qu'il a laissé au fond, respectant la règle. Peut-être que Franklin mangeait dedans il y a 170 ans ?

Chaque jour, un bateau différent fait escale à l'île Beechey. L'Akademik Ioffe, puis le National Geographic Explorer, puis le brise-glace Des Groseillers. Ce dernier est un navire de la garde côtière canadienne, nous sommes accueillis à bord par les 40 marins qui veillent à la sécurité dans l'Arctique canadien. Vagabond est invité à s'amarrer à couple pour faire le plein d'eau douce, discuter des dernières cartes des glaces, savourer un repas, et faire une visite complète du bateau ! En quittant la baie Erebus et Terror, nous croisons L'Austral : grandes salutations du commandant, nous avons rendez-vous le lendemain pour faire une conférence pour les 230 passagers.

De l'autre côté du détroit de Lancaster, notre recherche de coralline se poursuit à Port Leopold, où Caledonia, le beau voilier d'un couple allemand, vient jeter l'ancre à côté de Vagabond. L'occasion pour Céline et France d'aller boire une verre de vin en écoutant le récit de leur passage du Nord-Ouest : pas de vent, pas de glace, ils semblent déçus !


Succès sur Devon

  • Belle collecte de coraline ile Beechey

Ce matin, les thermomètres affichent 2°C pour les températures de l'air comme de l'eau. Après une nouvelle recherche infructueuse à la caméra immergée, nous repartons pour une journée et demie de navigation. Jochen est un peu tendu. Mais la baie repérée se trouve être enfin un bon spot. Avant de plonger, tout l'équipage apprécie de fouler l'île aride qui s'y loge. On se croirait sur Mars. Et seuls ! Un amas de calcaire émietté de blocs coupants, rien que du minéral à première vue. Puis quelques labbes jouent la comédie de l'oiseau blessé pour nous éloigner de leurs petits, quelques crottes de bœufs musqués témoignent de leur passage, sans doute à la faveur d'une banquise hivernale, le squelette d'une grosse tête de baleine git un peu plus loin. Et glissant dans le rivage, de larges dalles rocheuses promettent de beaux fonds sous marins et procurent un exotique terrain de jeu à Léonie et Aurore.

Le soir enfin tout est prêt pour la plongée. Il y en aura trois d'affilé, tant la collecte est belle ! Léonie retourne à l'eau, Céline aussi décolle quelques spécimens de coraline avec Yves et j'inaugure avec bonheur ma combinaison d'apnée sous le soleil de 22h... Nous retrouvons confiance en Devon, le sourire de Jochen nous ravi !


Adieu Groenland

  • Vagabond traverse la baie de Baffin

Le doux été groenlandais est déjà derrière nous. Six plongées sur des sites différents et pour le dernier, non loin d'Upernavik, Léonie et Aurore se sont immergées. De loin, depuis un petit îlot permettant de veiller à la sécurité de Yves et de Eric qui plongent cette fois au bloc, je n'en reviens pas de voir Léonie, tout petit point noir, s'éloignant de Vagabond dans l'eau ! Aurore, moins téméraire avec les trous de sa vielle combinaison, reste à barboter joyeusement sur le bas de l'échelle.

Bonjour le Nunavut ! Seulement voilà, depuis que nous y sommes, pas un seul petit bout de coraline en vue ! Après trois jours de traversée, un joli passage entre Pond Inlet et l'île Bylot, nous longeons L'île Devon avec enfin du vent favorable. La vie à bord redevient facile et agréable, nous parvenons même à être rassemblés tous ensemble autour de la table pour dîner en naviguant.

Jochen a pourtant plongé sa caméra spéciale sur de nombreux sites espérant repérer le fameux rose de la coraline, mais c'est toujours sable ou graviers qui s'offrent à lui. Nous commençons à être impatients d'une collecte fructueuse.


Première plongée

  • Eric et Yves se preparent pour la premiere plongee

Nous voilà à poste pour le début de la mission coraline : cette mission de plongée va nous occuper pendant deux mois. A bord, Jochen Halfar, le scientifique allemand spécialiste de la coraline et initiateur du projet, Pia et Dirk, réalisatrice et caméraman venus filmer l'expédition pour Arte, ont rejoint notre équipage.

Première plongée sur un ilot proche de Aasiaat. Jochen a défini à l'avance une cinquantaine de sites de plongée minutieusement repérés grâce à ses connaissances de l'habitat de cette algue calcaire. Notre nouveau narguilé est à poste. Solution de secours en cas de panne du compresseur, c'est l'occasion de le tester. Eric et Yves, chacun au bout d'un tuyau, peuvent évoluer sur les fonds sans limites d'air dans le temps. Et c'est un succès. La récolte prélevée à coup de burin pour décoller les dômes roses stratifiés est magnifique ! "Autant qu'en toute ma dernière campagne au Spitsberg en juin" affirme Jochen.

Yves et Eric ont bien chaud dans leurs combinaisons sèches : l'eau est à 7°C ! Alors que, équipés de la même manière, c'est dans de l'eau à -2°C qu'ils ont plongé tout l'hiver sous la banquise...

Fonds tapissés de rose. Il y a la coraline, mais aussi des énormes étoiles de mer, anémones, oursins, clams, concombres de mer et autres poissons... Là où la coraline est épaisse, c'est que les icebergs n'ont pas labouré les fonds marins.

Depuis la surface, nous observons avec délice les souffles de deux baleines à proximité, nous demandant si les plongeurs les entendent ou les voient sous l'eau !

Efficacité approuvée pour le narguilé : un temps de préparation réduit, pas besoin de remplir les bouteilles en les descendant jusqu'au compresseur dans la salle machine après chaque plongée. "Je me sens léger" sourit Eric, sans son bloc de 18kg sur le dos !

Pour les amateurs d'apnée, il va falloir attendre un peu que nous soyons rodés avec le travail...


Cet été

  • Tri coralline par Alicia et Leonie

Nous embarquons Yves et Céline, et cet été les deux mois de navigation seront pour rechercher de la coralline.

Dans la coralline on trouve plein de choses: d'abord il y a des petites bêtes, et quand on la coupe en deux, c'est un peu comme quand on coupe un arbre: il y a des lignes qui peuvent remonter à 1000 ans et ces lignes expliquent la salinité d'auparavant et d'autres trucs.

Dans l'équipage, il y a Jochen le scientifique, Yves et Céline nos amis, et Pia et Dirk les caméramen qui font un film sur tout ça.


Arrivés au Groenland

  • Equipage Vagabond ete 2016

Cette année, la grande transition s'est opérée on ne peut plus harmonieusement : en 7 jours nous sommes passés du mode banquise et fin de mission au Groenland ! Entre temps, l'ancre a pu être remontée sans efforts avant que notre grosse plaque de banquise ne démarre sa traditionnelle dérive, la mission Green Edge s'est terminée en beauté avec la moisson finale de données et la récupération de tous les instruments grâce à l'hydroglisseur, puis une fois au port, Yves est parvenu en une journée à retailler et fixer notre nouveau bout dehors : une grosse journée pur lui, mémorable pour Vagabond qui retrouve son nez. Dès le lendemain soir nous prenons la mer, notre équipage familial complété par nos amis Céline et Yves.

Après plus de 24h à louvoyer entre d'énormes étendues de glace sans jamais se trouver immobilisés, en 48h nous atteignons Aasiaat, accueillis par des souffles de baleines.

Les quarts dans la glace conservent leur magie. Yves et Céline se sont familiarisés avec ce genre de navigation, sensibles au moins autant que nous à toute cette beauté. Amarinage en douceur pour la partie libre de glace, Léonie s'étonne encore de ne pas avoir été malade !


Aller au travail

  • Dechargement materiel avec hydroglisseur

Il y a le "avant" et le "après" 11 juillet. Depuis une 15aine de jours pour aller travailler, Eric utilisait successivement ses pieds sur le premier kilomètre, notre annexe pour traverser le double d'eau libre, le pick up de Green Edge avec matériel et scientifiques entre le village et la "DEW Line beach" où sont stationnés les skidoos et enfin la motoneige pour les 18 km de banquise jusqu'au le camp de glace. Le 11 juillet est arrivé l'hydroglisseur, moyen de transport unique capable d'évoluer dans toutes les conditions entre la glace uniforme et l'eau libre. Petite révolution, bruyante mais cocasse à observer!


Transition

  • Hydroglisseur et Vagabond sous le soleil de minuit
  • Premier trajet en hydroglisseur pour Eric
  • Arrivee hydroglisseur au camp de glace

20 minutes à pied sur la banquise depuis Vagabond jusqu'à l'eau libre, puis 20 minutes en annexe pour traverser le chenal entre l'île Baffin et l'île Broughton (parfois avec l'aide du GPS pour se repérer dans la brume), puis 20 minutes de piste en pickup depuis le village de Qikiqtarjuaq jusqu'à la plage la plus proche d'une bonne banquise, et enfin 45 minutes en motoneige jusqu'au camp de glace de la mission GreenEdge. C'est le parcours que je fais chaque jour depuis que la banquise n'est plus praticable entre le bateau et le village !

Aujourd'hui, le brise-glace Amundsen (en mission pour GreenEdge également) s'est approché à environ 30 km du camp de glace, où l'hydroglisseur attendu a été héliporté ! J'en suis le pilote principal, et voilà que je peux aller directement du camp de glace à Vagabond sans me soucier de l'état de la banquise... Ca secoue pas mal lorsque la glace est accidentée, ça plane sur l'eau, quel engin !

Nous sommes en plein bloom phytoplanctonique, et toute l'équipe espère pouvoir prolonger les mesures et prélèvements jusqu'à la fin du mois, grâce à l'hydroglisseur, en sécurité sur une banquise qui fond à vue d'oeil.


Démontage du camp

  • Demontage camp de glace GreenEdge2016

Hier c'était démontage du camp, du moins du plus volumineux, la grosse tente Polar Heaven. Ne restent que quelques instruments de mesures accompagnés du mât météo.

La cabane-laboratoire sur traineau a déjà été rapatriée depuis 8 jours. Il faut dire que la banquise se fragilise vraiment, elle est maintenant plus émaillée de trous noirs que de flaques bleues. Un nouveau et très long crack s'est d'ailleurs ouvert en travers de notre route, entre le matin et le soir !

A 9 personnes, dont Jay notre guide et ami inuit, nous avons mis seulement une petite journée pour ranger ce qui restait de matériel et ramener la tente en pièces détachées jusqu'à notre plage de débarquement. Jay était venu en quad sur la banquise cette fois : au moins, avec les 4 roues nous dit il, ça ne coule pas !...

A la fin de l'après midi tout ce matériel plus deux skidoos étaient transférés et remisés au village. Journée clôturée par un bon barbecue tous ensemble, avec les filles restées au village. Tard dans la soirée nous avons repris notre annexe guidés au GPS dans une brume épaisse, contraints de la laisser à l'extérieur de notre petite baie afin d'éviter le dédale de glace dérivantes quasi invisible, puis parcouru le dernier km à pied sur la banquise : Vagabond se laissa deviner à 200m!